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L’Allemagne, défense à légitimer
L'Allemagne n'a plus encaissé un pion depuis l'Euro, soit sept matchs consécutifs à jouer sans le moindre stress de pouvoir être en retard au tableau d'affichage. Une performance qui masque les quelques difficultés de Joachim Löw, mais qui confirme que l'Allemagne vendra chèrement sa peau en Russie dans un an.
7 juillet 2016, soir d’été en France. L’équipe de Didier Deschamps file vers une finale acquise dans son pays et s’octroie le plaisir de battre l’un de ses meilleurs ennemis et le champion du monde en titre. L’Allemagne a été surprise à deux reprises par un même homme, Antoine Griezmann, et perd ainsi 2-0 à cause notamment de petits errements défensifs. Depuis ce match, Joachim Löw et les siens ont retenu la leçon et ont serré la vis. Ils n’ont plus encaissé un seul but, que ce soit en qualifications pour la Coupe du monde 2018 ou en match amical. Pas le moindre but pris en 648 minutes au total. Un sacré score qui tient même du record pour la Nationalmannschaft, puisque l’équipe entraînée par Helmut Schön en 1966 n’avait pas été capable de dépasser les six matchs d’affilée. Ce septième match consécutif avec un clean-sheet semble montrer que l’Allemagne ne laissera plus rien passer, jusqu’à la victoire en 2018. Et pourtant, les choses sont plus nuancées et moins évidentes si on regarde les choix de Joachim Löw. La parole est à la défense.
Défense stable et instable
En fait, sur ces sept matchs, un détail frappe. Ce n’est presque jamais la même équipe qui a été alignée, rien qu’en regardant la ligne de défenseurs et le gardien. Seule la défense à quatre avec Kimmich, Boateng, Hummels et Hector, avec Neuer dans les buts (soit la défense type de l’Euro), est revenue à plusieurs reprises pendant l’automne et ressemble à ce qui pourrait être la défense idéale pour Joachim Löw. Mais entre les blessures et les méformes, l’ensemble des sept rencontres sans but conserve un goût d’inachevé et de tâtonnement encore. Le sélectionneur ne sait pas exactement avec quelle base arrière il veut partir en Russie et surtout avec quelles solutions de rechange. Sur le banc, ils sont nombreux à se pousser, à commencer par Rudy, Rüdiger, Tah, Mustafi, Höwedes (latéral gauche) ou encore Süle.
Même parmi les gardiens, la densité du poste pose des questions sur les hommes qui doivent seconder Neuer et une hiérarchie franche et installée peine à se dégager. Et pourtant, cela ne rompt pas pour l’Allemagne. Et ne plie même pas, bien au contraire. Les statistiques sur la solidité en matchs officiels sont éloquentes, alors qu’en face, quelques morceaux tout de même copieux sont venus se frotter au onze allemand. En sept matchs, l’Allemagne n’a concédé que onze tirs cadrés (dont 7 pour le duo Angleterre-Italie). La performance est monstrueuse et permet à l’Allemagne d’avancer tête haute en tête de son groupe sans avoir besoin de forcer son talent.
Spécialité qualifs
Mais plus que par ses prouesses défensives, l’Allemagne brille là comme une équipe injouable en qualifications pour une Coupe du monde – en étant le seul pays à n’avoir jamais manqué l’événement de son histoire. Ce n’est pas une surprise que ces qualifications pour 2018 se passent aussi bien et aisément. Jusqu’à présent, sur 88 rencontres de qualifications, le bilan se porte à 68 victoires pour deux défaites. Deux revers à domicile, de surcroît : 0-1 contre le Portugal à Stuttgart en 1984, 1-5 contre l’Angleterre à Munich en 2001. Ce dernier échec avait même contraint les Allemands à passer par un tour de barrages avant de s’extirper jusqu’à la finale au Japon.
En bons spécialistes, les joueurs de la Mannschaft font leur boulot avec sérieux, sans toujours briller, mais avec la victoire au bout. C’est d’ailleurs le seul véritable objectif pour Joachim Löw, comme il l’a exprimé en conférence de presse avec le déplacement à venir à Bakou. « Je suis absolument convaincu que nous allons poursuivre notre série de victoires et que nous allons garder nos cages inviolées. » Il faut dire qu’il y a une concurrence au pays : les féminines ont su réussir le sans-faute avant l’Euro, avec 35-0 au tableau d’affichage sur l’ensemble des qualifications. Après quatre matchs, les hommes en sont à 16-0. Il reste six matchs et 19 buts à mettre sans en prendre. Impensable, vraiment ?
Par Ali Farhat et Côme Tessier