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Lamouchi, rendez-vous à ne pas manquer
Voilà un an jour pour jour que Sabri Lamouchi s’est installé sur le banc du Stade rennais. Les premiers mois réussis ont laissé place aux premières turbulences, conséquences d’un début de saison délicat des Bretons. Dans un tel contexte, les rendez-vous contre le Dynamo Kiev ce soir et Nantes dimanche s’annoncent déjà décisifs.
Un gros câlin vaut parfois mieux que mille mots. Ismaïla Sarr ne dira pas le contraire, le joueur de 20 ans étant un grand timide en dehors des terrains. Le Sénégalais a donc choisi d’afficher son attachement à Sabri Lamouchi à sa manière, lors de la victoire à Caen (1-2) samedi dernier. 69e minute de jeu : l’attaquant envoie un plat du pied imparable sous la barre de Brice Samba pour faire le break. Son premier réflexe ? Foncer vers le banc pour tomber dans les bras de Lamouchi, avant d’être rejoint par certains coéquipiers, venus eux aussi cajoler le coach. Et pour un entraîneur soi-disant menacé, ces gestes valent bien toutes les déclarations d’amour du monde.
L’homme du président ?
Le Franco-Tunisien aurait certainement préféré un climat plus serein pour souffler sa première bougie sur le banc des Rouge et Noir ce jeudi 8 novembre. Les rumeurs circulent dans les médias, notamment dans L’Équipe, depuis maintenant un peu plus d’un mois : l’avenir de Lamouchi en Bretagne serait incertain. Une première alerte avant le succès du 7 octobre à Monaco (1-2) avait particulièrement touché le technicien. « Je suis assez surpris de cette violence. Parce que pour moi, c’est violent, avait-il confié après la rencontre. En si peu de temps, on a tout remis en cause, et je suis assez surpris, mais pas habitué parce que je suis un jeune entraîneur. » Pas faux. Avant de débarquer à Rennes, Lamouchi n’avait connu aucune expérience européenne sur un banc, seulement deux aventures en Côte d’Ivoire et au Qatar. Pas de quoi effrayer Olivier Létang, le président délégué du SRFC, au moment de le nommer pour remplacer Christian Gourcuff.
Sauf qu’un an plus tard, la lune de miel entre les deux hommes forts de Rennes semble terminée. Il n’a pas fallu attendre la crise pour comprendre que leurs relations s’étaient rafraîchies, Lamouchi n’étant pas fan de l’omniprésence de l’ancien dirigeant parisien et lui reprochant de ne pas l’avoir prolongé plus tôt (il a signé jusqu’en 2020 le 3 juillet). Au point d’agacer Olivier Létang ? Possible, même si le président rennais s’efforce d’insister sur l’importance de « la stabilité » depuis quelques semaines. « Il y a des gens qui ne veulent pas que nous travaillions tranquillement, s’est même agacé Létang après la victoire à Caen. Je voulais vous transmettre ce message en disant qu’on avait beaucoup de tranquillité, nous souhaitons travailler dans la confiance et dans la stabilité. » Le message est clair, mais jusqu’à quand ?
L’homme de la situation ?
Cette semaine devrait offrir un premier élément de réponse. La victoire à Caen a permis aux Rennais de préparer la suite avec plus de calme, c’est-à-dire un déplacement à Kiev pour conserver l’espoir d’une qualif’ en Ligue Europa et un chaud derby contre Nantes afin d’enchaîner en Ligue 1. Pour affronter ces deux obstacles, Lamouchi peut compter sur le soutien des supporters rennais, qui ont scandé son prénom en pleine déroute contre Reims (0-2) il y a dix jours, ainsi que sur celui de ses joueurs, pas avares de mots doux pour leur entraîneur dès qu’un micro se présente, à l’image de Romain Danzé, pourtant jamais utilisé cette saison avant sa grave blessure. « C’est un coach extraordinaire, a-t-il récemment lâché sur RMC Sport. Ce qu’on a vécu la saison dernière nous a encore plus rapprochés de lui et son staff. »
Il faut dire que le natif de Lyon peut mettre à son crédit la première qualification du Stade rennais en Coupe d’Europe depuis sept ans, rien que ça. Et après ? Un mercato séduisant sur le papier – malgré des manques à certains postes – et des résultats parfois décevants en ce début de saison. Le jeune technicien de 46 ans tâtonne notamment tactiquement, ne sachant pas vraiment quel système mettre en place pour faire briller Ben Arfa et Grenier ensemble. Le retour sur les terrains du Suédois Jakob Johansson – laissé au repos pour le match à Kiev tout comme Grenier – pourrait lui permettre de trouver un équilibre au milieu de terrain, quitte à laisser un nom ronflant sur le banc de temps en temps, comme il l’a fait avec HBA à Caen. En attendant de poser véritablement sa patte sur le jeu rennais, Lamouchi a l’occasion de fêter son premier anniversaire sur le banc rennais en se donnant encore un peu d’air avec un résultat à Kiev. Avant d’envisager de prolonger les festivités jusqu’à dimanche avec le derby contre Nantes.
Par Clément Gavard