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L’Argentine sauve sa peau face au Qatar
Sérieuse et appliquée, l'Argentine a fait tomber le Qatar (2-0) en clôture du groupe B et jouera son quart de finale de Copa América face au Venezuela vendredi prochain au Maracanã. Ouf, l'élimination n'est pas pour tout de suite.
Qatar 0-2 Argentine
Buts : Martínez (4e) et Agüero (82e) pour l’Argentine
Une grande inspiration par les naseaux, et on expire par la bouche. Longuement. Profondément. En Argentine, les spectateurs hypnotisés par leur télévision viennent à l’instant de terminer leur soirée comme on clôt une séance de yoga : en soufflant. Un grand ouf de soulagement après un match de la trouille remporté 2-0 face au Qatar, et une qualification glissée dans la poche pour les quarts de finale d’une Copa América pourtant bien mal embarquée. Martínez d’entrée de bal, Agüero comme slow de fin de soirée : l’essentiel est là, l’aventure continue.
En forme, dès le réveil !
Mais avant le soulagement, comme la pluie précède le beau temps, il y avait la peur. La peur de mal faire, la peur de décevoir. La peur de soi-même, et même la peur des autres. On rembobine, à 21h : le Qatar et l’Argentine occupent alors encore les deux dernières places du groupe B, un petit point au compteur. Un ridicule point. Le vainqueur repartira avec sa tête, et celle de l’autre sous l’aisselle. Malheur au vaincu, même s’il faut remonter à 1983 pour voir un second tour de Copa América privé d’Albiceleste. La pression aux derrières respectifs, l’entame de match est à l’inverse des habitudes : technique, collective, rapide, fluide.
Messi décoche une première balle (2e), Martínez une deuxième (3e), et la troisième déchire les chairs qataries sur une mauvaise relance de Rawi parfaitement exploitée par le joueur de l’Inter (1-0, 4e). Les Argentins sont plus seuls au monde que Corneille et Tom Hanks réunis, et s’amusent d’un ballon Wilson vêtu de violet… qui va rapidement rebondir. Dans la profondeur notamment, où Afif (18e), Ali (19e) puis Al Rawi, touchant le poteau (45e+2), se montrent dangereux pendant qu’Agüero (22e), Otamendi (38e) puis Martínez (39e) font de même en face. Bref : 1-0 à la mi-temps, mais on a vu de très plaisants morts de faim. Plutôt normal, pour des quasi-naufragés.
Agüero, intenable
On aurait presque oublié de préciser l’important : la France entre en canicule ? À Porto Alegre, les mêmes températures sont celles de printemps. Les débats reprennent dans une fournaise entretenue par les jambes de feu du Kun Agüero, aussi remuant qu’une flèche de boussole dans Koh-Lanta. Le Citizen tombe consécutivement sur Khoukhi, impeccable (59e), puis Al Sheeb, Superman (62e), empêchant l’Argentine de se mettre à l’abri face à un Qatar décidément plus efficace en déviations rapides dans le dos d’Otamendi et Foyth que dans la construction de jeu. C’est par exemple ainsi qu’Akram Afif se retrouve en face à face avec Armani, qu’il vendange (70e). La rencontre du soir évolue en funambule sur une fine lame de rasoir, effleurant les gorges respectives : le Qatar cherche un nul kamikaze, condamnant quasiment les deux équipes.
La menace est ténue, mais présente. Et Messi, pensant probablement aux cadeaux qu’il va recevoir demain pour son anniversaire, loupe l’impensable à cause d’une pelouse indigne (73e). Puis voilà Dybala. Et Dybala pour Agüero. Et Agüero, tout seul, champion, immense type, file seul en profondeur pour marquer son 48e but avec l’Argentine et offrir les quarts à son pays (2-0, 82e). C’était dur, c’était poussif, mais c’est passé. Pas certain que l’Albiceleste soulève ce trophée dans deux semaines, mais elle s’offre au moins le droit de rêver face au Venezuela en quarts. Gare aux paysages idylliques : c’est aussi un très bel endroit, pour s’échouer sur une plage.
Qatar (3-5-2) : Ah-Sheeb – Hisham, Khoukhi, Salman – Correia (Ismaeil, 84e), Al Haydos, Al Hajri, Hatem, Boudiaf – Afif, Ali. Sélectionneur : Félix Sánchez Bas.
Argentine (4-3-3) : Armani – Saravia, Foyth (Pezella, 86e), Otamendi, Tagliafico – De Paul, Paredes, Lo Celso (Acuña, 55e) – Agüero, Messi, Martínez. Sélectionneur : Lionel Scaloni.
Résultats et classements de la Copa AméricaPar Théo Denmat