- LIgue des nations
- J6
- Angleterre-Croatie (2-1)
L’Angleterre, la gagne ou rien
Emportée par une énorme ambiance en fin de match à Wembley, l’Angleterre est parvenue à vaincre ses démons contre son cauchemar croate (2-1). Un succès révélateur de la nouvelle vague initiée par les Three Lions, où le culte de la défaite apparaît désormais lointain.
Tout avait pourtant commencé par un grand classique : une glissade immonde de Fabian Delph au moment de passer un ballon en retrait dès la deuxième minute de jeu, la sortie en catastrophe de Jordan Pickford, incapable de saisir le ballon, puis un sacrifice de kamikaze pour s’opposer à l’adversaire. La suite, c’est un ballon qui file au-dessus du but anglais et une menace transformée en simple avertissement pour les hommes de Gareth Southgate, désireux de prendre une revanche sur sa bête noire croate depuis maintenant onze ans. Car avant d’être éliminée par les Vatreni en demi-finale du dernier Mondial, l’Angleterre s’était déjà cassé les dents lors des éliminatoires de l’Euro 2008 dans ce même stade de Wembley (2-3). Mais cette fois-ci, elle s’est décidée à bousculer l’évidence d’un destin tragique. Et c’est tant mieux.
Chilwell : « Ne jamais rien lâcher »
À l’image de ce désir d’aller de l’avant, l’Angleterre est progressivement apparue souveraine dans cette rencontre à l’aide d’une pression constante sur le but gardé par Lovre Kalinić, d’abord héroïque avant de craquer dans le dernier quart d’heure du match. Impassable, le remplaçant de Daniel Subašić est le grand bonhomme d’un premier acte où les locaux peuvent se mordre les doigts de ne pas mener au score à la suite des tentatives de Raheem Sterling, Harry Kane ou encore Ben Chilwell, symbole du renouveau britannique avec ses cinq sélections. « Cette victoire est méritée, avouait le latéral gauche de Leicester City après la rencontre. Nous avons fait le jeu en première période, puis un peu plus laissé la balle à la Croatie en seconde. Mais je crois que malgré le fait d’avoir été mené au score, nos deux buts sont mérités et démontrent notre volonté de ne jamais rien lâcher. »
C’est dans ce domaine que l’Angleterre, paradoxalement si jeune en âge, semble avoir pris le plus de bouteille. Le 15 octobre dernier, elle faisait fi de sa défaite à domicile contre l’Espagne pour aller s’imposer au match retour à Séville avec la manière et une avance de trois buts à la pause (3-2). Chahutée, mais jamais vaincue, l’Angleterre rentrait d’Andalousie avec un concept de jeu validé par une défense compacte, la vitesse supersonique du duo Sterling-Rashford sur les ailes et le point d’appui Harry Kane. Ce dimanche, cette équipe s’est montrée dominatrice dans le jeu, mais peu efficace au moment de conclure ses temps forts. De quoi baisser la tête et rendre les armes ? Pas du tout. Malgré l’ouverture du score du poison Kramarić (57e, 0-1), Gareth Southgate a mis les bouchées doubles pour envoyer Jesse Lingard et Jadon Sancho sur le pré pour exorciser le mauvais esprit. Bingo : cinq minutes après son entrée en jeu, le premier nommé égalise sur un but réalisé à l’envie (1-1, 78e).
Kane, la rage au ventre
Passeur décisif, Harry Kane ne souhaite pourtant pas en rester là. Brassard au bras, le buteur incite ses coéquipiers à revenir à la charge afin d’arracher le précieux sésame pour le Portugal l’été prochain. Il n’y a pas de petites compétitions à gagner, surtout lorsque l’on court après un titre international depuis 1966. Résultat : la culture de la défaite s’évapore et laisse place à celle de la furie londonienne. Au bout, cette victoire anglaise est à l’image du vingtième but inscrit par Kane en sélection nationale : un tacle glissé plein de détermination pour dévier la balle dans le but et communier avec ses fans, dans le stade qui l’acclame habituellement sous le maillot de Tottenham. « C’était un match intense, résume le capitaine avant d’aller prendre une douche bien méritée. Après la première période, nous aurions dû mener au score d’un ou deux buts, mais ce n’était pas le cas. Ensuite, la Croatie a marqué, mais elle nous a laissé des opportunités, et nous avons su en profiter. » Grâce à une grosse dalle et rien dans le bide.
Par Antoine Donnarieix