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  • Retro – Coupe du monde 1990

L’Allemagne au tournant !

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L’Allemagne au tournant !

Au départ du Mondial italien, ce sont 24 équipes réparties en 6 groupes, une France absente, Maradona en conflit avec la FIFA, l'éternel Milla pour le Cameroun, Toto le héros Schillaci, la belle Angleterre et un contexte politique allemand suffoquant avec la Wiedervereinigung qui se prépare et la chute du Communisme.

« Difficile de conserver une extrême concentration »

Si les matchs de qualification pour la Coupe du Monde confirment en France que l’après-génération Platini n’a pas été encore digéré, l’actualité brûlante réside en Allemagne et pèse sur la Nationalmannschaft. Alors que le Mur de Berlin tombe dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, les équipes de RFA et de RDA doivent gagner pour assurer leurs participations respectives au Mondial italien. L’entraineur Beckenbauer résume ainsi la situation : « Lors de l’effondrement du Mur, il était très difficile de conserver une extrême concentration » . Finalement, tandis que la RDA s’écroule, une RFA tétanisée par l’Histoire l’emporte 2-1 contre le Pays de Galles et c’est sur un décalage de Littbarski que le lutin Hassler reprend de volée le ballon qui qualifie son équipe. Deux joueurs nés à Berlin, comme un signe du destin.

« Comme Atlas porte le monde sur son dos »

12 stadiums, 800 millions de DM d’investissement utilisés pour construire deux nouveaux stades et rénover les anciens. Le paquet est mis pour que l’Italie réussisse sa Coupe du Monde… même au prix de 24 morts sur les chantiers. Tous les Italiens ne rêvent que d’empocher le trophée ce qui ne fera qu’accentuer la pression sur la Squadra Azzurra, vieillissante en 1986 et pleine d’espoir après l’Euro 1988. Le Süddeutsche Zeitung résumera implicitement l’impression générale : l’équipe d’Italie portait ce fardeau « comme Atlas porte le monde sur son dos » .

« En Italie, j’ai pris du plaisir »

Éliminé injustement après trois matchs nuls en 1982, le Cameroun frappe d’entrée le 8 juin en l’emportant contre les tenants du titre argentins avant de récidiver contre la Roumanie et ainsi fièrement représenter l’Afrique en 1/8ème de finale. Un accessit également pour le Costa Rica qui se qualifie pour sa première participation à une phase finale.

Si l’Italie sort très justement vainqueur de son groupe devant la défunte Tchécoslovaquie, il faut noter l’éclosion d’un joker de luxe dans la Squadra Azzurra en la personne du buteur Toto Schillaci. Les favoris allemands et brésiliens se baladent. On notera le but d’anthologie du « Il Panzer » Matthäus contre la Yougoslavie. Jürgen Klinsmann, un des membres de la légion étrangère évoluant dans le Calcio déclare : « En Allemagne, j’ai pratiqué le football, en Italie, j’ai pris du plaisir » . Un sentiment partagé par la Nationalmannschaft qui « se sent comme chez elle » (Völler). La qualification pour les 1/8èmes de finale, comme meilleurs troisièmes, permet aux Pays-Bas, à l’Uruguay, à la Colombie et à l’Argentine de sourire au détriment de l’Écosse et de l’Autriche. Un système d’un autre temps.

« Juste avoir la paix »

Pour la première fois de son histoire, une équipe africaine atteint les 1/4 de finale d’une coupe du monde et nous ramène aux origines de l’humanité avec l’ancêtre Roger Milla qui remet le couvert après son doublé contre la Roumanie. La faute aussi au gardien colombien Higuita, « el Loco », le fou, qui perd le ballon en voulant dribbler le vieux lion durant les prolongations ! Il y en aura quatre durant ces 1/8èmes qui verront aussi l’élimination du Brésil par l’ennemi argentin. La faute à Caniggia. Une défaite amère. Un autre duel historique a lieu entre les Pays-Bas et la RFA lorsqu’à la 22ème minute Frank Rijkaard crache sur Rudi Völler. L’arbitre argentin, « juste pour avoir la paix » comme l’affirmera au micro le nouveau consultant Rummenigge, expulse les deux joueurs ! Jürgen Klinsmann joue alors ce qui est aujourd’hui considéré comme son plus beau match sous les couleurs de la NM et élimine quasiment à lui tout seul les Néerlandais. Si l’Italie et la Tchécoslovaquie se qualifient facilement, il en va autrement pour la Yougoslavie qui joue sous 40°, la République d’Irlande, dont l’entraineur Jacky Charlton devant quelques pintes se demande « comment battre l’Italie ? » et Platt qui marque 37 secondes avant la fin des prolongations pour l’Angleterre.

« Schillacissimo »

L’Italie continue son rêve avec sa défense de fer Bergomi-Baresi, laquelle enchaine son cinquième match sans encaisser de but. C’est Toto Schillaci qui marque le seul goal de la rencontre à la 38ème minute contre les ennemis irlandais au point que la Gazetta dello Sport titrera « Schillacissimo » ! Toto le héros, l’illustre inconnu de Messine, qui gagne la Coupe de l’UEFA, la Coupe d’Italie et marque 14 buts pour sa première saison à la Juve. Une séance haletante de tirs au but permettra à l’Argentine de fêter son héros : pas Maradona, diminué et qui ratera son tir, mais le gardien Goycoechea. La rencontre RFA-Tchécoslovaquie voit Matthäus qualifier son équipe grâce à un nouveau pénalty mais Beckenbauer, observant sa troupe incapable de profiter de l’avantage numérique suite à l’expulsion de Moravcik, grommelle : « J’ai toujours pensé que j’avais une équipe intelligente. Mais ce n’est apparemment pas le cas » . La défaite, malheureuse, du Cameroun, grâce à deux nouveaux penalties tirés par Lineker, est, pour Roger Milla, « l’amorce d’un avenir radieux. Le football africain s’est hissé au niveau et peut rivaliser avec l’Europe et l’Amérique latine » .

« Putain de penalties ! »

En disputant la 1/2 finale à Naples, fief de l’idole Maradona, la Squadra Azzurra tombe dans une forme de traquenard car le public est italien et napolitain. Pourtant, grâce à un nouveau but de Schillaci, on croit l’affaire réglée mais le lieutenant Caniggia égalise. Prolongations, tirs au but, Goycoechea s’interpose et el Pibe de Oro finit le travail, puis trouve des mots pathétiques pour expliquer la victoire : « C’est la volonté argentine qui a rendu possible ce succès » . L’Argentine est le premier pays à se qualifier deux fois de suite grâce aux tirs au but. « Putain de penalties » écrira la Gazetta dello Sport.

« Le football est un sport simple : 22 hommes poursuivent un ballon pendant 90 minutes et à la fin, les Allemands gagnent toujours » . Surtout lorsque c’est l’Angleterre en face serait-on tenté d’ajouter, n’est-ce pas Monsieur Lineker ? En tout cas, une fois de plus, les Allemands prouvent qu’ils excellent dans le domaine des tirs au but.

« Nous avons collé les Argentins au mur »

Les Allemands sont les favoris de cette finale et l’heure de la revanche de 1986 a sonné. Hué, sifflé par les supporters italo-allemands réunis dans le stade olympique de Rome, sans parler de l’hymne argentin conspué, Maradona n’a que ses yeux pour pleurer après la victoire de la Nationalmannschaft dans une partie fermée. Après 85 longues minutes, Brehme transforme un pénalty sur une faute douteuse sur Völler. « Nous avons collé les Argentins au mur, qui n’ont eu aucune chance de but » résumera laconiquement Beckenbauer qui rejoint le Brésilien Zagallo au panthéon des joueurs-entraineurs champions du monde.

Suite à ce Mondial très critiqué pour son faible nombre de goals et son jeu très fermé, la décision fut prise d’interdire au gardien de saisir la balle avec les mains après une passe en retrait volontaire. De plus, ce sera la dernière fois qu’une victoire ne rapportera que 2 points.

Le 8 juillet 1990, la RFA devenait pour la troisième fois Championne du Monde, le 23 août, la RDA entrait officiellement dans la Grundgesetzt, la Loi Fondamentale. Le 3 octobre, la réunification allemande, dite encore die Wende, le tournant, était réalisée. Le football allemand est par essence politique.

Polo

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