L’ascension de Ceara
Une saison de merde et puis s'en va ! Tel semblait être le destin de la filière brésilienne activée par le PSG la saison passée. Si les deux comiques débarqués au mercato d'hiver, sont bien rentrés au pays durant l'été, Marcos Ceara, lui, n'est désormais pas loin d'incarner ce qui fait se fait de mieux à son poste dans l'hexagone.
La scène se déroule au Parc des Princes, à l’orée de cette nouvelle saison, quelques minutes avant le coup d’envoi du match amical – réservé aux abonnés – face à la Gantoise. Un à un, les joueurs font leur entrée sur la pelouse, introduits comme il se doit par un speech endiablé du speaker parisien. Entre les acclamations réservées aux Makelele, Giuly, Rothen, et autres Sessegnon, trois joueurs se souviendront plus en détail de cette entrée en matière du PSG version Charles Villeneuve. Peguy Luyindula et Fabrice Pancrate, copieusement hués, mais aussi Marcos Ceara, tant sa présentation ne déclenche rien chez les ultras. Ni sifflet, ni applaudissement, tout juste quelques boutades. « Facedera » , « Cerarien » ou encore « Cereal » pour les plus inventifs. Le public du parc n’a toujours pas digéré les douze premiers mois du Brésilien, et ne comprend évidemment pas comment ce clown a pu pousser Nanard Mendy vers la sortie…
L’ancien de L’Internacional Porto Alegre avait pourtant parfaitement débuté son opération séduction, en marquant dès sa première titularisation face au Stade Rennais. C’était sans compter sur la réception de Lyon trois semaines plus tard. Marcos cafouille deux dégagements, concède deux buts, avant de laisser Benzema débouler sur 80 mètres pour le troisième. Défaite 3-2, le début du calvaire. À tel point, que le 1er décembre, lorsqu’il glisse sur un crochet extérieur en position de dernier défenseur et offre le goal de la victoire aux Caennais, on se dit qu’il vient de définitivement creuser sa tombe… Marcos Ceara disputera 30 matchs de L1 durant l’exercice 2007-2008, soit l’intégralité de la saison depuis ses débuts à la huitième journée, c’est dire la confiance de Paul le Guen à son égard. 30 matchs durant lesquels, il fait étalage de toute sa panoplie. Centres au troisième poteau, prises de risque inconsidérées dans les seize mètres, marquage à trois mètres de l’attaquant, et dégagements en tribune quasi systématiques, Ceara impressionne, le PSG aussi.
Mais aujourd’hui, lorsque le fan de la capitale avance que son latéral droit fait partie de l’élite hexagonal à son poste, ce n’est désormais plus une vanne. Le Ceara 2.0 est un tout autre joueur, plus proche de la version qui avait muselé Ronaldinho en finale du mondial des clubs 2006. À l’époque, récent vainqueur de la Copa Libertadores, le natif de Crato était considéré comme l’un des meilleurs latéraux auriverde et œuvrait sous le patronyme de Marcos Venâncio de Albuquerque. Un brésilien avec le nom d’un bled du Nouveau-Mexique réserve forcément quelques surprises…
Toujours aussi technique, il ne marche désormais plus sur le cuir, et fait preuve d’une étonnante vivacité dans ses dribbles pour se débarrasser du pressing adverse. Solide et attentif dans sa moitié de terrain, il est surtout nettement plus précis dans ses relances comme dans ses centres, et constitue bien souvent le premier et dernier relai de la contre-offensive parisienne. Lorsque l’ancien Ceara perdait en lucidité à force d’aligner les montées dans son couloir, le nouveau Marcos profite de l’apport de Sessegnon pour mieux se concentrer sur son replacement et rendre plus décisives ses quelques percées. L’entente bénino-brésilienne semble d’ailleurs à son apogée ces temps-ci, et force est de constater qu’elle commence à sérieusement supplanter l’historique tandem Rothen/Armand, sur le pré comme dans les tribunes.
Un retour en grâce qui relève peut-être de la volonté divine pour ce fervent catholique que « Dieu (m’)aide à tenir dans les moments difficiles » , et qui organise des séances d’évangélisation tous les jeudis dans son appartement parisien. Preuve de l’intégration en tout point réussie de Ceara, cette déclaration pleine de bon sens : « Au PSG, la première difficulté que j’ai rencontrée, c’était lorsque je signais des autographes. J’ajoutais « Jésus vous aime » en dessous de ma signature, mais on m’a demandé de ne plus le faire car je devais respecter les personnes dans leur croyance » . Si même la laïcité n’a plus de secret pour lui…
Par Paul Santos de Souza
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