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L’Argentine et le retour des buteurs vedettes
Après le succès Diego Milito au Racing, les autres gros clubs argentins négocient pour rapatrier leurs anciens buteurs exilés en Italie : Germán Denis à Independiente, Carlos Tévez à Boca et Javier Saviola à River. De quoi réveiller un championnat comateux.
Diego Milito était déjà un homme respecté en Argentine. Un joueur élégant, fidèle, bosseur, franc, leader, mais profil bas. Les années à l’Inter Milan et ce doublé en finale de Ligue des champions contre le Bayern le consacrant roi d’Europe, lui le Principe, ont aussi eu leur influence. Mais le gars de Bernal a définitivement gagné son statut d’idole au Racing, et de référence dans le reste du pays, en revenant chez lui à 35 ans, avec suffisamment de talent et d’énergie pour offrir à son club formateur un premier titre de champion depuis 13 ans. Depuis qu’il était parti, en fait. Des buts (14 en un an, dont deux contre Independiente, le voisin), du charisme, du prestige. Milito est, pour tous ses coéquipiers, un peu plus qu’un capitaine : c’est un exemple, un modèle, tant à l’entraînement la semaine qu’en match le week-end. Admiré, il a donné au Racing (régulièrement candidat, mais habitué des places d’honneur) ce petit plus, cette expérience qui change tout. De quoi donner des idées à d’autres trentenaires argentins qui vagabondent en Europe. Comme Germán Denis, capitaine d’Atalanta, de plus en plus proche d’Independiente, où il a laissé de bons souvenirs en marquant 37 buts entre 2006 et 2008.
Accompagner les jeunes et redonner confiance
« J’adorerais vivre à Independiente ce qu’est en train de faire Milito au Racing. J’ai envie de revenir, de retrouver les supporters et d’apporter mon expérience au foot argentin. » Denis, 33 piges, aussi passé par Naples et l’Udinese, a encore deux ans de contrat avec l’équipe de Bergame, pour laquelle il a planté 52 fois depuis 2011. Mais il est prêt à y renoncer pour venir tâter les filets argentins, avant qu’il ne soit trop tard. Revenu de la deuxième division il y a tout juste un an et auteur d’une première partie de saison très décevante (16e du championnat à 30 équipes), El Rojo, club prestigieux et populaire, mais qui vit dans le passé, aurait bien besoin d’un joueur référence pour accompagner un effectif jeune et en manque de confiance.
Mauricio Pellegrino, l’ancien joueur et entraîneur de Valence, récemment nommé nouveau coach, compte absolument sur lui pour former un duo d’attaque avec Albertengo, la seule satisfaction du dernier mercato. Les supporters, nerveux, lassés des attaquants en bois qui se succèdent depuis des années et en manque d’idole, ne parlent déjà que de lui. D’autant qu’à la reprise, Independiente, surnommé roi des Coupes et historiquement attaché aux compétitions internationales, disputera la Sudamericana, la Ligue Europa d’Amérique du Sud. L’objectif avec Denis : la gagner et décrocher un billet pour la prochaine Libertadores.
Retour vers le futur
Les deux gros d’Argentine, Boca Juniors et River Plate, ne sont pas en reste. Plus habitués à voir revenir les idoles, pouvoir économique oblige, ils sont sur le point de réaliser deux gros coups. Côté xeneize, c’est énorme : Tévez, 31 ans, en grande forme, abandonnerait la Juve pour son club de cœur, comme pressenti depuis quelques mois. En cette année électorale (présidences de la Nation et de Boca), l’Apache rejoindrait un effectif XXL, mais touché par deux éliminations consécutives sur la scène continentale face à River, les premières de l’histoire. La mission de Tévez : enflammer un championnat tristounet, rendre leur fierté aux fans de Boca et rapporter des votes aux dirigeants en place.
L’ennemi à la bande rouge, lui, a lancé sa politique de retour des idoles il y a un moment déjà, depuis la descente en deuxième division. Avec succès : retour en Primera et retour des titres (championnat et Sudamericana en 2014), en attendant la Libertadores. Mais une fois celle-ci terminée (les demi-finales et finales se jouent après la Copa América), un exode d’attaquants se prépare : Mora s’en ira en Arabie saoudite, Teo est attendu au Brésil et Gallardo ne compte plus sur le ventre arrondi de Cavenaghi. El Muñeco a donc validé le retour de son ancien coéquipier Javier Saviola, 33 ans, qui quitte le Hellas Vérone pour reformer le duo de la fin des années 90 avec Pablo Aimar, lui aussi de retour, mais de blessure. Vivement la reprise.
Par Léo Ruiz