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- Allemagne-Mexique (4-1)
L’Allemagne déglingue le Mexique
Comme on se retrouve. Le 29 juin 2005, l'Allemagne éliminait le Mexique de la Coupe des confédérations après prolongation, au terme d'un match de dingues (4-3). Douze ans plus tard, les deux nations s'affrontaient ce soir au même stade de la compétition. Sauf que cette fois-ci, la Mannschaft bis n'était pas à domicile, et a giflé de pauvres Mexicains pas si revanchards que ça. Une 4-1, une vraie.
Allemagne 4-1 Mexique
Buts : Goretzka (6e et 8e), Werner (59e) et Younès (90e) pour l’Allemagne // Marco Fabián (89e) pour le Mexique
Les relations germano-mexicaines n’ont jamais trop été à l’avantage des Centre-Américains, à l’image du télégraphe Zimmerman de 1917. Un bout de papier dans lequel l’Allemagne demandait au Mexique d’entrer en guerre contre les États-Unis, mais intercepté par les Anglais. Pas malin. D’autant plus que cela avait effectivement scellé l’entrée en guerre des Américains – qui ont vite écrasé les Allemands en Europe -, mais pas celle des Mexicains. D’un point de vue football, « El Tri » n’a jamais été beaucoup plus convaincant face à l’Allemagne. En quatre confrontations, la Mannschaft a gagné deux fois, contre deux nuls. Pire, deux matchs en compétition officielle se sont déjà tenus un 29 juin. 1998, huitième de finale du mondial : victoire allemande. 2005, demi-finale de Coupe des confédérations : victoire allemande. Une domination confirmée ce jeudi 29 juin, et pas qu’un peu…
Un réalisme allemand sans pitié
Une demi-finale de Coupe des confédérations, ce n’est pas le match de l’année. Même si une finale pour un titre international est en jeu, cet Allemagne-Mexique ne déchaînait pas les foules. Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil à la composition allemande pour s’en rendre compte. Une équipe bis avec quelques surprises, comme la titularisation de Draxler dans un rôle de super latéral gauche, devant une arrière-garde qui a quand même de la gueule avec Ter Stegen dans les buts, Kimmich, Rüdiger et Ginter. Le tout mené par le duo de meilleurs buteurs de la compétition Stendl – Werner, grâce à qui l’Allemagne est la meilleure attaque de la compétition, devant son adversaire du soir. Une attaque mexicaine plutôt épicée avec Chicharito en pointe, mais sans Carlos Vela, sur le banc. Du beau monde donc chez les Aztèques qui, eux, sont venus avec leur équipe type : Ochoa dans les buts, Layún et Moreno en défense. Bref, du solide.
Mais en six minutes, les Allemands calment les ardeurs mexicaines. Joueurs, les Aztèques perdent un premier ballon très bas. Juste le temps pour Goretzka de faire un une-deux d’école sur toute la moitié de terrain avec Henrichs, avant de reprendre le ballon à l’entrée de la surface d’un plat du pied plein de maîtrise, malgré un petit rebond. Suffisant pour envoyer le ballon petit filet opposé, sous les yeux d’un Ochoa impuissant. Un ralenti plus tard, Goretzka plante son deuxième pion de la soirée sur la seconde occasion allemande (8e), au bout d’une merveille de passe dans l’intervalle de Werner plein axe, à faire rougir Éric Carrière. Tranchants, rapides et réalistes : les Allemands punissent d’entrée des Mexicains trop joueurs.
La Mannschaft privée de ballon
K-O, les joueurs de la Tri reprennent peu à peu un ballon délaissé par la Mannschaft, inarrêtable en contre. Brouillons et maladroits dans le dernier geste, les Mexicains finissent par se procurer plusieurs grosses occasions à la demi-heure de jeu, mais pêchent dans la finition quand ils ne butent pas sur un Ter Stegen intraitable. Tranquillement, les champions du monde gèrent leur match, donnant l’impression d’être plus nombreux sur la pelouse que leurs adversaires. Soutenus par le public russe de Sotchi, les Centre-Américains accentuent leur domination jusqu’à la mi-temps. Une occupation du camp allemand et une possession stérile, qui ont pour unique effet de fatiguer les Allemands, bien contents de rentrer aux vestiaires à la pause.
Une pause salvatrice, puisque l’Allemagne démarre la seconde période pied au plancher. Resserrés en défense, les champions du monde piquent en contre et étouffent le Mexique. Pourtant, c’est bien Chicharito qui a la balle du 2-1 au bout du pied à la 50e. Après une mauvaise passe allemande, le Petit Pois décale Jiménez qui frappe sur Ter Stegen. C’était la dernière opportunité pour le Mexique, qui craque une troisième fois à la 59e, à la suite d’une superbe ouverture de Draxler pour Hector, qui élimine Ochoa d’un centre en une touche aux six mètres où seul rode Werner. Une action limpide, classe et propre qui assomme la Tri. Les entrées de Marco Fabián et du légendaire Rafael Márquez n’y changeront rien. Malgré quelques escarmouches, les Mexicains ne parviennent pas à sauver l’honneur, et touchent même la barre à la 75e sur une belle tête de Jiménez. L’Allemagne gère et s’amuse, dans une timide ambiance entrecoupée de quelques coups de vuvuzelas russes. Tout un concept.
Marco Fabián, un bijou pour rien
Courageux, les Mexicains continuent de pousser en fin de match, et même si Ter Stegen dégoûte Rafael Márquez sur corner à la 83e, la Tri est récompensée. Sur un coup franc joué rapidement à deux à la 89e, Marco Fabián envoie une patate monstrueuse dans la lucarne allemande. Un sursaut d’orgueil aussi somptueux qu’inutile, puisque Younès, entré en jeu quelques minutes plus tôt, enfonce le clou dans la foulée pour l’Allemagne après un bon décalage de Can à la 90e. La tradition est respectée : l’Allemagne bat une nouvelle fois le Mexique en compétition un 29 juin. Jamais deux sans trois. Cent ans après le télégramme Zimmerman, qui avait signé la fin de sa domination mondiale, l’Allemagne est en pole pour aller chercher sa première Coupe des confédérations face au Chili, et donc pour perdre son titre de champion du monde… Puisque c’est bien connu, aucun vainqueur de confédérations n’a remporté le Mondial suivant. Encore la faute des Mexicains.
Par Adrien Hémard