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L’Angleterre samba les couilles

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L’Angleterre samba les couilles

Plus qu'une tendance, une confirmation : la Premier League , plus internationalisée que jamais, ne fait pas la part belle aux stars brésiliennes qui ne se sont jamais autant barrées de leur pays. Alors, c'est quoi le problème ?

On a beau chercher, on ne voit guère que lui. Plus de vingt ans après la fin de sa carrière, vingt-cinq ans après sa seconde Coupe de l’Uefa conquise avec Tottenham après celle glanée avec Ipswich, Alan Brazil reste le lien le plus évident entre l’Angleterre et le Brésil Juste pour son patronyme car à ce que l’on sache, il ne coule pas la moindre goutte de sang auriverde dans les veines de cet Ecossais pur malt. Pour le reste, il faut bien le dire, Albion s’est toujours attachée à rester insensible aux charmes brésiliens. Ou quand le berceau du ballon rond snobe le royaume du football. L’affaire est d’autant plus incompréhensible que la Premier League est la compétition la plus internationalisée d’Europe et le championnat le plus performant en Ligue des champions, et que le Brésil est le premier fournisseur d’expat’du vieux continent, et la nation la plus représentée en C1. En clair, y’a une couille dans l’équation.
Sus à Pelé et sa bande
D’ailleurs, cette esquive ne date pas d’aujourd’hui. Il y a quarante-quatre ans, quand l’Angleterre, lasse de se faire humilier aux quatre coins de la planète, décide d’inviter le monde chez elle, elle s’arrange pour virer les doubles champions du monde sortants dès le premier tour en laissant bouchers Hongrois et maçons Portugais désosser Pelé, ce qui aurait fait dire à l’Anglais Stanley Rous, alors président de la Fifa : « C’est bon, désormais la voie est libre pour l’Angleterre » . Ou quand les sujets de la Reine se réjouissent de faire la nique au Roi. Et comme pour mieux verrouiller le royaume, il faut se souvenir que Pelé, qui a quand même cassé des reins dans la plupart des plus grandes enceintes d’Europe au gré des tournées de Santos, n’a jamais foulé la pelouse ciselée de Wembley. Un des plus grands regrets du triple champion du monde. Que Pelé se console : ses compatriotes n’ont pas vraiment eu plus de chances sous le ciel pluvieux d’Albion. Sincèrement, on ne voit guère de ressortissants du Brésil qui ait vraiment marqué l’Angleterre de son empreinte. Allez, en se forçant un peu, on pourrait évoquer Juninho (pas Pernambucano le Lyonnais, mais Paulista) qui avait ambiancé le dancefloor chez les pieds carrés de Middlesbrough à la fin des 90’s, façon Giovanni à Hull City aujourd’hui. En fouillant encore davantage, on pourrait aussi citer Gilberto Silva et Silvinho d’Arsenal au début des années 2000. Mais c’est à peu près tout et c’est bien peu. Aujourd’hui, en scrutant les tops teams, aucun Brésilien d’envergure n’émerge. Autre signe qui ne trompe pas : d’un pays avant tout connu pour ses attaquants hors norme et ses milieux offensifs magiques, l’Angleterre n’a importé pour l’essentiel que des milieux def’. Soient Denilson à Arsenal, Lucas Leiva à Liverpool ou encore Anderson à Manchester United. Ou des latéraux de second plan comme Fabio Aurelio chez les Reds, les jumeaux Fabio et Rafael à MU ou Belletti à Chelsea. Oui, plus encore que les joueurs, c’est l’ADN même des Brésiliens que l’Angleterre rejette. Traduction : Robinho est plus que mal barré.
Roberto Carlos fait la leçon à Beckham
Il faut dire qu’Albion se prête mal au bonheur brésilien et ce, bien au-delà de la carte postale qui voudrait que des mecs qui adorent bien manger et faire la fête à poil n’aillent pas se bousiller le moral et la santé au pays de la malbouffe et de la pluie continue. Après tout, Lyon et ses hivers kazakhs savent accueillir les concitoyens de Lula, pour la plus grande gloire des Gones. Non, bien plus que les conditions de vie, dont on peut toujours s’arranger contre monnaie sonnante et trébuchante, c’est bien le football pratiqué en Premier League qui peut rebuter les Brésiliens. Ce jeu direct et aérien pas forcément du goût des maîtres de la passe redoublée et de la balle au sol. Il n’y a qu’à se repasser la bande-son de Roberto Carlos en 2005 dans Four Four Two. « Je considère de que David Beckham fait partie des trois meilleurs joueurs du monde. Et l’équipe d’Angleterre a belle allure sur le papier mais je trouve toujours qu’elle cherche trop vite la surface adverse au lieu de bien préparer les attaques. J’ai discuté avec David du quart de finale que nous avons gagné en 2002 (2-1). Les Anglais avaient les moyens de nous battre mais au lieu de bien travailler avec le ballon, ils ont systématiquement cherché à balancer devant. Ça nous a permis de refaire surface, de nous régler et de prendre le dessus en faisant courir le ballon » . Ce à quoi Beck aurait pu répliquer : « Ok, mais nous, on ne sait pas faire ça » . Car la « répulsion » anglaise est aussi teintée d’une forme de jalousie.
Barnes mis à l’amende par des gamins brésiliens
Pour comprendre ce petit complexe, il suffit de se plonger dans les livres d’histoire. La leçon est lumineuse : l’Angleterre n’a jamais vaincu le Brésil en Coupe du monde. Quatre confrontations pour autant d’échecs : nul (0-0) en match de poule en 1958, défaites (1-3) en quart 1962 face à la bande de Garrincha (doublé, et sans Pelé s’il vous plaît), en match de poule 1970 (0-1, RIP Gordon Banks) et en quart 2002 (1-2, RIP David Seaman). Le même genre de malédiction que face aux All Blacks au rugby (Néo-Z que les Français savent si bien faire tomber comme ils le font si bien, tiens tiens, face aux Brésiliens). Oui, le Brésil a quelque chose d’inaccessible pour les Anglais. Presque de surnaturel. En 1984, lors de la seule victoire anglaise en terre auriverde, John Barnes avait inscrit un but tout en slalom géant, un des plus beaux de l’histoire de la sélection aux Trois Lions. Le lendemain, le futur ailier de Liverpool est suivi par la télévision brésilienne qui demande à la nouvelle hype anglaise, tellement brésilienne dans son style, de faire quelques grigris devant des petits Brésiliens venus voir la sensation made in England. Barnes se dégonfle poliment. « Ces gamins jonglaient tellement mieux que moi… » . Vingt ans plus tard, il ne faut pas donc pas s’étonner de voir l’Angleterre, juste après l’Euro 2004, jeter son dévolu sur un phénomène naissant nommé Wayne Rooney presqu’aussitôt rebaptisé… « Roonaldo » ! Référence à Ronaldo, le vrai hein. Celui-là même qui un soir de mars 2003 quitta Old Trafford sous une standing ovation après un triplé magique face à un MU dépassé par ce talent si absolu, si brésilien. Si peu anglais, en somme…

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