- Coupe du monde 2014
- Finale
- Allemagne/Argentine (1-0 ap)
L’Allemagne aura gagné à la fin
Dans une finale longtemps indécise, l'Allemagne a décroché sa quatrième étoile en prolongation (1-0) grâce à un but d'un Mario Götze sorti du banc. Une consécration pour une équipe qui tournait autour depuis un moment. L'Argentine, elle, repart avec des regrets et des larmes du Maracanã.
Allemagne – Argentine (1–0) M. Götze (112′) pour Allemagne
Une finale de Coupe du monde est plus qu’aucune autre rencontre de football le cimetière des « Et si ? » Des détails qui dès le coup de sifflet final deviennent des sujets ayant droit aux honneurs du 20H pour ensuite finir dans l’imaginaire collectif. Et, désormais, sur une fiche Wikipédia. Ce soir, Allemagne et Argentine se sont fait un malin plaisir d’en offrir par bourriche. Et si Higuaín n’avait pas tergiversé ? Et si Agüero n’avait pas glissé sur cette passe de Messi ? Et si Khedira ne s’était pas blessé à l’échauffement ? Et si Höwedes était arrivé un millième de secondes plus tard sur sa tête ? Et si Neuer avait envoyé Higuaín à l’hôpital ? Et si le portier avait reçu un carton rouge ? Et si Schürrle ne l’avait pas tiré du plat du pied ? Et si Kramer ne s’était jamais relevé lorsqu’il s’est pour la deuxième fois effondré, le regard dans le vague ? Et si Messi avait été au rendez-vous de l’histoire en cadrant son coup franc à la dernière minute du temps additionnel de la prolongation ? Le seul instant de cette magnifique finale de Coupe du monde pour lequel il n’y aura pas de « Et si » , c’est sans doute LA réalisation de cette rencontre. Elle ne souffre aucune contestation. Une jolie volée du droit de Götze inscrite à la 113e minute. Elle permet à l’Allemagne d’être enfin sacrée – après deux demi-finales et une finale perdue – et de décrocher sa 4e étoile.
Kramer contre Garay
Une combinaison clownesque sur coup franc (4e), une sortie en sprint improbable de Neuer au niveau de son poteau de corner pour éviter que le ballon ne sorte (10e), un face-à-face complètement vendangé par Higuaín (20e), puis un but fêté plus que dignement par ce même Gonzalo et par toute la tribune albiceleste du Maracanã… annulé pour un hors-jeu photo-finish, une magnifique parade de Romero sur une frappe de Schürrle (36e), un numéro de Messi (40e), un poteau surpuissant d’Höwedes consécutif à une tête sur corner (45e), Kramer (donc) sorti dès la 30e minute pour un choc à la tête dont il ne s’est jamais relevé, quelques frictions, des tacles et deux cartons jaunes côté allemand… Ouf ! Allemagne et Argentine ont oublié l’enjeu d’une finale de Coupe du monde pour offrir un premier acte royal au bar. Et encore, entre tous ces temps forts, il y a eu quelques situations (4e, 11e, 42e, 44e) sur lesquelles les spectateurs de France-Équateur n’auraient pas craché. Pour tout dire, cette première mi-temps folle a commencé dès l’échauffement avec la blessure de Khedira au mollet, obligeant Löw à revoir ses plans et à titulariser ce jeune milieu de 23 ans, dont la seule présence dans ce tournoi est une entrée à la 109e minute contre l’Algérie. Difficile de rêver meilleur scénario. Sauf celui de voir des buts…
Neuer, au bon souvenir d’Harald Schumacher
Une ligne sur le site de la FIFA, dans la section palmarès, à laquelle Lavezzi ne pourra pas prétendre. Auteur pourtant d’une prestation canon, le Parisien doit laisser sa place à Agüero… Neuer, en revanche, si. Le portier du Bayern rejoue l’une des scènes les plus tristes du foot français. Sur une sortie loin de ses cages, il percute le visage d’Higuaín avec son flanc (57e). Plus de peur que de mal pour le Napolitain, mais une désagréable sensation de déjà-vu. Tout comme Messi, quelques minutes plus tôt, seul sur son côté gauche, manquant de peu le cadre, sur une frappe ouverte dans la surface de réparation (47e). Après la débauche d’énergie de la première mi-temps, le rythme retombe, immanquablement. Un tempo qui bénéficie plus à la Mannschaft qu’au onze de Sabella. Cela ne se concrétise pas vraiment en présence près du rectangle de Romero. Seule une frappe à ras-de-terre (non cadrée) de Kroos (83e), sur une passe en retrait d’Özil, est là pour illustrer cette tendance à laquelle le célèbre Youtubeur – streaker d’un soir – Vitaly Zdorovetsky, puis l’arbitre italien viennent mettre fin, au terme de 93 intenses minutes.
Le lob de Palacio
La prolongation est souvent le royaume des remplaçants. Ils sont deux à pouvoir en faire la démonstration. D’un côté, Palacio. De l’autre, Götze. Encore une fois, c’est une histoire de centimètres. Dehors et dedans. Parfaitement lancé par Rojo, l’Intériste arrive seul face à Neuer. Sans doute perturbé par les images de la sortie du portier bavarois sur Higuaín, le milieu de terrain manque son lob. Le ballon finit sa course à gauche des cages (96e). En six mètres. Puis dans le petit filet des buts de Romero 17 minutes plus tard. Schürrle sur la gauche centre pour Götze. Seul dans la surface, il contrôle de la poitrine et enchaîne d’une reprise karaté du gauche (1-0, 113e,). Tout son banc entre sur le terrain. Tous les remplaçants allemands, sauf Kramer. Victime d’une commotion cérébrale sur un coup d’épaule de Garay, le milieu de Mönchengladbach est sans doute déjà à l’hôpital. Demain, il ne se souviendra peut-être même pas qu’il a joué cette finale de Coupe du monde. Ni comment elle s’est déroulée. Mais pour ça, il aura les reportages télé, les articles de presse et les émissions de radio. Ou un nouveau paragraphe sur sa fiche Wikipédia.
Par Maxime Marchon, au Maracanã