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L’année du Sporting… ou pas
Depuis quatre ans, le Sporting court derrière un titre, aussi insignifiant soit-il. La saison dernière, les joueurs de Sá Pinto n'étaient pas passés loin de l'exploit en Europa League, où ils ont atteint les demi-finales, avant de s'effondrer lamentablement en finale de la Coupe du Portugal. Mais cette année, ils l'ont promis, ils vont gagner quelque chose. Enfin, peut-être...
L’espoir fait vivre, dit-on. Au Sporting, cette expression prend tout son sens. Voila dix longues années que les Leões et leurs supporters cherchent à remporter de nouveau le championnat portugais, pour ainsi mettre un terme à la bipolarité de la Liga Sagres, archi-dominée par le FC Porto (8 titres en 10 ans) et Benfica (2 titres). Un objectif qui semble s’éloigner un peu plus chaque saison, à tel point que l’autre Sporting, celui de Braga, n’est plus très loin de s’imposer comme la troisième puissance lusitanienne (hors palmarès). Pourtant, les semaines et les mois précédant chaque exercice sont pleins d’espoirs et d’ambitions dans les tribunes ; 2012 ne dérogeant pas à la règle. Chez les hommes de Sá Pinto, en revanche, on fait des promesses, oui, mais elles sont mesurées. Ou faussement optimistes.
Van Wolswinkel et ses 25 buts
L’une des plus marquantes reste celle du Néerlandais Ricky van Wolfswinkel qui déclare vouloir battre son record de 25 buts inscrits sous les couleurs du Sporting la saison passée. Ambitieux ? Arrogant ? Rien de tout cela. Le gamin présente cette statistique comme un Everest infranchissable, alors qu’à y regarder de plus près, il serait grave pour lui – un pur numéro 9 – et son club qu’il n’améliore pas sa marque dans les dix mois à venir. De fait, le puceau a planté un tiers de ses pions sur pénalty, sans quoi sa moyenne de buts générale excèderait péniblement le 0,4/match au lieu de 0,52 – ce qui, en soi, n’est pas plus satisfaisant à côté du 0,7 but de Cardozo par exemple. Conclusion : Ricky veut faire une saison un peu moins naze qu’en 2011-2012. Tout comme Emiliano Insúa, amateur des clubs de losers. L’ancien latéral liverpuldien vise « un titre » . Ni plus, ni moins. Cela peut être le championnat comme la Coupe du Portugal, la Coupe de la Ligue (tournoi préféré de Benfica) ou le trophée du fair-play. Déjà plus réaliste. Une qualité que ne partage pas le nouveau venu Danijel Pranjić, sûr de pouvoir redonner aux supporters lisboètes plusieurs trophées à court terme…
Le révélateur Pranjić
Outre ses propos utopistes, il y a trois leçons à tirer de la venue du milieu de terrain bavarois en terres portugaises sans indemnité de transfert. La première, c’est que Godinho Lopes, président des Leões, n’a vraiment plus un sou. Pas top pour un prétendant à la suprématie nationale. Après Labyad, en provenance du PSV, le Croate est la seconde recrue gratuite du Sporting cet été. Deuxième enseignement : Pranjić vient grossir les rangs des milieux de terrain. Il y en a neuf à présent. Le club va donc devoir en vendre au moins un pour alléger sa masse salariale. Pour ce faire, quoi de mieux que se séparer de Matías Fernández ou Elias, deux des plus gros revenus de l’effectif ? Enfin, dernière conclusion, Sá Pinto semble privilégier les joueurs adroits balle au pied aux brutes épaisses pour constituer son entrejeu. L’ancien joueur du Bayern Munich répond parfaitement à cette logique. Il est petit, frêle (1m72, 67 kg) et s’inscrit donc dans la lignée des Izmailov, Capel, Schaars…
Un bon coach, mais pas de banc
L’entraîneur leonino a, semble-t-il, décidé d’entamer la nouvelle saison comme il avait fini la dernière, en compensant la faiblesse physique de son secteur offensif par sa vitesse et sa technique. Système dans lequel l’absence d’un réel n°6 oblige Sá Pinto à faire jouer ses hommes très bas pour éviter d’éventuels trous entre les lignes et ainsi mieux piéger l’adversaire en contre. Un schéma probant, certes, mais qui trouve rapidement ses limites face aux formations habituées à presser haut et conserver le ballon, comme Porto, Benfica ou l’Athletic Bilbao. Sur la durée, le banc du Sporting semble un peu moins bien garni que celui de ses deux éternels rivaux, qui, en plus, devraient être plus forts que l’an passé, sauf vente de joueurs cadres. Enfin, il manque au Sporting un gars capable de faire la différence sur une action comme Hulk, James, Witsel, Cardozo. Un type de grande envergure, quoi. Pour l’instant, il y a bien Diego Capel qui semble se rapprocher de ce profil, mais c’est insuffisant pour viser la première place. Même Braga, à travers Lima, Mossoro et Hugo Viana, semble plus menaçant individuellement. La mission s’annonce une fois de plus compliquée pour les Lions. Même s’ils ont les moyens de faire mieux cette saison…
Par William Pereira