- Ligue des champions – CSKA Moscou/Real Madrid
L’armée russe en mission
Quart de finaliste surprise de la Ligue des champions il y a deux ans, le CSKA Moscou espère pouvoir renouveler l’exploit devant plus de 70 000 spectateurs au stade Loujniki. En manque de repères après une interminable trêve hivernale, la formation russe mise sur une arrière garde locale et le tirailleur ivoirien Seydou Doumbia pour mettre à mal la machine de guerre de Mourinho. Décryptage.
Le parcoursDirectement qualifié pour la phase de poules cet été en tant que dauphin du Zénith lors de la Russian Premier League 2010, le CSKA est parvenu à sortir vivant de l’homogène groupe B, derrière l’Inter, mais devant Trabzonspor et le LOSC. La campagne avait débuté timidement, avec un nul heureux décroché à Villeneuve d’Ascq le 14 septembre lors de la première journée (2-2, après avoir été mené de deux buts), enchaîné avec une défaite à domicile contre l’Inter (2-3). Elle s’est terminée en fanfare, avec une victoire obtenue en Italie face à cette même équipe de l’Inter (2-1), déjà qualifiée et qui jouait en roue libre. Au final, le bilan est bien, mais pas top : 2 victoires, 2 nuls, 2 défaites, 8 buts pour, 9 contre.
La forme du momentComme la semaine dernière avec le Zénith, l’autre formation russe qualifiée pour ces huitièmes, c’est le grand mystère. Le dernier match officiel du CSKA était celui de la qualification le 7 décembre dernier à Milan. En championnat national, la trêve dure depuis bientôt trois mois. Les deux dernières journées disputées en 2011 s’étaient soldées par deux défaites pour les Moscovites, face à Kazan et à Makhatchkala. Les matchs amicaux disputés en 2012 n’ont guère été rassurants non plus ni très riches en enseignements, avec notamment une inquiétante défaite 0-2 concédée lors d’un stage en Espagne face au Real Murcie, équipe de D2 qui, hormis cette rencontre, enchaîne les défaites…
Le style de jeuLe CSKA, c’est une armée composée d’une légion étrangère en première ligne et d’autochtones aux lignes arrières. Trois des quatre défenseurs sont des cadres de la sélection russe : Sergei Ignashevich, le capitaine, et les jumeaux Berezutski, Aleksei et Vasili. Un quatrième incontournable de l’équipe nationale, le gardien Igor Akinfeev, est en revanche toujours indisponible depuis qu’il s’est rompu les ligaments croisés du genou gauche en août dernier. A la récupération, un autre Russe devrait être aligné par Leonid Slustky l’entraîneur, l’ancien international Evgeni Aldonin. En l’absence de Pavel Mamaev, suspendu, il sera associé à la recrue hivernale, le Suédois Pontus Wernbloom, ancien joueur de l’AZ Alkmaar aux Pays-Bas. Dans l’habituel système en 451 adopté en Ligue des Champions, l’excellent meneur Alan Dzagoev animera les offensives. Il sera assisté sur les côtés par le petit gaucher serbe Zoran Tosic et certainement Ahmed Musa, autre recrue venue des Pays-Bas, du club de VVV-Venlo. Il aura la charge de remplacer le Japonais Keisuke Honda, à court de forme. Seul en pointe, Seydou Doumbia aura la charge de poursuivre sa prolifique moisson de buts.
Le joueur à suivreSeydou Doumbia, assurément. Relégué sur le banc en sélection durant la CAN, le buteur ivoirien a la grosse dalle. Dans une récente interview, il s’est dit frustré par le (non)-rôle qu’on lui fait jouer pour l’instant avec la Côte d’Ivoire. Il figure actuellement comme l’un des meilleurs attaquants au monde, ou en tout cas l’un des plus prolifiques. En 2011, il a scoré 24 buts en 30 matchs de championnat de Russie (meilleur buteur), ainsi que 5 buts en 5 rencontres de C1, pour ses premiers pas dans la compétition. Passé dans sa jeunesse pas le Japon, Seydou Doumbia s’est révélé en Suisse, aux Young Boys de Berne, spécialisé dans l’art de recruter des pépites (dernier en date : le récent champion d’Afrique Emmanuel Mayuka). Il inscrira 50 buts en deux saisons dans les Alpes, dont seulement une comme titulaire ! Élu meilleur joueur du championnat russe 2011 (après avoir conquis l’équivalent en Suisse les deux saisons précédentes), l’Ivoirien, désormais débarrassé de la concurrence de Vagner Love (retourné au Brésil), peut ambitionner de vivre une grande année 2012. Avec un gros transfert à mi-parcours ?
Par Régis Delanoë