- Serie A
- 12e journée
- Lazio/AS Roma
Lamela met la gomme
Depuis quelques semaines, Erik Lamela est en feu. Le milieu offensif, reconverti attaquant par Zeman, enquille les buts et tutoie le sommet du classement des buteurs. Et si c’était lui, l’homme à suivre du derby romain de demain après-midi ?
Parfois, les statistiques parlent plus que n’importe quelle analyse. Depuis le début de la saison, Erik Lamela a disputé 10 matchs avec le maillot de l’AS Roma. Bilan : 7 buts inscrits, et toujours au moins un pion dans les cinq dernières rencontres de championnat. La saison dernière, en 31 apparitions, l’Argentin n’avait planté que 6 buts. Certes, l’entraîneur n’est plus le même. Avec Zeman, la Roma est forcément projetée vers l’attaque, et marque donc plus de buts. Néanmoins, il est indéniable que Lamela effectue un super début de saison, indépendamment du fait que tous les attaquants giallorossi marquent beaucoup de buts. Le joueur, grand fan de Zizou, est en pleine bourre et joue surtout beaucoup plus haut sur la pelouse. Aligné par l’entraîneur tchèque en attaque aux côtés de Totti et Osvaldo, il est en train de justifier la grosse somme d’argent déboursée par les dirigeants de la Roma l’été dernier. 17 millions d’euros. Boum ! Pour un joueur de 19 ans à l’époque, le pari était osé. Mais vu ce qu’est en train de réaliser Lamela, il ne serait pas étonnant que le joueur soit revendu le double. Pour le moment, il n’est toutefois pas question de départ. Lamela a un derby à jouer. Et cette rencontre a une saveur toute particulière pour lui. Car l’an dernier, il n’a goûté au derby que pendant… 9 minutes. À l’aller, il est resté sur le banc pendant l’intégralité de la rencontre. Au retour, il a dû quitter la pelouse après seulement 9 minutes de jeu, à cause de l’expulsion du gardien de la Roma, Stekelenburg. On appelle ça, « faire une Pires » , dans le jargon.
Une pépite, un rouge et un crachat
Du côté de Rome, on n’hésite pas à parler de « résurrection » pour Lamela. Résurrection pour un mec de 20 ans qui est arrivé la saison dernière ? Oui oui. Mais il fait expliquer pourquoi. Lorsqu’il arrive à Rome en provenance de River Plate, Lamela est attendu comme un crack, le genre de joueur qui va pouvoir sublimer la saison de la Roma. Et sa première apparition au Stadio Olimpico a quelque chose de féérique (Lamela). Nous sommes le 23 octobre 2011. La Roma reçoit Palerme. Au bout de 8 minutes de jeu, l’Argentin s’offre un petit festival sur l’aile droite et enveloppe une frappe du gauche dans la lucarne opposée. 1-0. Ce sera également le score final. Des débuts idylliques, qui font évidemment le bonheur de Luis Enrique, qui avait insisté pour qu’il soit recruté. « C’est un joueur spécial, extraordinaire et différent. J’aime son attitude, sa personnalité. Mais il n’a que 19 ans et il reste encore beaucoup de choses à améliorer chez lui » affirme-t-il, tandis que Daniele De Rossi assure que « Lamela sera une arme en plus pour la saison de la Roma » .
Néanmoins, la suite va s’avérer plus compliquée que prévue. Lamela va en effet avoir un peu plus de mal à confirmer et va surtout connaître un épisode malheureux le 25 novembre. Sur la pelouse de l’Udinese, il s’embrouille avec son coéquipier Pablo Osvaldo. Au centre des débats, une histoire de ballon pas lâché, d’égo et de comparaison avec Maradona. Il n’en faut pas plus pour que, dans les vestiaires, l’ancien de l’Espanyol Barcelone décoche une beigne au « Coco » Lamela. À cause de son surnom hérité de son petit frère qui n’arrivait pas à prononcer « Erik » et qui appelait son frangin « Coco » ? Non. Juste parce Lamela s’était montré trop arrogant. Osvaldo a pris une amende, et Lamela, lui, a pris une poche de glace. Cet épisode aurait pu mettre un coup au moral du joueur. Mais les tensions entre les deux hommes vont vite s’apaiser. Sur le terrain, le joueur réalise de très bonnes choses, mais, parallèlement, se montre nerveux. Il récolte un carton rouge en Coupe d’Italie contre la Juve, pour un coup de pied dans les couilles de Chiellini. Une Juve qui lui est décidément néfaste. Le 22 avril 2012, il crache sur Lichtsteiner qui venait de le chambrer. L’arbitre ne voit rien, mais la preuve télévisée lui inflige trois matchs de suspension. Sa saison se termine avec quelques buts (Novara, Lecce, Cesena), qui ne permettent toutefois pas à la Louve d’accrocher l’Europe. Alors, un flop ? Certains doutent.
Convoité par le Barça
Mais pendant l’été, Zdeněk Zeman débarque et impose ses choix. Lamela doit rester. Un choix fort, puisqu’à l’inverse, Fabio Borini, qui venait de réaliser une excellente saison, est vendu à Liverpool. Mais le coach croit en l’Argentin. Et lorsque ce dernier ne donne pas le maximum lors des premières semaines de championnat, le coach tchèque n’hésite pas à le prendre à partie lors des séances d’entraînement. De véritables cours particuliers, au cours desquels le double Z l’encourage à revenir plus souvent en défense, à repartir de l’avant et à pointer directement vers le but. Et les conseils finissent par porter leurs fruits. Depuis le 7 octobre, Lamela marque à chaque match de championnat et est surtout présent sur pratiquement toutes les actions offensives de la Roma. « Physiquement, je me sens vraiment bien. Tactiquement, j’ai beaucoup progressé par rapport à la saison dernière. Le foot italien est tactique, il faut un temps d’adaptation » , explique-t-il en conférence de presse. Effectivement, pas facile, pour lui, de passer de l’Argentine à l’Italie, surtout si l’on considère son jeune âge.
À River Plate, où il est arrivé à l’âge de 8 ans, Lamela était considéré comme l’enfant prodigue. Il y a grandi en tant que joueur et, parallèlement, se faisait plaisir dans une équipe de foot à cinq. Il a d’ailleurs disputé les championnats nationaux de foot à 5 jusqu’à ses 14 ans, ce qui a influencé sa manière de jouer au football, selon ses propres dires. À 12 ans, il est repéré lors d’un tournoi par le Barça, qui aurait été prêt à débourser 450 000 euros pour le faire venir à la Masia. Une offre refusée par River, mais aussi par les parents du joueur, qui souhaitaient que leur fiston reste en Argentine au moins jusqu’à ses 18 ans. Convoqué pour la première (et unique) fois en équipe nationale le 25 mai 2011, pour un amical contre l’Uruguay, il est ensuite sélectionné pour la Coupe du monde des moins de 20 ans en 2011, où il claque 3 buts en 4 rencontres. Depuis, Alejandro Sabella attend son explosion définitive. Lamela espérait être appelé pour le match amical face à l’Arabie Saoudite, mercredi prochain. Sabella lui a préféré Ricky Alvarez, qui n’a pourtant disputé que 134 minutes depuis le début de la saison avec l’Inter et qui n’a jamais été titulaire. Allez, un doublé dans le derby, et le sélectionneur aura enfin un peu de considération pour lui, non ?
Eric Maggiori