- C1
- Quarts
- Ajax-Juventus (1-1)
L’Ajax, si belle et si fragile
Après avoir balayé le Real comme un ouragan le 5 mars dernier, l'Ajax a achevé de démontrer qu'il n'était pas que la sensation d'une soirée, en dominant nettement la Juventus dans son antre amstellodamois. Même si la prestation de la formation batave accouche d'une forme de paradoxe : les hommes d'Erik ten Hag ont encaissé un but sur la seule et unique frappe cadrée des Bianconeri.
Voilà de quoi faire définitivement taire les derniers pisse-froid. Plus qu’une giboulée de mars capable d’engloutir un soir de folie le Real Madrid, l’Ajax cuvée 2018-2019 a des allures de torrent énervé. Ce mercredi, les Ajacides se sont appliqués à engloutir le rafiot Juventus, qui a tangué en eaux dangereuses à la Johan Cruyff Arena, mais sans jamais finir par toucher le fond. C’est même la Vieille Dame, dominée, parfois même asphyxiée, qui a torpillé sans prévenir l’arrière-garde des Lanciers, sur son seul tir cadré du match. Un pion signé Cristiano Ronaldo, évidemment.
Vieille Dame cynique
Pour frapper, les Bianconeri ont d’ailleurs procédé en toute simplicité. Une remontée de balle de Bentancur, un centre millimétré de Cancelo, une tête smashée de Ronaldo, qui se retrouvait bizarrement complètement esseulé au point de penalty, et le tour fut joué. Un joli pion, relativement basique dans son exécution, à l’opposé complet des arabesques techniques déployées par les Bataves pour s’approcher de la cage de Szczęsny. Un style sophistiqué, qui a une nouvelle fois fait ses preuves ce mercredi : dans tous les secteurs du jeu, l’Ajax a eu le dessus. Plus de possession de balle (60% contre 40%), plus de tirs (19 contre 7) et notamment beaucoup plus de frappes cadrées (six contre seulement une pour la Juventus, qui aboutissait donc au but de Ronaldo).
La défense qui fâche
Voilà qui a bizarrement des airs de déjà-vu. Le 13 février dernier, en huitième de finale aller de C1, les Lanciers dominaient nettement le Real, assumant plus de possession de balle, tentant plus de tirs (18 contre 13), se procurant davantage d’occasions nettes, pour finalement s’incliner par 2-1. Signe que l’Ajax, aussi brillant soit-il, n’est pas toujours récompensé de ses efforts. Or, c’est bien connu, lorsque la finition n’est pas au rendez-vous, il faut savoir assurer dans sa propre surface, tenir les rênes derrière, pour ne pas laisser l’adversaire croquer les rares miettes qu’on lui laisse.
Une forme de réalisme défensif, qui ne semble pas encore tout à fait dans les cordes de cet Ajax-là, si brillant devant, à l’image du but fantastique de David Neres, qui a égalisé juste après la pause, mais moins virtuose derrière. Une défense où le phénomène Matthijs de Ligt ne peut pas éteindre à lui tout seul tous les départs de feu. En atteste ce solo phénoménal de Douglas Costa, qui a profité en fin de rencontre des espaces laissés par Veltman côté gauche, pour armer une frappe qui a terminé sa course sur le poteau d’Onana, et qui aurait pu bien complètement pourrir la soirée des Lanciers.
Voilà qui pourrait peut-être bien coûter à l’Ajax une qualification en demi-finale de C1, qui ne serait pour l’instant pas volée, au regard de la prestation de la formation batave lors de ce quart de finale aller. Ou peut-être que les Ajacides vont tout simplement incendier l’Allianz Stadium au retour, comme ils l’ont fait au Bernabéu, histoire, cette fois-ci, de démontrer que leur apparente fragilité n’était qu’une faiblesse fantasmée par les plus sceptiques.
Par Adrien Candau