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L’Allemagne est-elle toujours aussi hype ?
En s'imposant hier 3-0 contre les Irlandais, les hommes de Joachim Löw ont validé leur billet pour Rio. Une qualification acquise sans forcer : huit victoires, un nul, 31 buts pour, 7 contre. Pourtant, tous les voyants ne sont pas au vert. Revue d'effectif, en attendant le dernier match pour du beurre mardi contre la Suède.
Gardien : Un Neuer pour les gouverner tous
Sans grande surprise, Manuel Neuer trône tout en haut de la hiérarchie. Le portier munichois a disputé l’intégralité des rencontres, n’encaissant au passage que sept petits buts, dont quatre contre la Suède lors de l’épique nul 4-4 d’octobre dernier. Il était d’ailleurs complètement passé à côté de son match, comme contre le Kazakhstan en mars, même si la facture avait été beaucoup moins salée. Néanmoins, le reste de ses prestations a été solide, et il s’est notamment révélé précieux lors des deux oppositions fratricides contre l’Autriche. Surtout, Neuer est un gagnant qui honnit la défaite, avec un très gros mental et une attitude de patron. Un type qui n’hésite pas à engueuler ses défenseurs comme du poisson pourri ou à tirer un pénalty en finale de Ligue des champions. Pour mettre l’ambiance, Löw est parti sur une base Zieler / Adler / Ter Stegen, les deux derniers ayant disputé un amical chacun cet été. Bon, le premier en a pris trois contre les USA et le second deux contre le Paraguay. Et Zieler se prénomme tout de même Ron-Robert. Pourquoi pas donc une surprise Weidenfeller ?
Défense : Faute de grives, on mange des merles
On s’y connaît en reconstruction en Allemagne pourtant, mais derrière c’est le bordel. Si capitaine Lahm reste indiscutable à droite (et encore, qui sait ce qu’il peut se passer s’il continue à être aligné au milieu au Bayern), le reste est bien incertain. À gauche, Badstuber a débuté contre les Féroé avant de passer dans l’axe et de se flinguer le genou. Ensuite, Schmelzer s’est installé sans vraiment convaincre, avant de lui aussi rejoindre l’infirmerie. Contre l’Irlande, c’était le joueur d’Hambourg Marcell Jansen qui occupait le poste. Le mec a l’expérience des grands évènements (il a disputé les deux dernières Coupes du Monde et l’Euro 2008), mais n’a jamais su s’imposer. Höwedes, défenseur central de métier, a aussi été testé contre la France. Théoriquement, Schmelzer devrait être titulaire au Brésil, avec un statut d’Arbeloa : le boucher au milieu des artistes. Enfin, des artistes, c’est vite dite, parce que dans l’axe ce n’est pas la joie non plus. Löw a essayé un tas de charnières sans trouver la bonne : Mertesacker – Hummels, Hummels – Badstuber, Mertesacker – Badstuber, Hummels – Höwedes, Mertesacker – Höwedes, Mertesacker – Boateng. Pour l’instant, c’est cette dernière qui tient la corde, avec un déficit de vitesse et de technique évident. On rappelle juste que le bon Per était déjà là en 2006 et qu’il n’avançait déjà pas beaucoup. Le monde est prévenu.
Milieu : Abondance de bien ne nuit pas
Comme l’Espagne, c’est là que ca se bouscule au portillon. Si certains ont encore en mémoire le quintet Khedira / Schweinsteiger / Müller / Özil / Podolski, il faut savoir qu’il n’a jamais été aligné lors de la campagne. La faute à un homme. Un Übermensch en fait : Marco Reus. Le blondinet à la raie impeccable a fait sien le couloir gauche, laissant Prinz Poldi n’être plus rien, plus même un joueur de sélection. Son match dantesque contre l’Irlande de l’année dernière est d’ailleurs encore dans toutes les mémoires. Derrière, c’est tout aussi fort. Kroos, le titulaire-remplaçant par excellence, ne déçoit jamais (deux passes décisives pour lui hier). Gündogan a prouvé contre la France qu’il valait bien un Schweini. Götze, à condition d’avoir du temps de jeu au Bayern, n’est pas le dernier des tocards. Draxler, la fierté de Schalke, commence à faire son trou, tout comme Schürrle. Et les frangins Bender font plus que le travail à la récupération. Le réservoir semble inépuisable, à l’image du nouveau venu Sidney Sam, déjà six buts et quatre passes décisives cette saison en Bundesliga.
Attaque : Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé
Joachim Löw est amoureux. Outre le fait qu’il ne mente jamais, il use jusqu’à la corde ce pauvre vieux Miro Klose, sans jamais lui laisser le temps de se reposer ou lui chercher un remplaçant. Imaginez-vous Trezeguet titulaire indiscutable en EDF cinq minutes (pas plus, sinon vous allez pleurer). Seul parade possible, le futur meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde s’est blessé, histoire d’arriver frais à Rio. Sauf que derrière, c’est le désert. Mario Gómez, parti chercher la lumière à Florence, s’est lui aussi pété. Stefan Kießling, meilleur buteur en titre de Buli, est bizarrement boudé. Max Kruse, étincelant en ce début de saison avec Gladbach, est encore un peu tendre. Du coup, Joachim fait son Joaquín et joue avec un faux neuf : Götze contre le Kazakhstan ou Özil contre l’Irlande. Le pire, c’est que les deux ont marqué à ce poste. Enfin, on sait tous comment l’histoire va se finir : un doublé de Miro en finale. Ou une élimination en demies après avoir mis des volées à tout le monde. Qu’importe. Einmal ist keinmal.
Par Charles Alf Lafon