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László Bodnár, prison, platines et futsal
László Bodnár a connu le Dinamo Kiev à peine sevré du duo Cheva/Rebrov, la naissance explosive du Red Bull Salzbourg, mais surtout un tas de désillusions et de soirées mousse depuis qu’il a renversé un quidam. L’ex-international hongrois, écarté de la sélection en 2010, se refait timidement la cerise grâce au five.
Un cycliste meurt renversé par un automobiliste. Ce fait divers tragiquement banal aurait pu être relégué en pages intérieures de Kelet, la feuille de chou de la région de Nyírbátor théâtre de l’accident. Au lieu de ça, le drame déboule à la une de tous les médias hongrois, car le conducteur fautif de la Mercedes réglisse s’appelle László Bodnár. Signes particuliers ? László est latéral droit chez les A et s’apprête à jouer la phase de groupes de la C1 avec Adama Coulibaly et le petit poucet Debrecen VSC.
« Boci » prend un an avec sursis le 11 septembre 2009, mais le « Loki » l’aligne titulaire d’office malgré la condamnation et le calibre des adversaires guettant les Magyars (Fiorentina, Liverpool, Lyon). Notamment lors du 4-0 infligé par les Gones un mois pile après la tragédie (le 29). En même temps, il avait célébré son retour aux sources après quatre saisons à Kiev, deux à Roda et trois à Salzbourg en rentrant un exocet digne d’Hamada Jambay contre Sofia lors de l’ultime tour préliminaire.
Introducing DJ Hooper
Bodnár ne parvient pas à chasser la mésaventure de son crâne et le zig-zag commence. Il quitte précipitamment Debrecen à la fin de la saison, perd son spot en sélection qu’il avait conquis au seuil du millénaire, foire sa relance en Autriche et se retrouve au chômedu à l’été 2011. Le blé manque cruellement et personne ne veut de lui, y compris le Qatar. Qu’à cela ne tienne, « Boci » se recycle derrière les platines comme le Dijb’ ambiançant les before de Mariah Carey. Bimbos siliconées incluses.
Susceptible, l’étalon aux yeux saphir prend la mouche quand les médias le titillent sur sa débandade. « Oui, j’ai parfois mixé sous le pseudo DJ Hooper pendant mon semestre sans équipe. De là à dire que je suis l’empereur de la nuit, c’est vraiment naze. Je veux surtout jouer au foot. Je m’entraîne comme un dingue. Beaucoup de supporters se foutent de moi, mais j’aimerais bien voir ce qu’ils ressentiraient à ma place s’ils devaient affronter un tel choc » , déclarait-il au quotidien Nemzeti Sport en janvier 2014.
L’ancien espoir du DVSC en disgrâce veut tellement bouffer du gazon qu’il accepte de signer chez les modestes Mecsek de Pécs se battant pour le maintien en Ligue 1 magyare, difficilement acquis lors de la saison précédente (2011-2012), alors qu’on l’annonçait sur les tablettes du mastodonte Ferencváros. Onze apparitions, plantade, exil queue entre les jambes. Fiasco identique au Nyíregyháza Spartacus. Bodnár tente une ultime incursion en D2 à Kisvárda près de la frontière ukrainienne et se re-re-vautre.
« Loin d’être honteux »
Résultat, « Boci » retourne dans son bled natal près de la Roumanie (Mátészalka) où il décroche un CDD martin-solveigien et s’auto-prépare sans club ni agent en espérant qu’un miracle se produise. Le signe attendra vingt-quatre mois. Les Diables « futsalleux » de Kazincbarcika repêchent László cet hiver en même temps qu’une autre brebis égarée (Ákos Lippai) envoyée quatre mois ferme en cabane pour paris douteux et cambriolage de son ex et qu’un portier de vingt-six balais (Tamás Giak) n’ayant jamais percé.
« Bodnár a vraiment manqué de pot depuis sa fameuse embardée, mais il peut être fier de sa carrière, concède le site d’infos vs.hu. Pas un super talent-né, mais un type toujours impliqué à fond qui comptait partout où il a évolué, notamment à l’étranger. Incontournable du onze de départ du Dinamo en C1 avec Shovkovsky et Dmitrulin, loin d’être honteux en Hollande et tout aussi correct à Salzbourg, empochant un championnat au passage. S’il avait eu plus de chance, son destin aurait été tout autre. »
Par exemple au milieu de Gera et consorts à l’Euro 2016 vu que « Gerzson » et « Boci » sont conscrits. Mais tandis que le premier s’est prodigieusement sorti de la dope et de l’alcool jusqu’à devenir une légende hongroise, le second n’a pu écrire la sienne faute d’avoir pilé à temps sur une départementale. Consolations de Bodnár ? S’éclater dans les festivals électro et remplir le gymnase de Kazincbarcika grâce à son blase, alors que le fief de Kleinheisler s’est longtemps fichu du futsal. Mieux vaut ça que des Xanax.
Par Joël Le Pavous