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L’aller-retour d’Illarramendi
L'homme clé du milieu de terrain de l’équipe hype du foot espagnol est un vrai Basque, qui a grandi face à l'océan Atlantique. Après un passage à vide au Real Madrid, Asier Illarramendi est rentré chez lui pour prendre les rênes de son équipe de cœur, l’amener jusqu'en Ligue Europa et défier les grands d’Espagne. Comme ce soir face au Real.
Près du petit port de Mutriku, un minuscule village de la côte basque de Guipuzcoa, on trouve plusieurs lonjas, c’est-à-dire des abris où les jeunes se retrouvent pour passer leurs journées ensemble, à l’abri des adultes et de la pluie qui tombe souvent sur cette zone. Une ambiance dont le jeune Asier Illarramendi n’était pas vraiment fan. Lui préférait partager ses journées entre la pelote basque sur la place du village et les équipes de jeunes de la Real Sociedad, qu’il intègre dès onze ans. Seize ans et un passage manqué au Real Madrid plus tard, il est enfin devenu la clé du jeu harmonieux développé par les hommes d’Eusebio Sacristán. Le leader incontestable de son club de cœur, aussi.
Timide, mais courageux
« Quand on ne savait pas quoi faire avec le ballon, on le donnait à Asier » , prévient Jon Gaztañaga, ancien coéquipier d’Illarramendi au Sanse (l’équipe B de la Real Sociedad, ndlr). Le défenseur actuellement au Nástic de Tarragone avait créé une véritable kuadrilla (groupe d’amis très proches en basque, ndlr) avec Illarramendi et le central Iñigo Martínez. Il reconnaît que l’actuel numéro 4 txuri urdin « avait démontré très tôt qu’il allait devenir un joueur majeur du club. Il jouait simple, mais sans pression, et rythmait les actions de l’équipe avec le tempo adéquat » . Exactement ce que le meneur de la Real Sociedad fait aujourd’hui, où son rendement va de pair avec celui de l’équipe entraînée par Eusébio, disciple de Johan Cruyff et fidèle partisan d’un foot harmonieux et vertueux. Le club de San Sebastián a d’ailleurs toujours été très attaché à l’idée de s’appuyer sur la formation, comme le prouve à nouveau la décision de Martin Lasarte de miser sur Illarramendi dès la saison 2010-2011, quand l’équipe venait de monter en Primera División. « J’avais eu la chance de faire débuter Antoine Griezmann la saison précédente quand nous sommes montés. Et la saison suivante, c’était au tour d’Illarramendi » , pose Lasarte, qui a également découvert, cinq ans auparavant, un certain Luis Suárez au Nacional Montevideo. La vérité, c’est que le jeune Basque s’est véritablement épanoui avec Philippe Montanier sur le banc, entre 2011 et 2013, pour finir par apparaître sur le radar du Real Madrid.
Madrid, trop loin trop tôt
Avec l’étiquette de « nouveau Xabi Alonso » , Asier rejoint donc le Real Madrid pendant l’été 2013, pour apprendre directement de Xabi, originaire de Tolosa, située à soixante petits kilomètres de Mutriku. Illarramendi n’a que 22 ans et un transfert de 32 millions à justifier le plus vite possible. Inhibé par l’ambiance chaude et exigeante du Santiago Bernabéu, Illarra (comme ses potes l’appellent) n’arrive pas vraiment à convaincre Carlo Ancelotti et ne se voit offrir que des bouts de matchs à mâchouiller frénétiquement. « Son transfert à Madrid a été un crime, franchement, s’emporte Lasarte. Asier était encore jeune et inexpérimenté. Et puis c’est un mec simple, introverti et très attaché à la culture de sa région. Son départ à Madrid s’est fait trop tôt. Je crois que le Real n’avait pas bien étudié la situation. En revanche, aujourd’hui, je crois qu’il pourrait faire son trou au Real. Il a grandi et est devenu un joueur complet. »
Référence et futur capitaine
De retour au pays plus barbu et expérimenté, Asier a retrouvé son modjo et s’affirme comme le maître à jouer d’une Real Sociedad qui éclabousse la Liga de son jeu offensif aussi léché qu’efficace. Un système où Asier se permet même de planter quelques pions, comme ce doublé la semaine passée face au Depor. Soit la meilleure façon d’entamer une semaine test pour la Real, avec une victoire en Ligue Europa jeudi soir (4-0) et la réception du Real Madrid ce dimanche. Surtout qu’avant la victoire du Barça à Getafe hier soir (2-1), cette Real Sociedad capable de tout était co-leader avec neuf points pris sur neuf, soit quatre de plus que son adversaire du jour. Et soyez sûr qu’au milieu de terrain, l’enfant de Mutriku fera tout pour prendre sa revanche sur la capitale. Y compris enfermer ses anciens potes dans une lonja battue par les vents.
Par Antonio Moschella