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L’Angola est toujours là

par William Pereira
5 minutes
L’Angola est toujours là

Les quarts en 2008, les quarts en 2010, une élimination au premier tour en 2012. L'Angola commence à s'habituer à la CAN. Mais pas à la victoire. Pourtant, la sélection la plus latino du tournoi à des atouts à faire valoir. Et de quoi enfin atteindre les demies. De toute façon, le président de la FAF a déjà dit à son sélectionneur qu'il resterait en place même si les Palancas Negras s'arrêtaient avant les quarts. L'Angola va donc en Afsud sans pression. Ou presque.

CV express

2009…Les Palancas Negras terminent deuxièmes de leur poule lors du deuxième tour des phases qualificatives pour la Coupe du monde 2010. Sauf que l’Angola affiche un bilan exécrable contre les meilleures équipes de son groupe, l’empêchant de figurer parmi les huit meilleurs deuxièmes qui disputeront le troisième tour. La Fédé angolaise est surprise et gueule. Pourtant, la chose était prévisible. Après avoir participé à la Coupe du monde 2006, les Angolais ont vu nombre de leurs cadres prendre leur retraite, à l’instar de João Ricardo et Akwa. Sans parler du talentueux Mantorras dont la carrière à tourné au vinaigre à cause d’un genou en plastique… Du coup, c’est la génération de Manucho et Mateus qui prend la relève. Talentueuse, certes, peut-être même plus que la précédente, mais encore trop instable. En témoigne l’improbable 4-4 face au Mali après avoir mené 4-0 jusqu’au dernier quart de la partie lors d’une CAN 2010 au cours de laquelle ils échouent en quarts de finale face au Ghana. L’année dernière, le jeu des montagnes russes n’a pas réussi aux Palancas Negras, troisièmes de leur poule avec quatre points. Au final, l’Angola, c’est l’équipe bien chiante qui peut gagner contre n’importe qui et perdre contre le dernier des nuls. Un peu comme le Portugal…

Pourquoi ils vont… enfin atteindre les demi-finales

Sauf que depuis quelques mois, la donne semblait avoir changé au sein de la sélection angolaise. L’Uruguayen Gustavo Ferrin a débarqué dans l’ancienne colonie portugaise à l’été 2012, envoyé sa nouvelle équipe au bord du précipice contre le Zimbabwe (défaite 3-1 à l’aller) avant de la ressusciter (victoire 2-0 au retour) et ainsi la qualifier pour la CAN 2013. L’Angola n’a dès lors plus perdu le moindre match et s’est même offert le luxe de battre la Zambie en amical. Le secret ? Un collectif bien huilé et un semblant de rigueur tactique – assez rare en Afrique pour être souligné – importé directement d’Uruguay. Mais ceci n’explique pas tout. Gustavo Ferrin dispose de trois ou quatre groupuscules de joueurs évoluant dans le même club : Marco Airosa (prêté par le Nacional de Madère), Gilberto et Dédé sont depuis deux ans à Limassol – oui, l’équipe qui a mis une tannée à l’OM en C3 – alors que Neblu, Bastos et Manucho Dinis évoluent au Primeiro Agosto en Angola. Bref, la plupart des joueurs évoluent dans le Girabola et se connaissent par cœur. Sauf que c’est bien beau d’être pote avec ses coéquipiers, mais en attendant, la moitié du onze type joue dans le championnat angolais. Et ce n’est pas comme ça qu’on va loin à la CAN. Heureusement, Djalma, Mateus, Zuela et Manucho sont là pour représenter l’Europe. Grâce à ces quatre-là, l’Angola peut aller loin. D’autant que Gustavo Ferrin et sa bande sont tombés sur un faux groupe compliqué : l’Afsud décline, le Maroc fait juste peur sur le papier et le Cap-Vert risque de faire un peu de tourisme chez les Bafana Bafana. Et puis en quarts, sur un coup de tête, l’Angola peut tomber contre une équipe inférieure et se retrouver en demies sans que l’on s’y attende. Comme le Portugal. Toujours…

L’homme à suivre : Manucho (Non, pas Manu Chao)

Manucho, c’est un peu le prototype de Mantorras avec de vraies jambes. L’ancien attaquant de Manchester United (si, si) cartonne en Liga cette saison avec six pions marqués en 15 matchs avec le Real Valladolid, dont un doublé contre le Real Madrid le 8 décembre dernier. Le protégé de Jorge Mendes – oui, le monde lui appartient – a surtout la particularité de faire des misères pendant la CAN. Depuis 2008 et en trois éditions de la Coupe d’Afrique des nations, Manucho a tout simplement inscrit neuf pions avec l’Angola : quatre en 2008, deux en 2010 et trois en 2012. Autant dire que l’avant-centre des Palancas Negras va sévir en Afrique du Sud, à moins qu’il ne chope le Chikungunya. Ou qu’il se fasse découper. Ou les deux.

La banane : Pedro Neto

Pedro Neto, président de la Fédération angolaise de football est un homme de contradictions. Dans une grande interview accordée à la télévision nationale, il a déclaré exiger que sa sélection se qualifie pour les quarts de finale de la CAN, histoire de bien foutre les jetons à tout le staff. Sauf que le lendemain, il dit publiquement à son sélectionneur que s’il se fait sortir au premier tour, ce ne sera pas grave, qu’on ne le tuera pas à coups de machette et qu’on n’égorgera pas sa famille. Et puis le lendemain, rebelotte : « J’attends des Palancas Negras qu’elles atteignent les quarts de finale. » Encore un qui regarde trop souvent Fight Club.

Le portrait-robot

12% de croissance annuelle. Hein ? La crise ? Connais pas…

20% du Portugal. Eux par contre, ils connaissent bien la crise. Du coup, l’Angola la fait à l’envers. Et rachète son ancien boss. Prends-ça, l’Histoire.

18% de Kuduro. Une faute de goût artistique rapidement rayée par l’apparition du Gangam Style.

10% de capoeira. Décidément, ils ont un problème avec la danse. La capoeira aurait été importée au Brésil par des esclaves angolais.

15% de Miss Univers. L’un des rares titres que le pays gagnera dans son histoire.

20% de diamants. L’Angola possède la plus grande réserve de diamants inexploitée dans le monde.

4,99% de futur. L’Angola deviendra le plus gros producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne en 2015. Tellement dans le futur que Booba aurait déjà acheté une villa à Luanda.

0,01% de Jocelyn Angloma.

Le dicton

« Quelqu’un qui se cache ne siffle pas. » Pierluigi Collina

Pourquoi Palancas Negras ?

Parce que l’hippotrague noir géant. Plus pokémon qu’animale, l’espèce, en voie de disparition, n’existe qu’en Angola. Et bientôt, elle n’existera plus que dans les livres d’Histoire. Ou sur les cassettes VHS de Nicolas Hulot.

L’hymne officieux

Palanca Negra, justement.

Mais aussi Gangnam Style. Parce que c’est mieux que le Kuduro et la capoeira. Et parce que l’Asie est très présente en Angola, aussi.

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