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L’ASSE, des envies d’Europe
Peu flamboyants dans le jeu depuis le début de saison, les Verts ont au moins le mérite de s’accrocher. De partout. Et notamment en Ligue Europa où, à défaut de sérénité dans le jeu, ils ont montré une volonté à toute épreuve.
La scène est assez symbolique. La rencontre entre Saint-Étienne et Anderlecht, comptant pour la deuxième journée de Ligue Europa, touche à sa fin. Le tableau d’affichage indique que l’on joue la 94e minute. Galtier, manches de chemise remontées jusqu’aux coudes, saute dans tous les sens, les bras en l’air. Sur la pelouse, Nolan Roux vient d’offrir une égalisation inespérée aux siens dans les dernières secondes du match. En tribunes, c’est l’effervescence. Le chaudron est en feu, dans un de ces états qui ont forgé sa légende, qui lui ont valu son surnom. Ce n’est pourtant qu’un but égalisateur face à Anderlecht en Ligue Europa. Mais il est tellement révélateur. Révélateur de la volonté de Galtier et ses hommes de ne pas bâcler cette compétition, de la respecter. Mieux encore, de la désirer. Certes, ce soir-là, les Verts ont galéré dans le jeu, comme souvent. Ils se sont montrés brouillons, terriblement maladroits offensivement, mais courageux. Volontaires et solidaires. Et surtout, concernés jusqu’à la fin. Jusqu’à la dernière seconde. Les deux confrontations qui ont suivies face à Qabala ont encore permis de souligner quelques lacunes, mais elles se sont toutes les deux soldées par une victoire. Et c’est bien là l’essentiel.
Jouer le coup à fond
C’est le reproche le plus fréquent que l’on fait aux clubs français. À juste titre, d’ailleurs. Depuis trop longtemps, ces derniers ont l’habitude de bazarder eux-mêmes leurs chances en C3. Peut-être parce que cette compétition est trop garnie en nombre de matchs, peut-être parce qu’elle n’est pas très prestigieuse. Peu importe, toujours est-il que l’intérêt que lui porte les clubs hexagonaux est souvent limité. Très limité. Cette année, voilà un reproche que l’on ne peut pas faire à l’AS Saint-Étienne, contrairement au leader de Ligue 1, l’OGC Nice. Dans le Forez, on ne blague pas avec l’Europe. On ne s’est pas battu des années pour la retrouver pour ne pas se donner les moyens d’écrire une nouvelle page sur cette scène mythique. Dans le jeu, bien entendu, les Verts ne sont pas flamboyants. À l’image de leur saison. Un air mi-figue mi-raisin. Des allures de sans plus. À leur décharge, il faut bien admettre qu’ils n’ont pas été épargnés par les blessures, allant même jusqu’à compter onze absents de taille dans leur effectif. Et pourtant, même dans une telle configuration, ils se sont accrochés. À un vieux rêve, celui de briller à nouveau au-delà de nos frontières. Celui de montrer que l’entité verte n’est pas morte. Qu’elle a encore de belles choses à faire, à montrer.
Briller à nouveau en Europe
Cette envie, elle passe d’abord par le discours de Galtier, plutôt clair là-dessus, comme il le rappelait en début de saison : « C’est la troisième fois consécutive que nous sommes qualifiés. Avec notre stade et nos supporters, cela serait dommage de ne pas vivre des soirées européennes. L’objectif maintenant est de sortir des poules et aller le plus loin possible dans la compétition. Il faut que mon groupe soit ambitieux. » Pour l’entraîneur stéphanois, impensable de se saborder, de ne pas se donner le maximum de chances d’aller chercher une qualification. Peu importent les lacunes dans le jeu. Car finalement, les Verts ont prouvé qu’ils pouvaient gagner avec autre chose : la volonté. Comme en témoignent les égalisations en fin de match lors des deux premières rencontres. Une preuve de l’implication des joueurs, concernés jusqu’à la fin, jamais prêts à abandonner. Surtout que, finalement, l’ASSE n’en a pas pour autant délaissé le championnat. Si les Stéphanois pointent à la neuvième place, ils ne sont, finalement, qu’à quatre points de Lyon, au pied du podium. Ce jeudi soir, nul doute que les Verts n’auront pas la tête à la Ligue 1 et qu’ils seront concentrés sur un seul objectif : celui d’aller valider définitivement cette qualification. Histoire de souffler pour le dernier match. Mais surtout, histoire de faire vibrer encore le chaudron. Ce stade qui aime tant les soirées européennes. Peu importe la compétition.
Par Gaspard Manet