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« L’arrogance d’Ibra représente presque une bouffée d’air frais »

Propos recueillis par Joachim Barbier
« L’arrogance d’Ibra représente presque une bouffée d’air frais »

Le street artiste Cart1 réalise pendant cet Euro des portraits des icônes du football, de Zidane à Ibrahimović en passant par Ronaldo et George Best et dans lesquels il essaie de mettre un peu de leur ego légendaire et de leurs fulgurances philosophiques. Originaire de Lyon, il a bourlingué un peu partout dans le monde, dont un séjour de deux ans en Colombie qui l’a réconcilié avec le football.

Tu dessines les joueurs de football parce que ce sont des icônes ?Oui, des icônes pop et planétaires. Pour ce qu’ils sont et la résonance de leur moindres gestes. Quand je fais Zidane et je regarde son front, je pense au coup de tête. Mais ce n’est pas lui qui l’a donné, c’est tout un pays derrière. Clairement, on avait tous les nerfs et on aurait tous fait pareil à sa place. Au-delà de leur visage et de ce qu’il représente, c’est assez étrange le rapport que tu as avec eux pendant que je peins. Je passe deux ou trois jours avec eux, nez contre nez, c’est assez perturbant. On est assez intimes. Et les gars, ce sont des philosophes. Quand Ronaldo raconte que les gens le détestent parce qu’il est grand, beau et fort, forcément j’essaye de mettre cet ego dans le regard ou l’attitude.

Pourtant, tu n’es pas un dingue de foot au départ ? Je vais être honnête, au départ, je n’aime pas beaucoup le foot. J’étais un peu comme les

nanas, à m’intéresser uniquement aux grands événements. Et puis je viens de passer deux ans en Colombie et cela a complètement changé mon rapport au foot. J’y étais pendant la dernière Coupe du monde, cela faisait tellement longtemps qu’ils n’avaient pas participé à une phase finale, c’était une fête non stop, qu’ils perdent où qu’ils gagnent d’ailleurs. Le reste du temps, les mecs de Cali, Bogota ou Medellin ne peuvent pas se saquer, mais quand l’équipe nationale joue, c’est la Colombie contre le reste du monde. J’étais à Baranquilla, sur la côte, et il y avait une super ambiance de carnaval, aucune violence, pas de hooliganisme. Une espèce de trêve, parce que quand un mec veut te flinguer en Colombie, il le fait. C’est pas : je t’envoie un SMS « je sais où t’habites » , les mecs ne rigolent pas. Donc ce séjour en Colombie et la façon dont ils soutiennent leur équipe nationale m’ont un peu réconcilié avec le foot.

Les joueurs des années 70 ou 80 ont l’air plus graphique…Oui, des gars comme Rocheteau ou Platini ont quelque chose. Platini, je me suis posé la question si je devais le peindre avec toutes ses casseroles au cul. Mais il a des mimiques et un sourire reconnaissable. Il y a des mecs plus graphiques que d’autres, des gueules comme par exemple

Ribéry, mon philosophe allemand préféré. Il y a sûrement moins de spontanéité aujourd’hui qu’au temps de George Best. Les gars de maintenant sont tellement entourés. Et puis on est dans une époque hygiéniste, il faut boire du jus d’orange et faire son jogging. On se police physiquement et psychologiquement. Donc Ibrahimović, avec son arrogance, représente presque une bouffée d’air frais et une bénédiction. Le mec a tellement peur de rien. J’ai vu le lancement de sa marque de fringues. Quand la journaliste lui demande « ça fait quel effet d’être Dieu ? » , et qu’il répond « c’est pas mal… » , tu ne sais pas si c’est du second degré, mais il a un côté affectueux et touchant.

Je regardais l’autre jour le match Croatie-Tchéquie. Tu vois que dans les tribunes, ceux qui ont balancé des fumigènes ont dû se prendre deux ou trois gifles par les autres supporters croates. Ils ont fait leur propre sécurité, pas besoin des flics.

Les stades étaient souvent recouverts de graffs et aujourd’hui, on fait des stades proprets. Au Parc des Princes, tout a été effacé au nom de la sécurisation et de la reprise en main de la question des supporters…Il y a un beau pochoir de Bansky, de quelqu’un qui nettoie la grotte de Lascaux. On a toujours tagué notre environnement. Après, on peut aller dans une société sans aspérité, où personne ne pète jamais. Aujourd’hui, on ne peut plus bouger un orteil sans avoir un code de loi qui nous

l’interdit. La répression, c’est un mouvement général que tu retrouves partout, dans les stades et ailleurs. On sécurise à tout va alors que les gens sont beaucoup plus responsables que les autorités ne le prétendent. Je suis allé au Bernabéu pour voir le Real contre Wolfsburg. Il n’y a pas une barrière. La sur-sécurisation ne vient pas des pouvoirs publics, c’est une question de mentalité. Je regardais l’autre jour le match Croatie-Tchéquie. Tu vois que dans les tribunes, ceux qui ont balancé des fumigènes ont dû se prendre deux ou trois gifles par les autres supporters croates. Ils ont fait leur propre sécurité, pas besoin des flics. Les gens peuvent s’auto-réguler. Depuis le début de la compétition, on n’a pas l’impression que Lyon s’enthousiasme beaucoup pour cet Euro… L’ADN de la ville, c’est un OL Land construit un peu par la force et qui a été un gros scandale. Et puis, on n’est pas Marseille. Le foot et Lyon, ça a toujours été « je t’aime moi non plus » . Il y a des gros supporters, mais Aulas n’a pas un capital sympathie de dingue. Je le vois un peu comme un autocrate. Soit tu es avec lui, soit contre lui. Lyon, c’est la ville du grand secret. On fait les choses de manière introvertie. On est la ville de la soie, faut pas l’oublier. Qu’est-ce que tu penses de son nouveau stade, beau à l’intérieur, mais triste de l’extérieur ? Le nouveau stade, je l’ai vu de loin pendant sa construction et on ne pouvait pas l’approcher.

J’y mettrais bien de la couleur, pas seulement du bleu et du rouge. Je bosse beaucoup le noir et blanc. La thèse d’Étienne Robial (le créateur, entre autres, du logo de Canal Plus) sur les dominos et l’équilibre entre les deux couleurs m’avait marquée. Quand j’étais gamin, j’adorais le maillot de la Juventus pour les rayures noires et blanches. Les couleurs du Brésil sont flamboyantes, ça sent le soleil. La Colombie pareil, c’est le soleil, le sang et le ciel. Je ne sais pas pourquoi, en France, on aime autant le gris du béton brut.

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Propos recueillis par Joachim Barbier

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