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L’Allemagne prise dans la tenaille polonaise

Par Swann Borsellino, au stade de France
4 minutes
L’Allemagne prise dans la tenaille polonaise

Opposés dans un match plaisant où les défenses ont pris le pas sur les attaques, Allemagne et Pologne se quittent dos à dos (0-0) à Saint-Denis.

Allemagne 0-0 Pologne

Les milliers d’Allemands et de Polonais présents à Saint-Denis ne fouteront probablement pas un pied à l’opéra de Paris, mais pourtant, c’est bien à un ballet qu’ils sont en train d’assister. Pas celui pour lequel ils avaient acheté leurs ticket, mais un délicat récital quand même. Eux qui voulaient voir des lucarnes de Lewandowski, des tranversales de Kroos et des petits ponts de Mesut Özil admirent de magnifiques anti-héros se distinguer. Ils s’appellent Boateng, Hümmels, Glik ou Pazdan, et s’il y a 0-0 à la mi-temps de ce Pologne-Allemagne, ce n’est pas de leur faute, mais grâce à eux. En témoignent la beauté et l’intelligence de ce mouvement de Jérôme Boateng qui, en une fraction de seconde, voit son partenaire de défense centrale avancer et suit le mouvement pour mettre Lewandowski hors jeu in extremis. Pas en reste, Pazdan mange Götze à l’heure du dîner quand Glik et Hümmels distribuent les jolies relances. Et si la paire allemande jouent bien plus haut que la paire polonaise en dépassant allègrement la ligne médiane par séquence, c’est bel et bien parce que ce match, à défaut d’avoir été une goleada, a été une opposition de style réussie. Non, tous les 0-0 ne sont pas chiants.

La guerre des styles


Sami Khedira n’est pas du genre à bluffer. À son avantage face à l’Ukraine, le Turinois est là pour en découdre. Trois minutes, un coup de coude et une faute tactique probablement bossée avec Chiellini plus tard, le numéro 6 de la Mannschaft prend le premier carton jaune d’un match dont le scénario s’écrit rapidement : à l’Allemagne la balle, à la Pologne les espaces. Extrêmement compact, le bloc polonais compte sur les sorties de balles soyeuses de Krychowiak pour lancer les fusées Lewandowski, Milik, Kuba et Grosicki devant. Et vu que la défense assure, bien aidée par un Götze complètement transparent, le plan fonctionne plutôt bien. Pendant que l’ancien de Reims fait plaisir au stade de France en dégainant un spin-move emprunté à la NBA, Lewandowski prend le meilleur sur Hummels, mais Boateng vient à la rescousse. Moins visibles que les centraux, les latéraux souffrent un peu plus. C’est le cas de Piszczek, croqué par Müller le long de la ligne de touche, qui voit le joueur du Bayern offrir un bon centre à Kroos. Un peu court, le Madrilène envoie le ballon à côté du but de Fabiański. En dehors d’un poteau de Müller logiquement signalé en position de hors-jeu, c’est la seule frayeur polonaise du premier acte, signe d’une défense et d’un plan tactique qui marchent. De l’autre côté du terrain, Manuel Neuer ne s’inquiète pas plus. Höwedes se jette bien quand Lewandowski dégaine sa première frappe du match, tandis que Milik ne profite pas du seul ballon en profondeur jouable qu’il a eu à se mettre sous la dent. Finalement, le seul vainqueur de la première période est en tribunes, où les Polonais font trembler le stade de France. Malheureusement, ça ne compte pas au classement final.

Robert patine seul

Illumination côté Grosicki au retour des vestiaires : le Rennais se rappelle qu’il n’a pas Giovanni Sio à ses côtés, mais Milik et Lewandowski. Son excellent centre venu de la droite trouve le premier, mais celui-ci, surpris par le premier retard de Boateng, utilise la tête au lieu du pied et ne cadre pas sa tentative, alors que Neuer semblait battu. Pas franchement décidé à arrêter d’être parfait, le défenseur du Bayern se reprend une poignée de minutes plus tard pour dégainer un petit sauvetage bien senti, preuve que l’Allemagne, si elle propose un jeu souvent léché, peine parfois. D’abord pour concrétiser ses temps forts, ensuite pour ne pas concéder d’opportunités dans ses temps plus faibles. Conscient du souci, Löw envoie Schürrle sur la pelouse à la place de Götze juste après un coup franc en mousse d’un Lewandowki muselé. Le mentor en galère, le fiston Milik ne brille pas plus. Encore une fois trouvé par Grosicki, il s’emmêle les pinceaux avant de frapper. Chose que ne fait pas Mesut Özil, dont la praline lointaine du gauche oblige Fabiański à une belle parade. Prêt à tout pour renverser la vapeur, Löw sort enfin Mario Gómez de son slip. Ni son entrée, ni le coup franc de dernière minute accordé à Toni Kroos n’est suffisant pour inverser le cours d’une rencontre définitivement dominée par les quatre patrons de ce jeudi soir : Hummels, Boateng, Glik et Pazdan.

Les notes de l’Allemagne
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Par Swann Borsellino, au stade de France

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