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L’Allemagne, à la recherche du nouveau buteur
Dans la liste de la Nationalmannschaft, le poste le plus difficile à remplir était a priori celui de buteur. Depuis quelques années, la formation semble en panne et la tradition de la machine à buts plantée devant et qui récupère les centres semble être éteinte. Est-ce vraiment un problème pour Joachim Löw ?
« L’Allemagne manque d’un véritable grand buteur » pour gagner l’Euro. La pique est de Thierry Henry, interrogé par la Sky sur la Nationalmannschaft et les chances de victoire à l’Euro. Même si elle découle d’un manque évident dans la formation allemande des dernières années, elle montre aussi que l’ancien des Bleus n’a rien compris à la manière de voir de Löw et aux multiples possibilités offensives dans l’effectif de l’Allemagne.
L’Allemagne n’est plus celle au grand buteur qui pousse les ballons au fond pour faire gagner l’équipe sur des coups de raccrocs. Joachim Löw a même résumé l’affaire après le dernier match de qualif contre la Géorgie : « Il ne faut pas croire qu’on a besoin d’un grand joueur fort de la tête – d’un Horst Hrubesch. » Est-ce à dire que l’Allemagne avance sans buteur ? Il existe quelques candidats au titre de nouvel Hrubesch.
Candidat numéro 1 : Mario Gómez
Pour autant, Joachim Löw a cédé un peu de terrain sur l’angle Hrubesch. Un revirement préparé à l’époque du bilan – mitigé – sur les qualifications, après la difficile victoire contre la Géorgie. « Dans les faits,(…)je me réjouis de n’importe quel buteur qui marque régulièrement pour son club. Bien entendu, c’est une bonne chose d’avoir un buteur de la sorte, un joueur qui apporte de la qualité dans les seize derniers mètres. » Un clin d’œil appuyé à Mario Gómez et à sa saison lancée avec Beşiktaş.
De son côté, le grand brun ne doutait pas en novembre dernier, dans les colonnes de Kicker, du rôle qu’il pouvait jouer auprès de Löw. « L’Allemagne peut toujours avoir besoin d’un véritable buteur. Pas forcément un avant-centre, mais un joueur dont la première qualité est de marquer des buts. » Gómez en a planté 26 depuis, en championnat, avec Beşiktaş. Évidemment, Joachim Löw a ravalé sa fierté et l’a pris avec lui. Le principal buteur de l’Allemagne, ce devrait être lui. Chauffez dès maintenant le Mario Gómez Button. Et si besoin, les autres candidats se feront un plaisir de le suppléer. Pour marquer des buts, il y aura toujours du monde dans la Mannschaft.
Candidat numéro 2 : l’équipe
Le danger pour les adversaires de l’Allemagne à l’Euro, ce serait de s’attendre à n’avoir qu’un grand buteur à surveiller. Au contraire. Il faut être attentif à toute l’équipe. L’idéal du faux 9 ? Pas seulement. Joachim Löw a nettement privilégié des profils plus variés et collectifs, pour composer ses équipes et son groupe. Ces joueurs, il les regroupe sous le nom global « d’attaquants » , faux 9 ou non. Leur qualité principale est de « bouger beaucoup » , le reste importe guère. Le point avait été nettement fait avant le dernier Mondial. D’ailleurs, Mario Götze l’avait annoncé en conférence de presse en 2014 : « Les positions n’ont pas d’importance. » Alors, pour les annonces des joueurs retenus, Jogi Löw ne s’embête plus et offre un méli-mélo milieu/attaque. Mario Götze, dans cette optique, joue un rôle primordial.
D’autres peuvent le remplacer sur le front. Schürrle ? Reus ? Volland ? Kruse ? Sané ? Le joueur d’Hoffenheim n’a pas été pris dans les 27 présélectionnés, Kruse s’est grillé par ses bêtises et ses parties de poker. Les trois autres y sont et peuvent espérer grappiller une place au soleil. Sané en particulier a un petit coup à jouer et pourrait profiter du match contre la Slovaquie pour se montrer à son aise dans un registre plus axial. Schürrle avait été bien plus décevant dans ce registre contre la Géorgie. Toutefois, on retrouve pour la dernière sélection de 27 joueurs trois attaquants mis à part. Ce sont Sané, Götze et… Gómez. On en revient donc à l’exilé turc, encore une fois, qui semble être le mieux placé pour une place de titulaire dans l’axe. Mais on oublie surtout un autre profil qui correspond aussi aux critères donnés et chamboule le reste du jeu : « Apporter de la qualité dans les seize derniers mètres. »
Candidat numéro 3 : Thomas Müller
Il porte le numéro 13 et le nom de famille de Gerd Müller. Le joueur du Bayern est aussi sûrement le meilleur des candidats pour le poste. L’Allemagne a un joueur hors norme, qui contraint aussi les possibilités de Löw et nécessite des ajustements. Avec Thomas Müller, le buteur est là. C’est aussi et surtout à partir de lui que les choix de Löw prennent sens. Son buteur qui a besoin des espaces, de se faufiler, de courir en permanence pour être au bon endroit, au bon moment. Une sorte de Pippo Inzaghi désaxé. Löw ne peut pas vraiment le placer devant, comme un plot qui attend. Müller a besoin d’autre chose, de mouvement, ce qui ne l’empêche pas d’être redoutable dans le dernier tiers, ni de s’appuyer à l’occasion sur un grand buteur – façon Lewandowski au Bayern, les deux ayant grandement prouvé leur compatibilité cette saison.
En bref, là où Henry fait fausse route, c’est que le grand buteur n’est pas forcément à chercher dans l’axe. Si Thomas Müller n’a pas marqué sur les trois matchs amicaux disputés par la Mannschaft depuis la qualification, il restait avant cela sur quatre buts et deux passes décisives sur les quatre matchs finaux du groupe de l’Allemagne. En 70 sélections, Müller cumule déjà 31 buts… sans n’avoir jamais marqué lors d’un championnat d’Europe. Dans quelques semaines, il sera temps pour lui de montrer qui est le grand buteur dans l’histoire.
Par Côme Tessier