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L’Albanie, une première de folie
Pour la première fois de leur histoire, les Rouge et Noir ont marqué et gagné dans un Euro. Un succès qui leur donne la troisième place du groupe et qui a enflammé le pays, persuadé de faire partie des repêchés qui iront en huitièmes. Le tout avec un Lorik Cana remplaçant mais heureux.
« Je suis sûr que les Albanais dans le pays et partout dans le monde sont heureux. On était dans une situation difficile jusqu’ici, mais nous avons toutefois réussi à accrocher cette victoire historique. » À chaud, Gianni De Biasi semble ne pas y croire. Le sélectionneur vient d’assister à la première victoire de l’Albanie dans un Euro. En apparence bénigne, sa réaction ne l’est pas tant que ça. Car si elle vise juste avec des mots simples, elle parle surtout à tous ses compatriotes. Au vrai, la déclaration est sortie de sa bouche, mais ce sont plus de 2,7 millions de personnes qui l’ont pensée.
Le bon soir
L’Albanie a donc marqué le premier but de son histoire dans la compétition. Mieux : ce pion lui a permis d’empocher sa toute première victoire. Elle était espérée, presque rêvée. Elle est désormais réalité. C’est à la 43e minute de la rencontre, lorsqu’Armando Sadiku, l’avant-centre peu en réussite contre la France et la Suisse, place sa tête sur un centre de Ledian Memushaj, que tout un peuple a commencé à vraiment y croire. L’immanquable signé Ermir Lenjani quelques minutes avant l’avait pourtant frustré.
Mais ce soir était le bon, et Edi Rama, le Premier ministre bien conscient de l’impact populaire du foot sur le pays, pouvait tweetter « Goooooooooool » en même temps que la place Mère Teresa de la capitale Tirana, occupée par des milliers de personnes devant un écran géant, s’embrasait. On passera sur le fait qu’aucun député, ministre ou représentant n’est venu au stade, contrairement aux deux premières journées… Leur présence porterait-elle la poisse à la sélection ?
Goooooooooool…. pic.twitter.com/Q13agp0R0L
— Edi Rama (@ediramaal) 19 juin 2016
Une belle enflammade
Deux heures à peine après le succès, le temps que klaxon, fumigènes, drapeaux et chants paradent dans la ville, le quotidien national Shkiptarjas’emballe sur son site internet en dressant les scénarios favorables à une qualification pour les huitièmes de finale. Et estime même que cette dernière est très probable, malgré la troisième place obtenue avec trois petits points et une différence de but de -2. Même son de cloche sur la version en ligne de l’autre quotidien Panorama. Au milieu des « victoires historiques » , le canard se penche sur les chances de figurer dans les meilleurs troisièmes.
Groupe par groupe, les journalistes envisagent les résultats qui permettraient de continuer l’aventure. Ainsi, l’Angleterre est encouragée à l’emporter au moins 3-0 face à la Slovaquie, l’Allemagne à crucifier l’Irlande du Nord 4-0, l’Italie et la Belgique à s’imposer devant l’Irlande et la Suède… Bref, une belle enflammade comme on les aime. Et côté joueurs ? Bah on kiffe tout autant. Pendant qu’Etrit Berisha, le portier de la Lazio, promet d’ « autres surprises » , son coéquipier Shkëlzen Gashi poste carrément une vidéo sur son compte Facebook montrant la bande albanaise célébrer comme il se doit la soirée dans le bus du retour.
Une nuit de festivités
Quid de Lorik Cana, le capitaine emblématique qui faisait son retour après son carton rouge face à la Suisse, mais qui ne figurait pourtant pas dans le onze de départ ? Que du plaisir, encore. Vu ses propos élogieux envers son remplaçant, le défenseur de Nantes a complètement digéré la décision de son coach. C’est d’ailleurs De Biasi qui en parle le mieux, en prenant son temps : « C’était un choix très difficile. Je lui ai communiqué ma décision aujourd’hui, après le déjeuner. Je ne voulais pas faire beaucoup de changements par rapport au match face à la France et j’ai donc sacrifié Lorik. Mais il est resté très généreux et un grand leader. C’est véritablement un homme qui se donne pour l’équipe. Avant le match, il a aidé les autres joueurs et les a motivés. Je veux lui dire mon chapeau pour son comportement. Parfois, quand vous mettez un joueur sur le banc, il commence à se plaindre, mais Lorik a continué à parfaitement remplir sa fonction de capitaine. »
Rien ne pouvait gâcher la fête. L’Albanie a beau avoir peu de chances de rallier le tour suivant, elle s’en fout. Une première victoire à l’Euro, ça vaut bien une nuit de festivités et le manque de lucidité qui va avec.
When Albania score their first goal at a major tournament… 👏 #ROUALB #EURO2016 #TheFansDaily pic.twitter.com/FB8WZTB2lj
— Copa90 (@Copa90) 19 juin 2016
Par Florian Cadu