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L’Albatros rentre au nid
Dernier rempart d'un OM fragile l'année dernière, Yohann Pelé a parfaitement tenu la baraque. Mais il est pourtant aujourd'hui obligé de rendre les clés à l'ancien propriétaire de la maison, Steve Mandanda.
Top ! Gardien français de 34 ans, je suis né à Brou-sur-Chantereine. Je rejoins Le Mans en 1999, club dans lequel je reste dix ans, poussant Jean-François Bédénik, Willy Grondin et Rodolphe Roche sur le banc. Un temps suivi par Arsenal et le FC Séville, pressenti pour intégrer le l’Équipe de France sous Raymond Domenech, je finis par rejoindre Toulouse. Une embolie pulmonaire met fin prématurément à ma carrière de footballeur en 2010, mais après trois ans de traversée du désert, je parviens à retrouver un club. Après deux années de bons et loyaux services à Sochaux, je signe à Marseille, où je joue les doublures pendant une saison. Surnommé l’Albatros en référence à mon impressionnante envergure, je mesure 1,96m et suis l’auteur de dix-huit clean sheets sous le maillot de l’OM la saison dernière, un record en Europe. Je suis ? Je suis ? « Yohann Pelé ! » , devrait-on hurler à Samuel Étienne. Et personne d’autre. Sauf qu’aujourd’hui, le gardien de l’OM doit rentrer dans le rang, faisant les frais du retour de Steve Mandanda. Et sans faire de bruit si possible.
Le retour du phénomène
Lors de l’exercice de 2016-2017, derrière une défense dont on a largement commenté les faiblesses, Yohann Pelé a fait une saison pleine. À part face à Paris et Monaco où les failles du bateau marseillais étaient trop nombreuses, l’Albatros a parfaitement colmaté les brèches. « Surtout en deuxième partie de saison, il a été très bon. Ce n’est pas évident de le remettre sur le banc après ça » , concède Gaëtan Huard, ancien portier de l’Olympique de Marseille. Sauf que depuis la fin de saison dernière, une donnée a changé. Steve Mandanda, huit ans à l’OM dont six avec le brassard de capitaine, champion de France et élu quatre fois meilleur gardien du championnat, est de retour. Et s’il est un peu coupable sur le deuxième but d’Ostende au match aller, il a prouvé au retour qu’il était définitivement prêt à redevenir le sauveur de l’OM.
Yohann Pelé n’y peut rien. Steve Mandanda fait partie des joueurs qui ont marqué l’OM et avec son retour, il ne peut plus espérer une place de numéro un, et ce malgré la saison quasi blanche à Crystal Palace du gardien formé au Havre. « Surtout que Steve a énormément travaillé dans son coin avant de revenir à Marseille, pour être sûr d’être au top tout de suite. Et il l’est, assure Gaëtan Huard. Et puis, on ne fait pas revenir Steve Mandanda à Marseille pour le mettre numéro deux, c’est impensable. » Retour à la case départ donc pour Yohann Pelé qui, comme il y a deux ans, va devoir se contenter d’attendre les blessures, les suspensions ou les grosses méformes d’un Mandanda qui ne laisse généralement que très peu de temps de jeu à ses doublures. En 2015-2016, il avait eu le droit de disputer deux petits matchs de Ligue 1 et deux encore plus petits de Coupe de la Ligue.
Se satisfaire du nécéssaire
Depuis qu’il est à Marseille, Mandanda dispute entre 40 et 53 matchs par saison… Mais difficile d’imaginer Yohann Pelé passer de tout à rien en quelques semaines. « Il a gagné du crédit avec sa saison en numéro un l’année dernière. Je pense qu’il jouera les coupes nationales et Steve le championnat et la Ligue Europa. Pelé aura plus de temps de jeu qu’il y a deux ans » , espère Huard. Surtout que Pelé pourrait se voir récompensé se son attitude irréprochable. Le rôle de bouche-trou qu’il a accompli pendant un an avant de retourner dans le rang aurait pu le vexer. Mais rien, pas un mot plus haut que l’autre. « De ce que je sais, c’est que c’était convenu au moment du retour de Steve. S’il n’avait pas accepté de redevenir numéro deux, Marseille aurait trouvé une autre solution. Le staff a été transparent avec lui et il a accepté parce que les choses étaient claires » , explique Huard. « C’est tout bénéfique pour l’OM d’avoir deux bons gardiens dans une concurrence saine et parfaitement définie. Il y a beaucoup de clubs comme Aréola et Trapp à Paris où on y voit pas clair. Et ce n’est pas bon » . En tout cas, Yohann Pelé accepte son sort. Et c’est peut-être parce qu’il revient de tellement loin. Une saison entière sous le maillot de l’OM est sûrement autant satisfaisante qu’inespérée il y a quelques mois.
Par Kevin Charnay