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L’appétit des Lyonnaises

Par Cédric Perrier, avec Denis Dupont
L’appétit des Lyonnaises

Le week-end dernier, les féminines de l'OL ont remporté un neuvième titre de championnes de France, ne laissant que des miettes à leurs adversaires. Retour sur l'histoire d'une hégémonie qui a débuté bien avant Aulas.

Avant, il y a eu le FC Lyon. Parce que la véritable histoire de la machine à gagner qu’est devenue l’Olympique lyonnais débute ici, entre rugby et premiers titres de championnes de France : 1991-93-95 et 98. L’emprise sur l’Hexagone les oppose alors à Juvisy durant une dizaine d’année. Si, à la fin des années 90, le foot féminin voit en Hoda Lattaf – passée elle aussi par le FC Lyon – la signature du premier contrat professionnel à La Roche-sur-Yon pour 15 000 francs, le foot féminin est avant tout celui des déplacements et des sandwichs dans le bus avant de reprendre le travail le lundi matin. Du côté de la capitale des Gaules, l’émergence d’un autre ballon pousse à la porte.
Thierry Braillard, l’actuel secrétaire d’État chargé des sports du gouvernement Valls, est un grand amateur de l’ovalie et un Lyonnais supporter du LOU (Lyon olympique université). Toujours à la fin des années 90, il siège au conseil municipal de la ville de Lyon en tant qu’adjoint aux sports. Comme les amateurs de rugby, il ne voit pas d’un bon œil le partage du même stade entre les filles du foot et les mecs du rugby, à savoir le stade Vuillermet dans le 8e arrondissement. Mais impossible de lessiver une équipe qui engrange des titres. C’est à ce moment de la partie que Jean-Michel Aulas est approché pour récupérer la section foot féminin.

L’arrivée tendue des filles à la plaine des jeux de Gerland

Une poignée de mains entre les deux hommes influents et un compromis : plus de foot à Vuillermet, plus de rugby à la plaine des jeux de Gerland. Chacun son troupeau, et les moutons seront bien gardés. Mais dans les couloirs des Algéco de Tola Vologe, l’arrivée de « gonzesses » est loin de faire l’unanimité. En effet, avec leur statut en D1, les féminines sont alors prioritaires sur la réserve de l’OL en CFA, notamment pour les matchs du dimanche. Et certains ego masculins sont alors « malmenés » quand il s’agit de jouer en lever de rideau des filles.

Début 2000, le FC Lyon arbore donc ses nouvelles couleurs, celles de l’Olympique lyonnais. Durant cette période de transition, l’OL ne remporte plus de titres, misant d’abord sur la formation. Puis, un premier épisode va enclencher cette soif insatiable de tout gagner. Farid Benstiti, entraîneur des premières heures de gloire de cet OL, voit arriver dans son vestiaire cinq Américaines, dont Fair, Solo, Wagner, des joueuses championnes du monde et olympique. Si la mayonnaise commence à prendre, le Montpellier de Loulou Nicollin tient toujours la barre du foot féminin. Parce que c’est bien dans la ville de l’indéboulonnable Georges Frêche que la première équipe professionnelle du foot féminin voit le jour, avec dans l’effectif Lattaf, Abily, Bompastor… Du côté de Juvisy, toujours dans le coup, les filles sont pour la majorité employées à la mairie, avec néanmoins un soutien essentiel, celui du Conseil général de l’Essonne. Aulas sait ce qui lui reste à faire pour redevenir compétitif : il drague les joueuses du MHSC.

Quatre finales de Ligue des champions

En 2007, le président est aux anges avec le premier titre de champion de France pour l’OL. Farid Benstiti, aujourd’hui coach du PSG, aligne chaque week-end les meilleures Françaises : Abily, Lattaf, Bompastor, Necib, Georges, mais aussi les premières étrangères dont deux Brésiliennes et une Costaricienne géniale, Shirley Cruz, elle aussi aujourd’hui au PSG. Plus personne n’arrêtera leur ascension. Des succès à répétition qui ne se sont pas construits uniquement grâce à un portefeuille. L’OL d’aujourd’hui est en effet bâti sur de solides fondations, celles du FC Lyon. En 1991, il est le premier club français à faire venir une étrangère, une Russe, Irina Gregorieva. Actuellement, le président Aulas prend régulièrement conseil auprès d’un certain Paul Piemontese, véritable fil conducteur de cette histoire. Employé chez Renault truck, Piemontese s’est pris au jeu du foot féminin bien avant tout le monde et est aujourd’hui président de la section féminine de l’OL. Et comme le malheur des uns profite aux autres, la baisse de régime de Junhino et consorts aide à la mise en lumière des filles.

Aulas ne pouvant plus rivaliser au plus haut niveau, il mise sur les filles pour mettre en avant le club, du pain béni. De 2010 à 2013, elles enchaînent quatre finales de Ligue des champions pour deux titres (2011/12). À la tête de l’équipe, un nouveau coach, Patrice Lair, un gars franc du collier qui offrira à l’OL ses lettres de noblesse internationales. Toujours dans l’objectif de faire parler, mais aussi de renforcer plus encore l’effectif, l’Américaine Megan Rapinoe, considérée comme l’une des meilleures joueuses du monde, signe à l’OL en 2013. Elle ne restera pourtant que 6 mois avant de rentrer à Seattle. L’un des rares couacs du recrutement. Cette saison, sous la conduite de Gérard Prêcheur, Camille Abily et Wendy Renard, des filles abonnées à l’Olympique lyonnais depuis le début, viennent d’enfiler un 9e titre de championnes de France avec des stats extraterrestres pour l’équipe : un record de 132 buts en une saison qui sera battu, un Grand Chelem en championnat quasi certain (il reste deux matchs), la Suédoise Lotta Schelin qui fait passer Lacazette pour un joueur qui se cherche encore, avec 38 buts en 27 matchs.

À ses côtés, Eugénie Le Sommer fait aussi bien avec 34 buts en 27 matchs, sans oublier la Norvégienne Ada Hegerberg, 30 buts en 28 matchs. Forcément, avec un tel arsenal, les adversaires ramassent les miettes. Même le PSG et son budget deux fois supérieur (environ 7 millions d’euros) s’essouffle à espérer les suivre. Pourquoi ? Peut-être parce que le foot féminin reste encore amateur, ce qui explique ces différences énormes. Alors que la grande majorité des joueuses sont étudiantes ou employées, elles ne sont pas plus d’une dizaine en France à gagner environ 20 000 euros par mois, alors qu’une internationale lambda avoisine les 5 000 euros mensuels. D’ailleurs, là aussi, le parallèle avec les hommes tient le pavé. Après la sortie de route du bus de Knysna, la fédé a voulu se racheter une conduite en misant sur le foot féminin. Qu’en sera-t-il si DD offre un bel Euro à la France ? Pour les filles de l’OL, le prochain titre se jouera à Calais, lors de la finale de la Coupe de France contre Montpellier. Un trophée accroché à Lyon depuis 2012…

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« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »
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Par Cédric Perrier, avec Denis Dupont

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