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L’armée des ombres
À l'heure où Clément Chantôme (250 matchs pour le PSG) s'éloigne du PSG et que le Parc des Princes s'apprête à accueillir le Rennais Sylvain Armand (380 matchs dans la capitale), il est temps de rendre hommage à une espèce qui est en train de disparaître du club de la Porte de Saint-Cloud : celle des tauliers de l'ombre. Oui, certains mecs n'aimaient pas la lumière. Ou inversement.
Le maître de l’ombre : Jean-Marc Pilorget
Le monde est cruel. Limite injuste. Dans toutes les équipes historiques du PSG, les dream team que l’on couche régulièrement durant les anniversaires du club, le CV de Jean-Marc Pilorget n’est jamais mis sur le haut de la pile. Son nom n’est d’ailleurs quasiment jamais évoqué. On parle pourtant du joueur ayant joué le plus de matchs avec la liquette parisienne sur les épaules : 435 matchs en treize ans. Une longévité qui mérite le respect. D’un naturel discret, le défenseur aura tout connu dans la capitale : les débuts en D1 à 17 ans, la victoire en Coupe de France en 1982, les premières aventures européennes du club, mais aussi des désillusions terribles. Comme ce maudit retour de match du 17 décembre 1983 ou, après une rencontre face à Laval disputée au Parc des Princes, sa voiture sort de route. Fracture ouverte du col du fémur et 18 mois sur la touche. L’homme reviendra en 1986. Pile pour le premier titre de champion de l’histoire du club. Le PSG n’aurait pas pu l’être sans lui. C’était écrit. Une fois les crampons raccrochés, l’homme n’intègrera jamais l’organigramme du club. Jamais. Son record est comme celui de Just Fontaine. Il ne va pas tomber demain…
Les fidèles lieutenants : Pierre Ducrocq et Édouard Cissé
Ducrocq et Cissé. Pierre et Édouard. Deux potes. Deux gamins issus de la formation et qui pèsent, à eux deux, 407 matchs dans la capitale. 148 pour Ducrocq, 259 pour Cissé. Plus âgé, Ducrocq débarque dans l’équipe fanion de Paname en 1995 lors d’un match de Coupe de la Ligue face à Lyon. Le milieu de terrain est présenté comme le digne successeur de Luis Fernandez. Même poste, même rage, même grinta. En 1998, à 22 ans, il s’installe dans l’entrejeu d’une équipe qui souffre, mais qui braque deux Coupes nationales. Toujours là pour aller au combat pour son club de cœur, le joueur devra se faire une raison quand, en 2001, celui qui l’avait pourtant lancé dans le grand bain (Luis Fernandez) lui annonce qu’il ne compte pas sur lui… Aujourd’hui, il commente tous les matchs du PSG sur France Bleu Île-de-France. Il n’a jamais vraiment quitté le Parc des Princes. Pour Édouard Cissé, même s’il a été champion avec l’Olympique de Marseille en 2010, le PSG est aussi une étape importante dans sa carrière. Milieu polyvalent originaire de Pau, il a 19 ans quand il découvre le terrain du Parc avec Raï, Simone ou Roche. Il enchaîne les prêts (Rennes, West Ham, Monaco), mais revient toujours à Paname où il va enfin s’imposer entre 2004 et 2007. Deux gamins du centre de formation. Deux amoureux de Paris. Deux joueurs de l’ombre.
Le kamikaze du Parc : Francis Llacer
La légende racontait que Cisco n’était là que pour un seul match dans la saison : Marseille. Amoureux du KOB, de Paris, du Parc des Princes, Cisco n’est pas le footballeur le plus talentueux sorti de la formation parisienne. Pourtant, il aime le football. Rien que son surnom – Francis – est un hommage à l’oncle de son père, Francisco Ballester, joueur du Real Madrid tragiquement disparu à 26 ans. Tout est limpide entre Llacer et le PSG. Le môme de Lagny-sur-Marne rentre au centre de formation l’année du premier titre de champion de France. Il débute avec les professionnels à 16 ans et demi et sera l’un des rares joueurs à demeurer dans l’effectif avec l’arrivée de Canal Plus. Cisco, c’était le cœur avant tout. Le fameux porteur d’eau utile et indispensable pour aller au combat. Mine de rien, Llacer sera des aventures européennes des années 90 puisqu’il est sur la pelouse le soir de la victoire en Coupe des coupes face au Rapid. Au fond, Llacer aura joué 248 matchs dans la capitale, ce qui est une folie pure et dure. Longtemps présenté comme le fils adoptif de Luis Fernandez (un de plus), Llacer n’aura jamais cessé d’aimer le PSG. Lors d’un Saint-Étienne/PSG disputé dans le Forez, le joueur – alors prêté à Saint-Étienne – viendra saluer le parcage visiteur en soulevant son maillot vert. Dessous, le maillot de Paname. Forcément.
Le capitaine : Dominique Bathenay
Légende des Verts depuis son missile envoyé dans les ficelles d’Anfield en 1977, le défenseur quitte Saint-Étienne pour le PSG en 1978. Quatre ans plus tard, le libero devient le premier capitaine du club à soulever un trophée avec la Coupe de France gagnée… face à Sainté. Pourtant, après une saison dans la capitale, son départ a été envisagé. D’abord milieu de terrain, Bathenay peine à s’imposer et doit finalement reculer d’un cran sur le terrain. Il récupère le brassard dans le même temps. C’est la révélation. Mieux, il retrouve ainsi les Bleus avec ce nouveau poste. Même s’il n’a pas la classe d’un Thiago Silva, d’un Alain Roche ni même le CV d’un Ricardo, Bathenay aura porté la tunique parisienne 273 fois. Doumé, au fond, c’est le premier parrain de Paris.
La parole est à la défense : Philippe Jeannol, Franck Tanasi, Jimmy Algerino
Jeannol (219 matchs), Tanasi (254 matchs) et Algerino (176 matchs) sont des soldats méconnus de la capitale. Discret comme Pilorget, Jeannol aura quand même été champion de France en 1986 avant de se sauver de justesse en 1988. Mine de rien, le défenseur polyvalent a un sacré CV puisqu’il a gagné l’or avec la France aux JO de Los Angeles en 1984 et une sacrée réussite sur coup franc. On se souvient aussi, bien entendu, de sa suspension pour 4 mois après avoir craché sur un arbitre un soir de défaite à Mulhouse, au cœur de l’automne 1989, même si l’homme a toujours nié les faits. Autre style, mais même fidélité et discrétion dans le maillot parisien : Franck Tanasi. Le natif de Fort-de-France commençait toujours les saisons sur le banc de touche avant de les terminer dans le onze de départ. Latéral gauche, il était aussi sympathique que discret. Son plus grand regret ? Ne jamais avoir trouvé les ficelles durant son séjour parisien. Ce qui n’est pas le cas de Jimmy Algérino, neuf fois buteur avec le maillot du PSG. Quand il débarque de Châteauroux en 1996, personne ne connaît vraiment ce latéral droit capable d’évoluer milieu. Dans un PSG encore estampillé Canal Plus, Jimmy va s’approprier le côté droit pendant 5 ans avec modestie et montées nerveuses sur son aile. Jimmy aura même claqué un pion en Ligue des champions. Ce n’est pas rien.
Par Mathieu Faure