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Las Palmas, le nouvel eldorado
Auteur d’un nouvel exercice abouti en Liga, le second consécutif, l’UD Las Palmas se prend à rêver d’un avenir ambitieux. Car comme le montrent les recrutements réussis de Kevin-Prince Boateng et Jesé Rodríguez, les insulaires ont bon nombre d’arguments à faire valoir pour attirer de gros poissons.
Les petits plats sont dans les grands. Pour annoncer l’arrivée de Jesé Rodríguez, Miguel Ángel Ramírez, président de l’UD Las Palmas et homme d’affaires canarien, ne lésine pas sur sa communication. D’un air grave, mais avec le sourire en coin, il assure lors du dernier jour du mercato hivernal que « l’opération est pratiquement conclue, l’accord est total. Jesé accepte de perdre beaucoup d’argent pour revêtir les couleurs de Las Palmas » . L’ancien crack du Real devenu flop parisien refuse en effet les avances de Middlesbrough, prêt à payer plein pot son salaire, pour retrouver son île natale. Une belle histoire à raconter, donc, mais surtout un transfert qui confirme une tendance : depuis son retour dans l’élite, le club canarien s’impose comme une destination en vogue. Preuve en est, en décembre dernier, la direction officialise le plus gros budget de son histoire, 55,3 millions d’euros, et en annonce également les premiers bénéfices, à hauteur de huit millions. Une manière comme une autre de préciser que le recrutement estival de Kevin-Prince Boateng n’avait rien d’une lubie présidentielle.
Le tiki-taka, une invention canarienne
L’ambition grandissante de l’UD Las Palmas tient beaucoup à un homme pourtant sur le départ. En charge des Canariens depuis octobre 2015, Quique Setién réalise un travail d’orfèvre qui permet à ce pensionnaire historique de Liga de se refaire un nom. « Je viens ici, à l’Union Deportiva, car il y a une philosophie qui va de pair avec ma manière de voir le football. Si les circonstances sont adéquates, j’aimerais montrer toute la culture du football qu’il y a dans les Canaries » , souffle-t-il au Pais quelques jours après son intronisation. Des paroles aux actes, il rend au club la réputation qui est la sienne depuis son origine. Car, pour rappel, si le tiki-taka se retrouve aujourd’hui affilié au FC Barcelone, sa paternité est bien canarienne. Ce que n’hésite pas à rappeler Roque Diaz, ancien mythe de l’UD : « Dans les années 60 et 70, Las Palmas a été le premier club espagnol à ne jouer qu’à une touche, bien avant le Barça. Cela tient beaucoup au réservoir de joueurs de l’île. Pour la plupart, ce sont des petits joueurs, très techniques et toniques. » Autrement dit, les contemporains de Xavi et Iniesta avaient des racines canariennes.
Cet attrait pour un football divertissant se retrouve aujourd’hui encore dans les dédales de la capitale des Canaries. Ce que confirme Nabil El-Zhar, salarié de l’UD actuellement en prêt du côté de Leganés : « Si la méthode et la philosophie de Quique Setién fonctionnent si bien, c’est qu’ici, il y a une vraie culture du « jugones », ces joueurs petits, techniques, rapides et très intelligents. Il est en symbiose avec l’histoire et la culture du football de Las Palmas. Quand je suis arrivé, on me disait que les Canaries, c’était comme le Brésil de l’Espagne. Ici, les gens aiment voir le ballon vivre, les une-deux, les dribbles, les mouvements perpétuels de l’équipe. » Une analyse que partage également la recrue star du dernier mercato estival, K-P Boateng, dans les colonnes du Pais : « J’adore le football espagnol et encore plus celui que nous pratiquons. Je l’ai dit à ma femme, j’aurais dû venir ici avant parce qu’ici, toutes les équipes veulent jouer au football. » Le penchant joueur de ce Las Palmas lui permet ainsi de recevoir les louanges venant de toute la péninsule. Mieux, il en devient une destination à la mode, comme en atteste la renaissance du Ghanéen.
Nabil El-Zhar : « Je ne mets plus un pull »
Plus encore que cette volonté de produire un jeu léché, la qualité de vie qu’offre la capitale des Canaries est la raison principale du bonheur de l’ancien Milanais : « Le climat est un don de Dieu ici. Se lever tous les matins avec une météo ensoleillée te donne du bonheur, de la tranquillité et encore plus l’envie de se sortir du lit » . Même son de cloche chez l’international marocain, qui « ne sors jamais le moindre pull de (s)a penderie » : « Dès que j’ai une heure ou deux, je file à la plage. Dès que j’ai un ou deux jours de repos, on part avec la famille visiter différents sites magnifiques des Canaries. La vie là-bas, c’est le pied. » Un cadre de vie idéal, une philosophie précise, et un nouveau pouvoir économique qui donnent le droit aux supporters de l’UD de rêver d’une croissance exponentielle. Symbole de cette nouvelle ambition, même le départ programmé de Quique Setién n’effraie pas l’entité. Et pour cause, en remplacement du druide de Santander, les noms évoqués sont ceux de Frank Rijkaard, Michael Laudrup ou encore du Tata Martino. Il faudra au moins ça pour gérer le caractère de Jesé Rodríguez.
Par Robin Delorme