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- Argentine-Arabie saoudite (1-2)
L’Argentine boycotte son football
Annoncée comme l'un des principaux favoris de cette Coupe du monde, l'Albiceleste s'est vautrée pour son entrée en lice face au Petit Poucet saoudien. Une prestation timide, deux buts magnifiques concédés au retour des vestiaires et une révolte qui n'est jamais arrivée. La vague bleu ciel et blanc qui a déferlé sur le Qatar menace déjà de se briser.
Le 2 juillet 2019 à Belo Horizonte, l’Argentine de Leo Messi cédait face au Brésil en demi-finales de la Copa América, échouant une nouvelle fois dans sa quête d’un premier trophée depuis 1993. Trois ans et demi plus tard, Lionel Scaloni s’est fait un nom sur le banc de la sélection, et Lionel Messi est enfin devenu prophète en son pays au fil d’une série de 36 rencontres sans défaites, dont le point culminant restera cette victoire continentale l’été dernier. Une série qui a pris fin au moment où les Argentins s’y attendaient le moins : pour leur premier match d’un Mondial qu’ils abordaient comme l’un des candidats majeurs à la victoire finale. Pourtant bien lancés, Leandro Paredes et consorts se sont heurtés au réalisme saoudien, incapables de renverser le cours des événements.
Messi : un penalty et puis plus rien
L’ancien milieu parisien avait pourtant mis son équipe sur les meilleurs rails en allant chercher un penalty rapide pour permettre à Lionel Messi d’entamer sa compétition avec le sourire. Quarante minutes plus tard, au moment de rallier les vestiaires, rien ne laissait présager de ce qui allait se produire : le septuple Ballon d’or et Lautaro Martínez, à deux reprises, s’étaient tour à tour vu refuser le break sur hors-jeu, quand la bande d’Hervé Renard était restée bien muette. Une incapacité à se mettre à l’abri payée très cher à l’arrivée.
? « PERDIMOS POR ERRORES NUESTROS » Lautaro Martínez habló tras la sorpresiva derrota de Argentina contra Arabia Saudita en el debut mundialista.#TyCSportsMundial pic.twitter.com/aDwvLlEEEk
— TyC Sports (@TyCSports) November 22, 2022
Et puis, dès la reprise, les Faucons renversent la table en l’espace de quatre minutes, portés notamment par un but sublime d’Al-Dawsari. Pendant près d’une mi-temps, l’Albiceleste va alors se casser les dents sur l’arrière-garde saoudienne, imperturbable, sous les regards de plus en plus inquiets de milliers de supporters bleu ciel et blanc dépités. « Nous nous sommes trompés en seconde période, ne pouvait que constater Lautaro Martínez à la télévision argentine au coup de sifflet final. Nous avons perdu le match sur nos erreurs. » Si solide et composée de joueurs guère habitués à baisser les bras, la Scaloneta n’est jamais parvenue à se révolter, dans le sillage d’un Lionel Messi relativement peu en vue. Résultat : pour la première fois depuis 1958 face à la RFA, l’équipe sud-américaine s’est vue contrainte de s’incliner après avoir ouvert le score dans un match de Coupe du monde.
Souviens-toi 2018
Il y a quatre ans en Russie, c’est également par une contre-performance inattendue (un nul contre l’Islande) que les Argentins avaient commencé une aventure achevée dès les huitièmes de finale face à la furia bleue. Une rencontre disputée un jour de France-Australie, tiens tiens. Ce jour-là, Lionel Messi avait échoué depuis le point de penalty, et son équipe n’avait jamais réussi à peser dans le tournoi, battant le Nigeria devant un Diego Maradona déchaîné, avant d’être balayée par la Croatie et la France, les deux futurs finalistes.
Les Argentins ont désormais quatre jours pour redresser la tête et éviter à tout prix que la dernière danse de la Pulga et d’Ángel Di María, entre autres, ne tourne au fiasco. Samedi soir face au Mexique – un adversaire jamais facile à manœuvrer dans le tournoi –, les champions d’Amérique du Sud joueront déjà leur survie. La survie d’un rêve qui anime le pays depuis de longs mois : voir enfin Lionel Messi soulever le trophée Jules Rimet, ce qui constituerait une marque supplémentaire dans sa quête d’éternité. Et cette fois, l’idole du peuple ne sera pas en tribunes pour assurer le spectacle. Tout l’enjeu sera de savoir si un successeur pourra encore se révéler à l’issue de ce tournoi de la dernière chance pour tant de grands noms du ballon rond.
Par Tom Binet