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L’anomalie Rémy
À 31 ans, Loïc Rémy a fait son grand retour en Ligue 1, cet été, après avoir bourlingué à l'étranger pendant cinq ans. L’attaquant a fait le choix de Lille afin de s’offrir une seconde jeunesse. Sauf que son début d’exercice est loin d’être idyllique.
Un retour, ça se fête. Voilà ce que Loïc Rémy a pu se dire dans sa tête en cette douce soirée angevine du 1er septembre 2018, date de sa première titularisation en Ligue 1 depuis plus de cinq ans. Sauf que l’heure de jeu est passée, et Angers vient d’ouvrir le score par Ismaël Traoré. Vite, il faut se dépêcher et enfiler le costume du sauveur. Le penalty sifflé à la 63e minute – obtenu à la suite de sa tête rageuse contrée par la main de Mangani – est l’occasion idéale. Alors Rémy s’empare de la gonfle sous les yeux de Nicolas Pépé, déterminé à ouvrir son compteur, mais perd son duel face à Ludovic Butelle avec une frappe sans grande conviction. Coup dur, surtout que l’attaquant cède sa place à Luiz Araujo quelques minutes plus tard pour assister à la première défaite de la saison du LOSC du banc de touche. Un premier tournant ?
À l’abri du penalty-gate
« Dans mon mode de fonctionnement, il y a un ordre avec trois tireurs et Loïc en faisait partie, explique Christophe Galtier en conférence de presse après ce revers à Angers. À partir du moment où il prend le ballon dans les mains, c’est difficile voire impossible pour un autre joueur de lui dire quoi que ce soit. » Outch. Le bon Loïc aurait-il déjà agacé ses coéquipiers, et notamment le taulier Nicolas Pépé ? « J’ai attendu que le soufflé retombe, tempérait le technicien lillois dans L’Équipe mi-septembre. J’ai attendu le retour de Nicolas de sélection et que Loïc digère. Moralement, ça lui a fait du mal.(…)Après, il n’y a pas de mal-être chez Loïc. Il est joyeux tous les jours quand il arrive, et on est contents de le voir tous les matins. » Ouf, le groupe vit bien, et Galtier semble gérer son effectif d’une main de maître après une saison en enfer.
Puis, difficile de ne pas comprendre la dalle du buteur formé à Lyon. Après une saison plutôt réussie en Liga, entre Las Palmas et Getafe (8 pions), Rémy veut prouver à la Ligue 1 qu’il n’a pas perdu ses qualités et son sens du but. Surtout qu’il avait déjà connu une première contrariété dans son aventure nordiste, celle de devoir faire une croix sur les deux premiers matchs de championnat à cause des difficultés financières du club, contraint par la DNCG de limiter sa masse salariale. « Il y a eu cet effet, finalement non bénéfique, ne pas enchaîner les matchs de compétition derrière les matchs de préparation pour Loïc » , admettait Galtier dans L’Équipe. Pour ne rien arranger, l’international français joue ce match à Angers avec un petit souci musculaire et doit ensuite se contenter d’entrer en jeu dans le temps additionnel contre Amiens (3-2) et Nantes (2-1).
La cinquième roue du carrosse ?
Pas évident de faire ses preuves en quelques secondes et d’oublier cet épisode du penalty. Mais cette saison, Lille peut compter sur un secteur offensif bien garni, dans lequel le joueur formé à Lyon a du mal à se faire une place. Nicolas Pépé marche sur l’eau, Jonathan Bamba est décisif et Jonathan Ikoné se montre déjà précieux dans le 4-2-3-1 de Galtier. La chance de Rémy ? Devant ce trio de folie, il reste une place de numéro 9, celle du buteur ou du remiseur, capable de travailler pour les trois flèches. Seulement, la concurrence commence à devenir rude. Le trentenaire pourrait bien passer derrière le Portugais Rui Fonte – arrivé sur le gong le 31 août –, auteur de débuts convaincants, ou même de la jeune pépite Rafael Leão (19 ans).
« Il faut qu’il ait plus de temps de jeu. Loïc n’a pas pu s’entraîner normalement ces dernières semaines, concédait Galtier avant le déplacement à Bordeaux en conférence de presse. Il a besoin de travailler, de remettre de l’intensité dans son travail, ses courses. Il travaille dur et on va y arriver. » Sans un Costil impérial, Rémy aurait pu enfin lancer sa saison, le 26 septembre. Et pour sa deuxième titularisation, dimanche dernier, contre l’OM (3-0) – Rui Fonte étant blessé –, il a encore été le joueur le moins en vue parmi les attaquants des Dogues, déchaînés face à la défense olympienne. Intéressant dans son rôle de « pivot » , il manque encore d’automatismes avec ses partenaires et surtout de vitesse. Pas de panique à Lille, des dirigeants aux coéquipiers, tout le monde demande de la confiance et de la patience pour la recrue estivale. Après tout, il reste du temps pour réparer l’anomalie.
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