- Euro 2012
- Gr.B
- Allemagne/Portugal (1-0)
L’Allemagne à l’ancienne
L'Allemagne a remporté son premier match de ce soit-disant groupe de la mort sur la plus petite marge (1-0), et cela doit déjà suffire à faire son bonheur à l'issue d'un match âpre et compliqué, comme souvent avec les rencontres des championnats d'Europe.
Allemagne – Portugal : 1-0Buts : Gómez (72e) pour la Mannschaft.
Joachim Löw dit souvent qu’on ne peut désormais « gagner en jouant de manière dégueulasse » , il n’empêche que sa Mannschaft a présenté un visage beaucoup moins « funky » que celui qu’elle avait l’habitude de montrer depuis 2006. C’est grâce à une belle tête de Mario Gómez, qui avait profité d’un centre de Khedira dévié par un défenseur portugais, qu’elle doit ses trois points, à un quart d’heure de la fin du match. Et à la chance. Car, dans les dix dernières minutes, les Portugais se sont procurés trois ou quatre occasions de revenir à la marque, notamment par Silvestre Varela et Nani dans les cinq dernières minutes de cette partie jouée à Lviv, mais à chaque fois, « un genou ou un bras qui traîne » ont sauvé les Allemands. Disciplinée, la sélection portugaise peut s’en vouloir de n’avoir été qu’une équipe en réaction et de ne pas avoir bénéficié du petit coup de moulasse qui aurait changé le destin d’un match où il est bien difficile d’établir une hiérarchie.
La première mi-temps a surtout démontré que la révolution stylistique affichée par l’Allemagne depuis quatre ans était peut-être une forme d’inconscience. Annoncée pour la première fois comme l’un des deux gros favoris de cet Euro 2012, la sélection de Joachim Löw a été pauvre en ce qui faisait jusqu’alors sa force. Manque de vitesse, de spontanéité, de fluidité, de prises de risque. La Mannschaft a globalement dominé, notamment en possession, mais, mis à part quelques éclairs, dont notamment le premier, un redoublement de passes entre Özil et Boateng, et une reprise de la tête de Mario Gómez à la réception d’un centre du latéral droit allemand dès la deuxième minute, elle a surtout donné l’impression de vouloir éviter de vivre la même mésaventure que les Hollandais, deux heures plus tôt : perdre son statut de favori. Et comme, en face, les Portugais se sont surtout appliqués à bien défendre et ont procédé par contre-attaque, souvent sans imagination, ce match annoncé comme une « demi-finale » potentielle a longtemps fait « pshhhhhhit ». Des deux côtés, on a souvent vu des joueurs emmerdés avec le ballon, à l’image d’Hélder Postiga, l’avant-centre portugais qui a à peu près manqué tout ce qu’il a tenté, sauf une semelle sur Neuer, le gardien allemand, et qui lui a valu un carton jaune. L’ex de Saint-Étienne a eu le don d’énerver un Cristiano Ronaldo qu’on a longtemps cru en vacances dans son île natale de Madère, faute de ballons exploitables.
L’Allemagne s’est quand même procurée quelques demi-occasions, notamment par Podolski, qui, sur un centre de Lahm à ras-de-terre, avait envoyé sa frappe dans les nuages ukrainiens à la demi-heure de jeu. Les Portugais, dans une position de prédateurs, devront attendre la 40e minute pour placer leur première frappe. Ce sont pourtant eux qui vont se procurer la meilleure occasion de cette pauvre et cadenassée première mi-temps : sur un corner dévié de la tête par Bruno Alves, Pepe contrôle le ballon et place une frappe du pied droit depuis la surface. Le ballon touche l’arête des buts de Neuer et rebondit sur la ligne. La deuxième mi-temps a longtemps été du même tonneau. Nani déguisé en Casper le fantôme et Cristiano Ronaldo qui ne parvient pas à se mettre en position dangereuse. Seule exception à la 63e minute, où, servi par Moutinho dans la surface, il n’entend pas le retour de Boateng qui lui enlève le ballon des pieds. Cristiano Ronaldo ne se procurera qu’une seule autre occasion, à la 82e minute. Une spéciale Real Madrid : crochet extérieur, frappe en tire-bouchon avec rebond devant le gardien que Neuer déviera avec très peu d’élégance, mais qui suffira à préserver l’avantage des Allemands.
Par Joachim Barbier