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- Ajax-PSV (3-1)
L’Ajax terrasse le PSV et reste en course pour le titre
Condamné à la victoire pour ne pas laisser filer le PSV vers le titre en Eredivisie, l'Ajax, pourtant réduit à dix en seconde période, a rempli sa mission avec succès. Le tout dans un match fou, marqué par un football total en plénitude, une VAR en surchauffe, un high-kick en pleine figure, Schwaab en perdition et un dernier caramel au bout du temps additionnel.
Ajax 3-1 PSV
Buts : Schwaab (21e, CSC), Tadić (71e, sp), Neres (90e+7) pour l’Ajax // De Jong (58e) pour le PSV
C’était LE choc de l’année, aux Pays-Bas. Celui que l’Ajax n’avait pas le droit de perdre, faute de laisser le PSV (leader avec cinq points d’avance) s’envoler vers un quatrième titre d’Eredivisie en cinq saisons. Et après son incroyable parcours en Ligue des champions, il était écrit que cette équipe ne pouvait pas voir sa route – si brillamment balisée jusqu’ici – s’arrêter brusquement en championnat pour tomber dans un cul-de-sac. Mais après tout, pourquoi vouloir souhaiter tout le bonheur du monde à des jeunes casse-cou qui ont déjà eu leur dose d’émotions et de frissons en Europe ? Aux Lanciers la Ligue des champions, au PSV l’Eredivisie. Simple et honnête. Deal ? Non, bien sûr que non.
Car l’Ajax, qui sait ronronner comme personne en championnat au point de faire passer Lyon pour un sous-fifre de l’irrégularité, joue beaucoup trop bien. Attaque beaucoup trop vite. Provoque beaucoup trop d’émotions quand il le veut. Et ce dimanche, les Amstellodamois ne voulaient pas seulement l’emporter, ils le devaient. Alors quand on peut faire passer le Bayern ou le Real Madrid pour des sparring-partners, que dire d’un PSV certes roi des Pays-Bas ces dernières années, mais en légère perte de vitesse depuis plusieurs semaines ?
Football total, maîtrise totale
La crainte se ressentait dès la composition tactique de Mark van Bommel, qui avait décidé de laisser aux vestiaires son ambitieux 4-2-3-1 des dernières semaines pour bétonner son entrejeu. Mais les six petits matchs de championnat du minot Sadílek (19 ans) ne pesaient pas bien lourd face à un milieu ajacide qui a démantelé les monstres sacrés Casemiro-Modrić-Kroos en février. Dès les premières minutes, les hommes d’Erik ten Hag prennent leur adversaire à la gorge. La recette est connue : pressing haut, intensité maximale, folles projections vers l’avant, et Donny van de Beek positionné comme un avant-centre qui manque d’en profiter (2e, 8e). Le PSV, asphyxié derrière, se débarrasse de la sphère en balançant des longs ballons pour De Jong. Sans succès. L’Ajax pose encore davantage son emprise, et commence à réciter son football au point de se faire plaisir. Dribble derrière la jambe d’appui de Neres, sombrero de Tadić dans la surface, contrôle dans la course en aile de pigeon de Mazraoui…
Un plaisir et une liberté qui font toute la magie du football total, quand ils se conjuguent en armes tactiques insaisissables pour la défense adverse. Les permutations du trident offensif Neres-Tadić-Ziyech font mal à la défense des Boeren, à l’image de la frappe du Marocain en position de meneur de jeu (18e), et les dépassements de fonction sont constants, comme Blind qui déboule jusqu’à la surface adverse avant de voir sa tête captée par Zoet. Dommage que la beauté de ce football aboutisse « seulement » à un vieux but contre-son-camp de Schwaab (21e). 1-0, le plus dur est fait et l’Ajax peut continuer de rouler jusqu’à la pause, premier frein aux velléités des partenaires de Frenkie de Jong.
Le fossoyeur Schwaab
Car le PSV, dont la tactique de lancer rapidement ses flèches Lozano et Bergwijn à la récupération du ballon n’a pas fonctionné par manque de réalisme en première période, commence à mettre plus de poids dans les duels. Le mammouth Rosario lance ainsi Lozano, frustré par un arrêt énorme d’Onana (53e). Le deuxième coup d’arrêt de l’Ajax ne doit rien aux lois du jeu, mais à la bêtise de Mazraoui, auteur d’un high kick abominable dans la tronche d’Angelino : rouge direct (54e)… et double peine : sur le coup franc qui suit, Luuk de Jong profite d’une sortie infâme d’Onana pour égaliser (54e). Reboosté, le PSV surfe sur sa supériorité numérique et déferle sur les cages du gardien camerounais. Bergwijn (63e) est tout proche de mettre son équipe devant, mais foire son face-à-face.
On croit alors que les Sudistes vont continuer de rouler sur la défense des Lanciers jusqu’au coup de sifflet final, mais Schwaab décide que son but contre son camp n’a pas assez pénalisé son équipe. Sans grand danger dans la surface, l’Allemand tacle le poison Neres qui s’était excentré. Penalty, transformé par Tadić (71e). La Cruijff Arena s’embrase. Sous le choc, les Boeren continuent de subir quelques uppercuts supplémentaires avant de se rebiffer quand ça commence sérieusement à sentir le roussi. Mais l’Ajax tient bon. Et crucifie même son adversaire sur le gong en piquant une troisième fois, grâce à Neres (90e+6). L’Ajax n’est pas morte, vive l’Ajax.
Ajax (4-3-3) : Onana – Mazraoui, De Ligt, Blind, Tagliafico – Schöne, F. De Jong, Van de Beek – Ziyech, Neres, Tadić. Entraîneur : Erik ten Hag.
PSV (4-4-3) : Zoet – Dumfries, Schwaab, Viergever, Angeliño – Rosario, Sadílek, Hendrix – Bergwijn, Lozano, L. De Jong. Entraîneur : Mark van Bommel.
Douglas De Graaf