- Euro 2016
- Gr. B
- Angleterre-Russie (1-1)
L’Angleterre rejointe au buzzer
Alors que les Anglais, enthousiasmants en première période, croyaient tenir leur première victoire lors d'un match inaugural de l'Euro, les Russes ont douché leurs espoirs à la dernière seconde. Coup dur pour les Three Lions.
Angleterre 1-1 Russie
Buts : Dier (73e) pour les Anglais // Berezutski (93e) pour les Russes
« Ça fera 1-1 mate, c’est vrai que pour la première fois depuis longtemps, on a une bonne équipe, qui nous donne envie d’y croire et que les Russes sont nuls, mais on est fucking England, on ne gagne jamais rien ! C’est désespérant ! » Comme quoi, ça vaut le coup d’écouter l’analyse de post-adolescents de Birmingham, pintés sous la douceur marseillaise. À l’entrée du stade, Gary, Jonathan et leurs potes le savaient. L’Angleterre n’allait pas battre la Russie, et ce, malgré une domination évidente, un jeu chatoyant en première période, une reconversion réussie pour Wayne Rooney ou encore un public incandescent. Malgré tout cela donc les hommes de Roy Hodgson n’ont pas pu infirmer la prédiction houblonnée de jeunes lads qui, en lisant les tabloïds, avaient appris que les 3 Lions n’avaient jamais remporté leur match inaugural lors de l’Euro. Eric Dier croyait avoir pourtant vaincu le signe indien…
Wayne’s world
Ils sont arrivés des quatre coins du Royaume, n’ont pas envie de rentrer chez eux et le font savoir en chantant très fort. Ils entonnent un God Save The Queen qui donne la chair de poule, conspuent l’hymne russe. Ils ne reconnaissent pas le stade, depuis la dernière fois qu’ils sont venus. Le Vel’ a changé, s’est embourgeoisé, gentrifié comme un pub de l’est londonien. Comme Wayne Rooney aussi, qui, d’attaquant hargneux (et extrêmement doué) s’est transformé en un délicat milieu de terrain. Le cœur du jeu, c’est Wayne’s world, le Mancunien la joue comme Lampard, descend très bas, parfois juste devant la paire de centraux, ajuste quelques transversales. Dans un fauteuil, l’homme trouve parfaitement Dele Alli. La relation entre les deux annonce de belles choses, comme lorsqu’Alli sert son compère après un festival au coin de la surface russe. Celui-ci enchaîne par une volée qu’Akinfeev, immuable, renvoie des deux poings. Les Anglais s’installent chez leurs adversaires, testent les gueules d’agents du KGB d’Ignashevich et Berezutski. Et visiblement, le KGB, ce n’est plus ce que c’était. Heureusement que Smolnikov, plus vif, fait un sauvetage miraculeux devant Sterling. En vitesse, en justesse, les Russes sont débordés. L’équipe la plus jeune du tournoi séduit vraiment, joueuse, enthousiaste, un peu brouillonne parfois, mais avec des idées et du feu dans les jambes. En face, la Russie est apathique, ne propose pas grand-chose. Pourtant, aux citrons, il y a bien 0-0, la malédiction est en route.
Kane pas dans le coup, Berezutski si !
Dans la partition enthousiasmante des Anglais, un homme n’est clairement pas dans le tempo. Cet homme, c’est Harry Kane, qui rate à peu près tout. Plusieurs fois sur des centres tendus, le buteur ne sent pas le jeu, alors qu’il aurait pu soulager son équipe. Il tire même les corners au troisième poteau. Le public a beau entonner : « Your defence is terrified, cause Vardy is on fire » , Jamie n’est pas sur le pré. Son entrée se fait attendre, les Anglais en ont moins sous la semelle, et les Russes tentent de faire mouche sur coups de pied arrêtés et en contre. Wayne Rooney a la victoire au bout du pied, mais Akinfeev sort une superbe parade. La délivrance vient peut-être d’Eric Dier d’un superbe coup franc. Sauf que Berezutski gâche la fête. Marseille, elle, est soulagée. Elle s’apprête à vivre une dernière nuit difficile, mais demain, elle dira goodbye a deux invités devenus embarrassants : l’Angleterre et la Russie.
Par Arthur Jeanne, au stade Vélodrome (Marseille)