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L’Ange Gabriel

par Arnaud Clement
L’Ange Gabriel

S'il en est bien un à qui on incombe la renaissance de l'AS Nancy-Lorraine, c'est bien Patrick Gabriel. Lui, le formateur apprécié et écouté le recruteur qui a ressuscité la formation lorraine et surtout l'entraineur en train de faire bien plus que de sauver le club de la L2. Et si le meilleur entraineur de L1 était tout simplement là ?

Carlo Ancelotti, Rémi Garde, Christophe Galtier, Claude Puel, Elie Baup, Rudi Garcia. Si pour la plupart des aficionados de Jour de Foot et du CFC, le meilleur entraineur de L1 figure parmi cette demi-douzaine de noms, c’est aussi parce qu’on se penche moins sur le boulot des besogneux, des « petits » , de ceux dont le visage est aussi connu que celui des Daft Punk. Et notamment Patrick Gabriel, plus que jamais en passe d’être le second coach de L1 – après Antoine Kombouaré à Valenciennes en 2009 – à sauver une équipe ne comptant qu’onze petites unités à la trêve, alors que nombreux en sont encore au stade de Genesis à la simple évocation de son nom. Aujourd’hui, les Nancéens sont cinquièmes de la phase retour, devant l’OL et l’OM, aux fesses de Lille ou Nice. Et ce, après avoir été amputés d’éléments comme Haïdara, Mollo ou André Luiz, fourgués en prévision de la chute programmée en décembre, au moment même où le onze de Jeannot Fernandez faisait le plus peur à voir, avec un collectif frileux au possible. Dès lors, une seule question : comment est-ce possible ? Parce que l’homme a transformé en or tout ce qu’il a touché.

Enfin presque. Sa carrière de joueur s’est transformée en joli calvaire, de graves blessures aux genoux la réduisant au minimum. Pour preuve, entre 1981 et 1985, « Gaby » ne joue en tout et pour tout que douze matches, toutes compétitions confondues. Des années de galère bien vite oubliées une fois la machine à manager lancée. Car partout où il est passé, le Parisien d’origine a réussi. Au début des nineties, il prend en charge la formation de l’ASNL, ainsi que sa réserve. Un temps d’apprentissage avant une première mise en pratique vertueuse. Au milieu de nulle part, dans un club alors en D2, mais prenant l’ascenseur comme personne : Louhans-Cuiseaux. Petites structures, petits moyens, mais déjà, ce mordu de football impose sa patte. « Gaby a vraiment été dans son élément dans la mise en place de la structure de formation. Il avait une telle détermination et une envie de faire grandir ces jeunes. Il était réputé dur, mais si vous demandez à ses anciens joueurs, la plupart en gardent un super souvenir » appuie d’ailleurs Nicolas Mermet-Maréchal, en fin de carrière et débutant comme éducateur à l’époque. C’est précisément à ce moment-là que le club bressan sort alors plusieurs joueurs (Alou Diarra, Fabrice Pancrate, Alaeddine Yahia, Lionel Bah, etc.) et voit ses jeunes pousses remporter les titres de champion de France et du monde chez les scolaires.

Football Manager, mais en réel

Tantôt paternaliste, tantôt intransigeant, mais avec déjà un cerveau en ébullition et des idées qui fourmillent à la pelle, Patrick Gabriel convainc. A commencer par sa maison-mère, qui ne l’oublie pas et le fait revenir au chevet de sa réserve en 2002. « Il a rapidement prouvé qu’il était très bon avec les jeunes. Il est revenu au club alors que la CFA n’allait pas bien. Et d’ailleurs, quand celle-ci était en dedans, on a très souvent fait appel à lui » raconte Nicolas Holveck, le bras droit du président Rousselot. Parce qu’il est chez lui à Nancy, connait tout le monde et fait preuve d’une générosité dans l’effort et les missions qui lui incombent. « Beaucoup d’entraineurs disent qu’ils sont sur les terrains, mais ça me fait rire. Des mecs comme Patrick, qui vont fréquemment voir les U17, les U19, la CFA ou les féminines et qui peut facilement atteindre les 80 000 km au compteur par an pour son boulot et pour voir des matches, je n’en ai pas vus tant que ça » atteste d’ailleurs le vice-président, qui ne tarit pas d’éloges à l’égard de son protégé.

Sans doute parce qu’en plus de ses talents de formateur, Patrick Gabriel a aussi complètement revitalisé la cellule de recrutement. En 2007, il prend la tête du service avec pour mission de le régénérer, ce dernier ayant un rendement défaillant et trop insuffisant. Alors le sosie non-officiel de Louis Acariès prend le taureau par les cornes. Il noue des connexions dans la région parisienne, terreau plutôt fertile pour les chineurs de talents bruts. Rapidement, son réseau commence à le fournir en bonne came. Et le résultat, c’est encore Nicolas Holveck qui nous le donne : « C’est bien simple : avant qu’il ne soit au recrutement, on signait zéro ou un contrat pro par an. Mais sur la génération ’92, celle sur laquelle il a commencé à œuvrer, on en a signé cinq. Et cette année, nous faisons le même résultat avec cinq nouveaux pros sur la génération ’93. » Autrement dit, les recettes des ventes d’Haïdara (Newcastle) ou Jeanvier (Lille), qui ont donné un bon bol d’air frais aux finances meurthe-et-mosellanes, c’est grâce à Gaby. On dit merci qui ?

L’image de l’ASNL en passe de changer

Avant que l’inconnu des bancs de touche ne débarque dans la lumière en janvier pour ce qui s’apparente dès à présent comme une success-story. Un entraineur novice et presque chanceux pour le grand public ? Patrick Gabriel est un tacticien culotté et un meneur d’hommes capable de transformer les morts-vivants de l’ère Fernandez en sacrés footballeurs. C’est d’ailleurs là que sa méthode a de quoi surprendre. Outre les résultats sacrément positifs qu’il a récoltés depuis sa prise de fonction le 12 janvier dernier et un match contre Lille héroïquement fini sur un score nul (2-2), son apport est bien plus vaste. Nancy la frileuse et la défensive est en passe de devenir une équipe culottée, comme elle l’a montré à plusieurs reprises, que ce soit au Vélodrome, contre le onze léché lorientais – qui culmina seulement à 40 % de possession à Marcel Picot – voire même au Parc des Princes, où le futur champion fut loin d’infliger une correction à la lanterne rouge, Nancy frappant même quatre fois de plus qu’Ibra et consorts malgré la défaite. « Si on reste sur des affluences à 18 000 ou 19 000 personnes à domicile pour les réceptions d’Evian et Troyes, c’est aussi parce qu’il a redonné une identité au club » insiste d’ailleurs Nicolas Holveck, témoin de la métamorphose opérée.

Tandis que Jean Fernandez faisait sa frileuse (bloc équipe, première lame défensive, latéraux interdits de passer la ligne médiane, jeu direct, etc.), Patrick Gabriel met, lui, de la folie dans ses causeries et captive littéralement le vestiaire selon les témoignages rapportés de plusieurs joueurs, jeunes ou expérimentés d’ailleurs. Il transcende ses troupes et en tire la quintessence, pour pouvoir ensuite appliquer ses lubies tactiques, pensées comme insensées mais qui finissent très souvent par payer. « Je me souviens du match contre Lorient, où il nous sort une sorte de 3-3-3-1, avec trois défenseurs chargés d’occuper toute la largeur, des latéraux devant monter et apporter le surnombre en alternance, tout comme pour les milieux. Un truc osé de prime abord » se rappelle Nicolas Holveck, qui reste sur le banc de touche depuis son intronisation. Mais le résultat est là et Nancy s’impose ce jour-là face aux Merlus, non sans dominer outrageusement et offrir un jeu plein de panache. Mais si l’apport de l’intéressé est énorme, il demeure toutefois une inconnue : sa capacité à en faire de même maintenant que l’exigence de résultat et la pression sont de retour. En 1997-1998, alors qu’il était à Louhans-Cuiseaux, le groupe pro, alors dans l’antichambre, passe l’essentiel de sa saison à la dernière place, bien loin de la ligne de vie, avant de se sortir incroyablement de la zone rouge à l’avant-dernière journée, pour finalement y retomber lors de l’ultime. Alors Gaby, quitte ou double ?

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