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L’ange et le démon
Dans le dur, limite bidon et inconstant durant la première partie de saison, Ángel Di María s'est réveillé en 2017 avec les arrivées de Julian Draxler et Gonçalo Guedes. Depuis, Ratatouille marche sur l'eau. Ce qui est à la fois rassurant, mais donne aussi d'énormes regrets sur son début de championnat.
En football, les chiffres ne mentent pas. En 2017, Ángel Di María a joué 20 matchs avec le Paris-SG. Son apport ? 10 buts et 11 passes. Bien loin des 3 buts et 7 passes du premier tiers de la saison quand le PSG et l’Argentin toussaient leur football. Comment et pourquoi le numéro 11 est-il (re)devenu un joueur important au sein du club de la capitale ? Pas besoin de chercher midi à quatorze heures, Di María s’est sorti les doigts une fois que son poste était menacé. C’est tout. Car l’homme fonctionne comme ça, à en croire ses propos dans un entretien donné au Canal Football Club courant avril. « Dans tous les clubs où je suis passé, j’avais un rival qui pouvait prendre ma place. Un jour c’était Bale, un autre c’était Isco. J’ai toujours dû surmonter ça. Ici, je crois que j’étais trop tranquille. Quand ça arrive, il faut changer d’état d’esprit et réagir. Je crois que je ne faisais pas vraiment attention et quand Draxler et Guedes sont arrivés, je me suis rendu compte que j’étais en train de perdre ma place. C’est là que j’ai réalisé et les choses se sont énormément améliorées. » En somme, impossible de compter sur lui dans une équipe où personne n’est là pour lui faire de l’ombre a minima. L’avouer publiquement, mine de rien, est tout sauf anodin. Cela révèle une certaine idée de son individualisme dans un sport collectif. Le message envoyé aux copains est limpide : « Ne comptez pas sur moi pour trop en faire quand j’ai Lucas ou Ben Arfa en concurrence. » L’Argentin a eu beaucoup de mal à se faire aux méthodes d’Unai Emery, à savoir la répétition des efforts, surtout sans ballon. « C’est difficile à expliquer. L’entraîneur était sur mon dos en permanence pour que je m’améliore. Ça a été un peu dur avec lui. Parfois, quand on change d’entraîneur, c’est difficile de s’adapter rapidement à son état d’esprit. Ça a été compliqué pour tout le monde. Ça m’est arrivé ici, comme ça peut m’arriver en sélection » , lâche-t-il toujours sur Canal Plus. Au vrai, le numéro 11 n’a-t-il pas été surtout vexé quand le club a commencé à sonder le marché chinois pour lui trouver une porte de sortie onéreuse en janvier ? C’est possible. Il ne manquait plus que les débuts tonitruants de Julian Draxler pour faire sonner le système d’alarme de l’ancien du Real Madrid.
8e passeur de l’histoire du club
Ni vu, ni connu, le gaucher a commencé à mettre le bleu de chauffe, à se montrer volubile en zone mixte et à être décisif… Comme face au FC Barcelone où il plante un doublé au match aller et répond – enfin – aux attentes placées en lui. Seul joueur à avoir disputé et gagné une finale de Ligue des champions, Di María devait être l’homme de la C1. Légèrement décevant l’an dernier sur la scène européenne, il semblait avoir franchi un palier au cœur du mois de février… avant que son entrée catastrophique au Nou Camp ne vienne de nouveau semer le doute. Est-il le leader technique que le PSG attendait ? Possible. En tout cas, les chiffres plaident en ce sens, lui qui, après le match contre Monaco en Coupe de France, pèse déjà 40 passes décisives en moins de deux saisons dans la capitale, ce qui le place au 8e rang dans l’histoire des passeurs du club. Des chiffres qui rendent encore plus frustrante sa première partie de saison, car lorsqu’il est en flèche rouge, le gaucher est capable de briser une défense à lui seul. Pour celui qui a récemment abandonné la célébration « cœur avec les doigts » pour un « coup de fil » (en référence à sa fille qu’il voit peu, mais à qui il téléphone beaucoup), cette fin de saison est le théâtre parfait pour confirmer que le PSG ne s’est pas trompé en misant 63 briques sur lui lors de l’été 2015. Surtout, dans un club qui se cherche un directeur sportif, il serait bien pour celui qui cherche absolument à y mettre un de ses hommes que sa première pierre à l’édifice parisien ne soit pas une planche pourrie. Un certain Jorge Mendes. C’est donc plus qu’une simple fin de saison réussie que joue Di María…
Par Mathieu Faure