ACTU MERCATO
Lambert à Liverpool : nouveau Carroll ou vraie bonne idée ?
Liverpool a entamé son mercato par la signature de Rickie Lambert. À 32 ans, l'ancien attaquant de Southampton, révélé sur le tard, n'est pourtant pas le type de joueur que les Reds visent prioritairement en vue de la saison prochaine. À première vue, son style ne colle pas non plus forcément avec celui de l'équipe de Brendan Rodgers. Alors, pourquoi lui ?
Comme tous les entraîneurs du monde, Brendan Rodgers a deux priorités : gagner et si possible bien jouer. Mais l’entraîneur de Liverpool, qui a plutôt bien rempli ses deux objectifs cette année, s’est aussi fixé un autre challenge depuis qu’il a enfilé le costume d’entraîneur : démontrer qu’il peut réussir sa mission avec des joueurs britanniques. Et le technicien nord-irlandais est bien décidé à prouver que sa philosophie est compatible avec les joueurs du royaume. Alors, en plus de Gerrard, Henderson, Johnson, Flanagan et Sterling, tous titulaires la saison dernière, Rodgers a décidé d’y ajouter un nouveau « British » . Mais pas forcément celui qu’on attendait.
Betteraves, Coupe du monde et mauvais souvenirs
Si le classieux Adam Lallana semble fait sur mesure pour le jeu pratiqué par les Reds, mais que son transfert tarde à se concrétiser, c’est un autre cadre de Southampton qui a fait le voyage sur les bords de la Mersey : Rickie Lambert. Un transfert qui a suscité deux types de réaction. D’un côté, ceux qui croient aux capacités de l’ancien buteur des Saints à franchir le palier, de l’autre ceux qui estiment que Liverpool retombe dans ses travers niveau recrutement. Car l’arrivée de Lambert est un pari. À 32 ans, celui qui mettait des betteraves en boîte pour arrondir ses fins de mois en début de carrière n’a jamais évolué dans un grand club, écumant les divisions inférieures avec Macclesfield Town, Stockport, Rochdale ou Bristol, avant Southampton. Bref, pas de quoi faire rêver à l’heure où Liverpool va retrouver la Ligue des champions et est en mesure de viser très haut sur le marché des transferts.
Mais après tout, il n’est peut-être pas trop tard pour que Lambert, qui fait partie des 23 Anglais retenu pour aller au Brésil, perce chez un grand du royaume. Reste que son profil va détonner au milieu de ses futurs coéquipiers. Dans une équipe jeune et qui pratique un jeu où les projections vers l’avant se font à 100 à l’heure, difficile d’imaginer le grand et costaud Lambert (1,88m, 78kg). Surtout quand on se rappelle du passage désastreux d’Andy Carroll, un autre géant anglais, à Anfield. Mais si Brendan Rodgers en a fait sa première recrue de l’intersaison, c’est qu’il a une petite idée derrière la tête.
« Quand je l’ai dit à mes parents, ils ont versé quelques larmes »
Avec le duo Suárez-Sturridge (53 buts à eux deux en Premier League la saison écoulée), Liverpool a ce qui se fait de mieux en Angleterre. Mais derrière les deux hommes, c’est le désert ou presque (Aspas, Luis Alberto…). Alors l’arrivée de Lambert, auteur de 28 buts et 15 passes décisives en championnat sur les deux dernières saisons (seuls Suárez, Rooney, Van Persie et Gerrard ont fait mieux) et acheté un peu plus de 5 millions d’euros, paraît maligne. Surtout lorsqu’on se penche un peu plus sur son profil, qui offrira une solution nouvelle à Rodgers. Lambert n’est pas qu’un besogneux qui prend tout de la tête. Il sait faire jouer les autres autour de lui et propose une technique pas si dégueulasse. « Il fait partie de ces joueurs qui n’ont pas la reconnaissance qu’ils méritent, assure Rodgers. C’est seulement à la fin de sa carrière que les gens se sont vraiment rendu compte de ses qualités. Avant, il était considéré comme un avant-centre britannique bon dans les airs. Mais c’est l’un des footballeurs les plus accomplis que j’ai vus. Il n’y a qu’à regarder ses touches de balle, les différents buts qu’il marque. C’est un joueur fantastique. »
Parti pour entrer dans la rotation d’attaque lorsque Suárez et Sturridge auront besoin de souffler, Lambert ne fera pas de vagues s’il joue peu. Car pour celui qui a l’emblème de la ville (le Liver Bird) tatoué sur l’épaule, porter le maillot des Reds, son club formateur qu’il a été contraint de quitter à l’âge de 15 ans, suffira à son bonheur. « J’ai aimé ce club toute ma vie. Je l’ai quitté il y a 17 ans et je n’ai jamais cessé de l’aimer depuis, lance ce pur Scouser, né à Fazakerley, dans le Nord de la ville. J’ai toujours rêvé de jouer à Liverpool, mais je pensais que ma chance était passée. Quand je l’ai dit à mes parents, ils ont versé quelques larmes, ma mère en particulier. Car ce n’est pas juste jouer pour Liverpool, c’est revenir à la maison. »
Par Axel Bougis