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L’assistant fou de Mourinho
Si tout le monde connait l’impulsivité de Mourinho, peu savent que le Special One tient à ses côtés un fidèle lieutenant encore plus dérangé. Après son troisième carton rouge reçu mercredi dernier contre Villarreal, Rui Faria, alias Rui la furia, est devenu l’homme le plus souvent expulsé cette saison en Liga. Pas mal pour un simple préparateur physique.
Sur le terrain, le Real Madrid, c’est des buts en pagaille de Cristiano Ronaldo, des petits ponts-crochets-caviars de Mesut Ozil et des interventions musclées de Pepe le poète. Sur le banc, c’est le mètre 91 de Varane, la crête de Callejon et l’inséparable duo José Mourinho-Rui Faria. Un couple qui mène déjà onze années de vie commune. Onze années faites de succès et d’excès à travers les plus beaux championnats européens. Et si les coups de sang du Mou ne surprennent plus personne, ceux de son préparateur physique bien-aimé, le Special Two, le vrai, restent largement méconnus.
Pourtant, une fois de plus, le premier à avoir fait disjoncter les siens mercredi soir lors du massacre du Madrigal, c’est lui. En étant prié de rejoindre les vestiaires dès la 50ème minute de jeu, il a décroché sa troisième expulsion de la saison. Sans être sur le terrain et sans même être entraineur, Rui la furia est donc l’homme ayant récolté le plus de cartons rouges en Liga cette saison. Faut le faire, quand même.
Une dent contre Gijon
« Rui Faria est sanctionné pour deux matchs, pour protestation contre l’arbitre, et compte tenu de la circonstance aggravante de récidive » . Si la Fédé espagnole a annulé assez mystérieusement la sanction de Sergio Ramos, elle a pris en compte dans le cas Faria les deux rouges déjà reçus contre Malaga (en Coupe du Roi) et le Sporting Gijon (15ème journée) cette saison. Contre Gijon, c’est en fait une habitude. Depuis le début, Rui le sanguin a une dent contre eux. Pour la première saison de la paire portugaise à la tête du Real Madrid, l’assistant avait fait du grabuge lors de première confrontation avec le Sporting.
A l’issue d’un match tendu, gagné 1-0 par le Real sur la côte Cantabrique, l’assistant avait chambré le staff adverse, lui promettant la relégation, avant de se bastonner avec le très respecté Manuel Preciado. Histoire que toute l’Espagne sache à quel genre de mec elle avait affaire. Gijon s’était finalement vengé au retour en infligeant au couple Mourinho-Faras sa première défaite à domicile en championnat depuis 8 ans. A l’heure actuelle le seul record plus dur à faire tomber que les 8m95 de Mike Powell.
Le fidèle lieutenant
Nez pointu, coiffure au peigne et petites lunettes rectangulaires, Rui Faria cache son sale caractère derrière une bonne tronche d’intello. Une impulsivité qui, on comprend pourquoi, a toujours plu à Mourinho. Pour la petite histoire, les deux hommes ont fait connaissance au Camp Nou lors d’un séminaire, à l’époque où le Mou assistait Van Gaal au Barca. Rui Furia n’a même pas 25 ans mais il tape tout de suite dans l’œil de son compatriote. C’est le début de la grande histoire d’amour entre les deux Portugais. Mourinho rentre au pays pour prendre les rênes de l’Uniao Leiria, et embauche immédiatement Rui Faria comme préparateur physique. S’en suivent Porto, Chelsea, l’Inter et le Real, une ribambelle de titres, et quelques coups tordus. En 2005, Chelsea affronte le Bayern Munich en quarts de finale de Ligue des champions et doit faire sans les consignes du beau José, suspendu pour avoir critiqué l’arbitre contre…le Barca au tour précédent.
Sur le banc, Faria sort alors son plus beau bonnet (en plein mois d’avril), qui à l’air de beaucoup le gratter au niveau de l’oreille. Depuis, l’usage des oreillettes a été interdit sur le Tour de France. Le lien entre les deux n’a pas encore été prouvé. L’assistant fou n’avait pas non plus pu garder son calme dans le match très engagé entre Chelsea et Reading, qui vaut à Petr Cech le port du casque aujourd’hui. Carton rouge, encore. L’Angleterre, les deux hommes pourraient la retrouver très vite. En février dernier, Rui Faria aurait acheté une Ferrari immatriculée à Londres. Histoire de faire tomber un peu la pression en Espagne, et de redonner du punch à une capitale anglaise en manque de folie.
Par Léo Ruiz