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Lamela, l’écran total

Par Maxime Brigand
Lamela, l’écran total

Star pré-fabriquée depuis l'enfance, Erik Lamela est devenu progressivement un homme impliqué dans le système Pochettino à Tottenham. Au point d'avoir lâché ses sucreries d'hier pour passer à l'efficacité alors que les Spurs ont retrouvé la lumière. C'est aussi grâce à lui.

C’est le mal d’une génération. Son secret, aussi. La recette d’un certain succès. Erik Lamela est un enfant de la génération Y. Un monde dopé aux écrans, à la vidéo et à la course au toujours plus rapide. Il faut revoir la scène. Elle n’a qu’une douzaine d’années et, pourtant, elle raconte beaucoup du gamin de Buenos Aires. Derrière lui, un rideau fermé où l’on peut distinguer le prénom Diego. En réalité, celui de l’idole, du modèle, de la route à suivre. Le gamin à l’écran, lui, n’a que douze ans. Il porte un short bleu trop court, un maillot rouge flanqué d’un flocage fragile et les cheveux glissés derrière les oreilles écartées. C’était en 2004. Le jeune Lamela est déjà un murmure. Un nom que tout le monde évoque et qui éveille des rêves. Ceux du FC Barcelone, déjà, avant que les autorités argentines n’empêchent un transfert doré sur un talent qui a éclaté la saison précédente en inscrivant sa centaine de buts avec les gamins de River Plate. L’histoire raconte même que le Barça aurait proposé à l’époque un salaire de 130 000 euros par an assuré aux parents, ainsi qu’un emploi et un logement en Catalogne. Dans la vidéo, Lamela, lui, n’a qu’une envie : « Devenir aussi fort que Maradona et gagner une Coupe du monde avec l’Argentine. » Sauf que, comme souvent, rien ne peut être aussi simple. Looking for Erik.

Il était une fois au Monumental

C’est comme ça. En 2016, chaque prodige a sa compil’ YouTube. Elle ne dure, souvent, que trois ou quatre minutes et peut dessiner n’importe qui comme un prodige du foot, une promesse de demain. Pour beaucoup, l’Europe a découvert Neymar de cette façon. Lamela a longtemps vécu sur ce syndrome de la star pré-fabriquée. Il faut remonter le temps pour le comprendre, le voir la tête baissée, allongé sur la pelouse du Monumental, près des quartiers riches de Buenos Aires. River Plate a cette réputation et pourtant. Le 26 juin 2011, le mythe a tourné au chaos. Pour la première fois de son histoire, la Banda Roja vient de tomber en deuxième division, en deux manches contre Belgrano. Le retour au Monumental (1-1) tournera à la tragédie, le match n’ira pas jusqu’à son terme, des émeutes éclateront, des têtes tomberont. L’histoire est dans la légende, mais au milieu des larmes du capitaine Juan Pablo Carrizo, un gamin ne bouge pas avec son numéro 10 collé dans le dos. Erik Lamela vient de vivre sa première saison complète avec River, son club de cœur, celui de ses premiers maillots. L’histoire est cruelle : pour vivre, il lui faut partir. Il n’a alors que 19 ans et l’Europe l’attend.

C’était son destin, il était programmé. Mais l’Europe est cruelle, elle n’ouvre pas ses bras comme ça. L’amour est un chien de l’enfer et le sport est un bâtard sans sentiment. Lamela débarque à Rome, découvre l’exigence d’un football différent, moins technique, plus physique, où sa folie doit être mesurée. Tactiquement, l’adaptation est rude. Luis Enrique n’est pas tendre, Zeman encore moins. Mais le technicien tchèque, frénétique fumeur, sait comment utiliser les perles en les brisant. Son sens tactique s’adapte à ses hommes, il attaque beaucoup avec ses armes et Lamela s’exprime doucement, par moments, par génie. Un intermittent du spectacle. Avec Zeman, c’est simple : il y a un gardien et dix joueurs offensifs. C’est désorganisé mais c’est spectaculaire. Le gamin argentin a des espaces alors il s’en sert, arrive à exploser dans les petits espaces et se fait un petit nom. Un tout petit qui lui permet de devenir l’élu. Celui que Daniel Levy voit comme le successeur de Gareth Bale. Mais l’Angleterre, elle, est exigeante. Physiquement, notamment, où Erik Lamela va bouffer l’infirmerie sous le régime d’André Villas-Boas, le banc avec Sherwood avant de s’éclaircir.

Une touillette dans un bordel

Pochettino a ce don. Celui de sublimer ses hommes, par ses méthodes particulières, son exigence singulière. Il sait contrôler l’affectif, le gérer et l’utiliser. « J’ai appris à accepter de ne pas jouer tous les matchs. C’est impossible de jouer tous les matchs. Mais, aujourd’hui, grâce à Pochettino, je vis la meilleure saison de ma carrière. » La déclaration n’a que quelques semaines , mais dessine la trajectoire prise progressivement par Lamela avec les Spurs. L’imperfection de son jeu d’hier a laissé place à la créativité utile, au bon geste au bon moment. Sur un coup du foulard contre l’Asteras Tripolis, une passe bien sentie ou une accélération nette pour péter un scénario. Ce n’est plus le gosse crêté, boucle d’oreille affirmée sur l’oreille, et acheté à prix d’or. Ce n’est plus, non plus, celui qui devait quitter Londres l’été dernier pour l’Italie ou Marseille où un contrat l’attendait dans les dernières heures du mercato estival. « Mais j’ai parlé avec ma famille et ma petite amie. On était tous convaincus que mon heure allait arriver » , s’expliquait-il récemment à FourFourTwo.

Car Erik Lamela n’est pas un footballeur comme les autres. Son génie n’est pas ordinaire. C’est un agitateur, une touillette dans une défense, un shot bien placé dans une soirée et même, parfois, un supersub décisif. Il danse, sûr et en dehors du terrain, et a su retourner White Hart Lane à sa cause après une longue phase de critiques. Pochettino lui a donné les clés, l’a appris à défendre, à se replier, à s’offrir à la réussite collective là, où hier, il n’excellait que par sa technique hors du commun. C’est devenu un joueur de flair, utilisé titulaire ou pour faire exploser une rencontre, mais qui est au cœur du système fantastique mis en place par Pochettino et qui fait plier aujourd’hui toute l’Angleterre sauf Leicester. Un entraîneur spécial pour un joueur spécial. Tottenham a su évoluer, Lamela aussi, pour gratter les hauteurs de l’Angleterre du foot. Une double-lame jouissive dans une course finale excitante. Les larmes ont séché.

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