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Larsonneur : « On ne peut pas se considérer comme favoris »

Propos recueillis par Clément Gavard
10 minutes
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À 22 ans, Gautier Larsonneur s'est imposé comme titulaire à Brest, mais aussi comme gardien numéro deux chez les Espoirs. Un statut de remplaçant qui n'effraie pas le portier brestois, ambitieux et conscient que faire partie du groupe des Bleuets pour l'Euro Espoirs est une chance. Mais aussi le fruit de sa montée en puissance depuis deux ans, avant de se lancer dans le grand bain de la Ligue 1 la saison prochaine. Entretien avec un mec qui a la pêche.

Vous allez lancer votre Euro avec un match contre l’Angleterre, le gros morceau de votre groupe. Est-ce une bonne chose pour se mettre dans le bain, ou auriez-vous préféré un départ plus en douceur ?On répondra à cette question après le match. D’un côté, c’est bien de commencer par une grosse équipe parce qu’on va se mettre tout de suite dans la compétition, c’est vrai. Mais si on avait pu avoir un adversaire plus « facile » avant d’affronter les Anglais pour régler les automatismes, ça aurait été bien aussi. On a vraiment très peu de marge d’erreur, donc il faudra être dedans dès le début.

Surtout que seuls les premiers de groupe et le meilleur deuxième seront qualifiés pour le dernier carré.Voilà, exactement. C’est pour ça que la marge d’erreur est très faible, n’importe quel résultat négatif peut compromettre nos chances de sortir de la poule.

La Croatie et la Roumanie seront vos deux autres concurrents. Comment juges-tu ce groupe ?On ne peut pas se considérer comme favoris quand cela fait treize ans qu’on n’est pas allé à l’Euro.

On ne peut pas se considérer comme favoris quand cela fait treize ans qu’on n’est pas allé à l’Euro.

On sait qu’on a un effectif de qualité qui peut faire de belles choses, mais on a vu que les derniers matchs contre l’Allemagne et le Danemark au mois de mars (l’entretien a été réalisé avant la défaite contre l’Autriche, N.D.L.R.) ont été plus durs pour nous. Donc il faut aussi se mettre au boulot, car on a un groupe relevé. L’Angleterre est la nation forte en Europe ces dernières années, ils ont tout remporté. On a joué la Croatie en amical et on a fait 2-2, on sait que c’est une équipe dont il faudra se méfier. Puis il reste la Roumanie, qui semble être une nation un peu plus faible. Mais il ne faut pas non plus la prendre à la légère, parce qu’ils ont réussi à passer devant une ou deux sélections majeures pour sortir des qualifications. Je pense que ça va être une poule assez homogène, tout le monde peut battre tout le monde.

Que représente cet Euro Espoirs, à tes yeux ?Les Espoirs, c’est la fin de tout ce qui est équipe de France de jeunes. C’est un peu l’aboutissement. Alors, gagner ou faire de belles performances à l’Euro Espoirs nous tient à cœur. C’est une compétition qui va être suivie par beaucoup de Français. Je ne dis pas qu’il y aura forcément une ferveur autour de notre équipe, mais on va tout faire pour vivre un moment incroyable avec le maillot de l’équipe de France et pourquoi pas imiter les grands. (Rires.)

Au-delà de gagner, se qualifier pour les JO fait aussi partie de nos objectifs. On l’a clairement en tête et on tient à emmener la France à Tokyo en 2020, ce serait énorme.

Rien qu’une qualification pour les demi-finales permettrait à la France de participer aux Jeux olympiques 2020, à Tokyo. Vous y pensez aussi, à cet objectif ?Totalement ! Personnellement, je trouve que les JO représentent le Graal du sport de manière générale. Ce serait magnifique de voir l’équipe de France de foot y participer en 2020, quatre ans avant les Jeux à la maison, et cela voudrait aussi dire qu’on a fait une belle compétition. Au-delà de gagner, se qualifier pour les JO fait aussi partie de nos objectifs. On l’a clairement en tête et on tient à emmener la France à Tokyo en 2020, ce serait énorme.

Revenons-en à cet Euro. C’est quand même la première fois depuis 2006 que les Bleuets retrouvent cette compétition.C’est sûr qu’on a beaucoup entendu parler de ça. On savait qu’en cas de qualification, c’était presque un exploit, alors que ça ne devrait pas l’être pour une nation forte du football européen. Mais on a fait le job pour se qualifier, et on peut même rêver de faire quelque chose de sympa là-bas.

Avez-vous appris des nombreuses erreurs passées pour gagner en exemplarité, sur et en dehors du terrain ?C’est possible, oui. Déjà, le coach accorde beaucoup d’importance à l’esprit de groupe, parce que cette équipe fonctionne bien sur le terrain et en dehors. On sait qu’il faut constituer le groupe le plus performant possible, mais c’est aussi intéressant de prendre en compte l’humain. Il faut que l’on soit tous sur la même longueur d’ondes, pour ne pas se manquer.

Justement, tu as intégré pour la première fois ce groupe en mars 2018. Comment s’était passée ton arrivée, chez les Bleuets ?Ça s’était très bien passé parce que je connaissais déjà quelques joueurs comme Lucas Tousart, Paul Bernardoni ou Bingourou Kamara. Mais ce n’est jamais facile d’atterrir en sélection quand on vient d’un club de Ligue 2, il a fallu s’intégrer et montrer que j’étais performant afin de prouver que je méritais ma place. Au fur et à mesure, ça s’est passé de mieux en mieux et les relations entre nous tous sont très bonnes.

As-tu ressenti une différence de niveau avec ton quotidien ? Cela doit être impressionnant, au départ.Bien sûr ! Déjà, au niveau de la qualité technique, il y a des joueurs très forts qui ont beaucoup de facilités. Cela montre l’exigence du professionnalisme pour atteindre le très haut niveau, et la plupart des joueurs ici ont parfaitement intégré les efforts qui étaient demandés pour performer.

Tu as connu ta première sélection le 25 mai 2018, lors d’une défaite contre la Suisse. Peux-tu nous raconter ce moment particulier ?C’était ma première fois sous le maillot bleu ! J’ai su au début du rassemblement que j’allais jouer, puisqu’on avait deux matchs amicaux (Italie et Suisse). J’étais venu pour jouer, et le sélectionneur m’a fait confiance. C’était vraiment l’aboutissement de la saison passée pour moi, avec mes débuts chez les professionnels et cette première sélection. C’était assez énorme, et même si le résultat était décevant, ça reste un très bon souvenir.

Comment se passe la vie de groupe, avec le sélectionneur Sylvain Ripoll ? On a tendance à dire qu’il s’inspire beaucoup du management de Didier Deschamps.De manière générale, le coach accorde autant d’importance à chaque joueur, qu’il soit le titulaire en attaque, ou le deuxième, troisième gardien. Et je pense que c’est ce qui permet à chacun de se sentir bien dans ce groupe. On a de la liberté, mais c’est vrai qu’on a un cap bien défini pour être performants et respecter le maillot de l’équipe de France.

Les supporters brestois étaient très mécontents de ne pas te voir jouer lors du match contre le Danemark au stade Francis-Le Blé, le 24 mars dernier. Est-ce que tu as été déçu par le choix du sélectionneur, ce soir-là ?Bien sûr que j’ai été déçu ! C’est logique, je reste un compétiteur. Après, c’est le coach qui décide. Il a choisi de faire jouer Paul (Bernardoni), il a aussi gardé son ossature dans l’axe. Donc je respecte totalement cette décision, Je continue de bosser pour avoir une nouvelle chance de jouer bientôt et j’espère que ce sera le plus vite possible.

Chez les grands, on parle souvent de l’importance d’une bonne cohabitation entre les trois gardiens. Tu sembles être le numéro 2 de Paul Bernardoni, quelle est ta relation avec lui ?C’est vraiment exceptionnel avec Paul, on a beaucoup de points communs. On vient du même milieu, on a la même façon de voir les choses et on est sur la même longueur d’ondes.

Il faut dire que devenir numéro un, c’est dans la tête de tous les numéros deux, c’est vrai. Mais notre but, c’est aussi de faire en sorte que le premier dans la hiérarchie soit le plus performant possible. On fait tout pour qu’il se sente bien, qu’il soit bon.

On n’est pas seulement en contact quand on arrive en sélection, on s’appelle régulièrement. On s’envoie des messages, on est assez proches. C’est quelqu’un que j’apprécie et le respect est mutuel, c’est facile de travailler avec lui. Après, il faut dire que devenir numéro un, c’est dans la tête de tous les numéros deux, c’est vrai. Mais notre but, c’est aussi de faire en sorte que le premier dans la hiérarchie soit le plus performant possible. On fait tout pour qu’il se sente bien, qu’il soit bon. Bien sûr, si le coach fait appel à moi pour jouer, je réponds avec plaisir.

Comment travailles-tu avec Patrick L’Hostis, l’entraîneur des gardiens des Espoirs ? À quel point est-ce différent des méthodes que tu connais à Brest ?Ce qu’on fait en sélection, c’est très différent du club. Il faut prendre en compte le contexte : on se voit sur un laps de temps très court, c’est une façon de travailler différente de celle que je connais au quotidien avec plus de répétitions de frappes et d’enchaînements. C’est bien de voir une autre méthode de travail, et ça me permet de progresser sur d’autres points. En sélection, on travaille sur dix jours. On est là pour faire nos gammes, et faire en sorte d’être performants pour les deux matchs ou une compétition. En club, le suivi est plus long, on a des points précis sur lesquels on sait que l’on doit évoluer. En sélection, c’est une répétition plus générale et c’est aussi beaucoup d’entretien.

Dans quelle mesure faire partie de ce groupe pour l’Euro peut aider ta progression ?

À partir du moment où tu es sélectionné avec les Espoirs, ça accélère la progression. Parce qu’il ne faut pas le cacher, le niveau est bien supérieur à Brest.

À partir du moment où tu es sélectionné avec les Espoirs, ça accélère la progression. Parce qu’il ne faut pas le cacher, le niveau est bien supérieur à Brest. Les joueurs viennent de tous les meilleurs clubs de France et d’Europe. On verra comment se passe l’Euro, il va falloir que je me tienne prêt et que je montre que je peux répondre présent en cas de souci. Je pense que c’est une super expérience pour me préparer à la Ligue 1, la saison prochaine.

Comment as-tu vécu cette montée en Ligue 1, avec Brest ? Il doit y avoir une petite excitation à l’idée de découvrir l’élite, la saison prochaine.Cela faisait quelques années que le club flirtait avec la Ligue 1, cette année nous a souri. Mais je ne vais pas changer, je veux rester le même et garder les choses qui ont fait ma force pour en arriver là. Et j’espère que cela va me mener le plus haut possible, ce n’est que le début.

Ce n’est pas trop dur de se remettre dans le bain quelques semaines après une saison à se battre pour monter en L1 ?Quand c’est positif, on récupère plus rapidement et on peut enchaîner plus vite. Vu qu’on monte, on peut dire que c’est une saison réussie. Donc psychologiquement et physiquement, je suis bien. Il n’y a pas de raison pour que cela se passe mal. Il y a beaucoup de joueurs de Ligue 1 dans le groupe, je pense que ça doit être plus dur émotionnellement.

Jean-Marc Furlan, ton entraîneur à Brest, disait de toi que tu étais très doué au ping-pong. As-tu trouvé quelques concurrents sérieux chez les Bleuets ?(Rires.) Mattéo Guendouzi n’est pas trop mal, il n’est pas mauvais du tout. Avant, il y avait aussi Yann Karamoh, mais je ne l’ai pas affronté depuis longtemps. On va se contenter de Mattéo, c’est un adversaire redoutable.

Vous allez jouer deux matchs à Cesena, contre l’Angleterre et la Roumanie. En tant qu’amateur de pêche, tu vas peut-être pouvoir aller faire un tour au port de Cesenatico ? (Rires.) J’aime toujours aller faire quelques visites quand je vais dans un pays étranger, parce que rester dans ma chambre toute la journée n’est pas mon dada. S’il y a la possibilité de s’évader et d’aller se promener dans des coins sympas, et encore plus un port de pêche, je m’y rendrai avec grand plaisir.

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