- Mondial 2022
- Quarts
- Angleterre-France (1-2)
L’Angleterre y était presque
Défaite par l’équipe de France ce samedi, l’Angleterre est passée proche du succès. Une stratégie défensive payante et 45 minutes de domination. Sans succès.
Harry Kane ressassera-t-il son penalty manqué à l’Al Bayt Stadium ce samedi soir ? Certainement. En tout cas, l’attaquant anglais se dira sûrement qu’il est passé à quelques centimètres de relancer la machine anglaise face à la France, au sortir d’une prestation aboutie. Mais une nouvelle fois insuffisante.
Bataille de couloirs
L’avant-match prêtait d’ailleurs à cet âpre duel. Entre jeu de médias et déclarations en conférence de presse, Kyle Walker s’était targué d’un plan « anti-Kylian Mbappé » , essentiel pour enrayer le rouage collectif français. Des paroles, bientôt suivies d’actes dès l’entame de partie. Les prises à deux ou trois se sont effectivement enchaînées sur Mbappé, difficilement trouvé par Antoine Griezmann – libre, mais trop seul – et dont une seule accélération aura été à signaler (suffisante, cependant, pour prendre de vitesse le latéral de Manchester City). Pour Walker, le salut est notamment venu des replis supersoniques de Bukayo Saka, en véritable essuie-glace, et de la mobilité de Jordan Henderson n’ayant aucunement hésité à prêter main forte à ses coéquipiers dans le couloir droit. Laissant alors l’axe aux projections de Jude Bellingham, et la récupération à Declan Rice.
Une stratégie astucieuse, pour couper la principale rampe de lancement des Bleus du reste de ses compères d’attaque, et en isoler les transmissions. Première victime : Ousmane Dembélé. En confrontation avec Luke Shaw, l’ailier a été privé de ses accélérations le long de la ligne de touche, et un peu plus encore de son apport primordial dans la surface. Une zone de vérité dont a, en bout de chaîne, peiné à profiter Olivier Giroud, malgré son coup de casque salvateur. Cette succession d’éléments, en effet domino volontaire, Gareth Southgate est donc parvenu à l’assembler à la quasi-perfection afin d’offrir à ses protégés l’occasion de conserver le ballon et de proposer un jeu à la hauteur de leur talent. « Je ne pense pas que mes garçons puissent être capables de faire mieux que ce qu’ils ont fait ce soir », pose justement le sélectionneur.
Le détail qui tue
Malheureusement, et comme souvent dans son histoire footballistique, l’Angleterre a pêché dans le détail. Pour ce quart de finale, il a ainsi fallu qu’Harry Kane, égalisateur à l’heure de jeu, se manque à cinq minutes du terme, sur son exercice favori du penalty. La triste conclusion d’une partie globalement maîtrisée, qui plus est en seconde période. « On a perdu la deuxième mi-temps, on leur a donné beaucoup de choses,estimait d’ailleurs Didier Deschamps après le match.On leur a donné un penalty, un deuxième, plusieurs coups francs près de la surface, c’était assez tendu. »
Le stress du placide DD, conscient de ne pas être passé loin de la correctionnelle. Sereins à la possession (58%) et précis dans les centres (18, soit près du double de l’équipe de France) – dont seront venues leurs principales occasions –, les Three Lions auront donc presque tout fait comme il faut, pour, aujourd’hui, se donner une image de perdant « magnifique » . « Nous avons été l’équipe la plus consistante et entreprenante dans ce match », résume Kane, rejoint par Jordan Henderson. « C’était notre victoire logiquement… » Mais le beau jeu fait rarement gagner, et pour l’Angleterre, voilà une septième élimination en quarts de finale de Mondial, un record.
Par Adel Bentaha