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L’Argentine sous le charme de Trezeguet
Avec sept buts en huit apparitions sous le maillot de River Plate (dont la reprise de volée d’anthologie inscrite ce week-end face à Ferrocarril), David Trezeguet a définitivement conquis le pays où il fit ses premiers pas de footballeur.
« Trezeguet est merveilleux, un joueur fantastique. Il fait tout ce que doit faire un attaquant. Avant (son arrivée), River était déjà une bonne équipe. Maintenant elle joue avec Treze » (jeux de mots en espagnol qui peut être également interprété comme « Elle joue à treize » ). L’hommage est signé ni plus ni moins Juan Roman Riquelme, l’idole de Boca Juniors, l’ennemi juré des Millonarios, généralement avare de bons mots. Il aura suffi de deux mois et huit apparitions en championnat de Nacional B sous les couleurs de River Plate à David Trezeguet pour mettre l’Argentine à ses pieds. Et quels pieds ! Ou plutôt « Quel pied ! » , se sont écriés en cœur 60.000 personnes chavirant de bonheur dans les tribunes du Monumental, lorsque l’enfant de Vicente Lopez (banlieue nord de Buenos Aires) a expédié -d’une volée liftée du droit- un ballon qui traînait à l’angle de la surface de la réparation dans la lucarne gauche du gardien de Ferrocarril, samedi.
Même Boca lui tire son chapeau…
Depuis son retour dans le Rio de la Plata, le champion du monde 98 a déjà déballé l’ensemble de sa panoplie de goleador habituelle : coups de tête millimétrés, frappes opportunistes, buts de renards, pénalty plein de sang froid et reprise de volée prodigieuse. La presse et le public de River sont bien évidemment séduits. « Trezeguet est un bidon d’eau gelée au milieu du désert de talent du football argentin. Un spécimen rare du football local. Hormis Riquelme, Veron, « Chori » (Alejandro Dominguez), Cavenaghi et quelques autres rares exceptions, aucun joueur n’arrive aux crampons de Trezeguet. Le Français est un crack. Un champion du monde. Un numéro neuf qui se suffit à lui-même. Un autodidacte sur la pelouse. A qui il importe peu si son équipe joue bien, s’il reçoit le ballon ou non. Il se débrouille seul. Comme face à Merlo, lorsqu’il marqua un but splendide de la tête sur un centre flottant. Comme face à Ferro, clouant dans la lucarne une volée exquise et presque inédite dans ces contrées. Demandez à Vega (Ndlr : le gardien de River) sinon, lui qui s’est pris la tête dans les mains, incrédule, muet devant le génie de David (…) » , s’extasiait hier le quotidien sportif Olé, dont il fait régulièrement la une depuis son arrivée et qui lui a attribué le « Prix Maradona » de cette journée de championnat. Tout un symbole.
Public, coéquipiers, médias et rivaux unanimes
Quelques minutes auparavant, Matias Almeyda s’était aventuré à sortir Dominguez et Cavenaghi, alors que le tableau d’affichage du Monumental était encore vierge. Après sa passe décisive pour Ramiro Funes Mori sur le premier but, son pénalty serein et son chef d’œuvre vu et revu sur YouTube, Trezeguet pouvait savourer l’ovation du plus grand stade d’Argentine. Et l’embrassade de ses coéquipiers, tous sous le charme du goleador, venus se jeter sur lui pour le féliciter. Avec un but inscrit toutes les cinquante-quatre minutes, quel Argentin osera encore contester l’apport essentiel de Trezegol dans la course à la montée de River Plate ? Si même Boca lui tire son chapeau…
A voir : le but extraordinaire de Trezeguet
Florent Torchut, à Buenos Aires