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- Saint-Étienne-Auxerre (1-1, 4-5 TAB)
L’AJ Auxerre en Ligue 1 après sa victoire contre Saint-Étienne : un juste retour des choses
Dix ans après, l'AJ Auxerre est de retour à sa place, c'est-à-dire en première division. Au prix d'efforts colossaux, d'une saison solide et de nerfs à toute épreuve. Un nouveau succès pour le spécialiste Jean-Marc Furlan, mais pas que.
Les supporters stéphanois ont bien essayé de leur piquer la vedette à la fin de la séance de tirs au but en transformant la pelouse de Geoffroy-Guichard en zone de non-droit. Mais les héros de ce dimanche, en ce soir de clôture de la saison 2021-2022 du foot français, sont évidemment les joueurs de l’AJ Auxerre, envoyés au septième ciel – pour quelques secondes avant de se faire charger – par la tentative réussie du capitaine Birama Touré, prenant à contre-pied Paul Bernardoni. Un coup de patte qui assure la remontée dans l’élite pour l’Association de la jeunesse auxerroise, monument du football français, après dix saisons à traîner sa peine au purgatoire. Et un coup de patte qui met fin à un marathon que les Bourguignons auront dû s’infliger : 44 rencontres cette saison dont ces trois combats en neuf jours, 330 minutes (et deux séances de tirs au but remportées avec les mêmes tireurs et le même ordre) entre le 20 et le 29 mai, dont ce retour pénible à Saint-Étienne où ils auront dû serrer les dents et aller au bout d’eux-mêmes. Aujourd’hui plus que jamais, la Ligue 1 se mérite, et les Auxerrois, pourtant troisièmes de leur championnat, en ont fait l’expérience.
Furlan, la manita
Une seule équipe de Ligue 2 avait réussi à emprunter l’ascenseur de cette manière, depuis le retour du barrage de Ligue 1 en 2016-2017 : c’était l’ESTAC de Benjamin Nivet, justement lors de cette année 2017, face au FC Lorient (2-1, 0-0). Mais absolument aucune formation de l’antichambre n’avait encore validé ce parcours en passant par les terribles play-offs, système instauré dès 2017-2018 et sur lequel l’AC Ajaccio (contre Toulouse en 2018), le RC Lens (face à Dijon en 2019) et Toulouse (devant Nantes l’an passé) s’étaient tour à tour cassé les dents. Au cœur de ce succès se mélangent les histoires d’hommes et les trajectoires irrésistibles. Entre autres : Jean-Marc Furlan qui valide une cinquième remontée dans l’élite avec un troisième club différent, bouclant ainsi la mission pour laquelle il était arrivé en 2019 ; les esthètes Gaëtan Charbonnier et Mathias Autret dont on n’a toujours pas trouvé la véritable place, entre la première division et l’étage du dessous ; l’éternel numéro 2 Donovan Léon devenu le héros de l’Abbé-Deschamps ; le tube de l’année Gauthier Hein qui mérite une nouvelle chance en Ligue 1 ; le Lyonnais Gaëtan Perrin, en National la saison passée, qui a rallumé la flamme au match aller et transformé son penalty dans le Chaudron ; le Stéphanois Alexis Trouillet né à 500 mètres de Geoffroy-Guichard – à Saint-Priest-en-Jarez – et qui vient y couler l’ASSE ; le Brésilien Jubal, auteur d’un match XXL et que la L1 devra apprendre à connaître en 2022-2023.
Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiii @AJA pic.twitter.com/4VVcwPwFFq
— Djibril Cisse (@DjibrilCisse) May 29, 2022
Il y a une décennie, l’AJA de Roy Contout, Dennis Oliech, Olivier Sorin, Stéphane Grichting, Édouard Cissé et Cédric Hengbart mettait fin à une série de 32 saisons consécutives du club dans l’élite avec une piteuse vingtième place du championnat. Bernard Casoni, Jean-Luc Vannuchi, Viorel Moldovan, Cédric Daury, Francis Gillot, Pablo Correa et même l’intérimaire David Carré se sont succédé sur le banc depuis ; Vincent Gragnic, Amara Baby, Sébastien Puygrenier, Ruben Aguilar, Gaëtan Courtet, Mickaël Tacalfred, Pierre-Yves Polomat, Romain Philippoteaux, Lionel Mathis, Julien Féret ou encore Mickaël Le Bihan ont eu le temps de passer route de Vaux entre-temps. Mais ce n’est qu’aujourd’hui, en 2022, avec cette génération menée par JMF, que le champion de France 1996 retrouve enfin la lumière. « Personne ne croyait en nous pour ces barrages, on a montré qu’on était un groupe solidaire et c’est le plus important, a témoigné Léon au micro de Prime Video. En prolongation, je leur ai dit de se calmer et qu’on irait aux tirs au but. Le coach des gardiens voulait me donner une bouteille avec les noms, mais je lui ai dit« non c’est bon, je ne veux pas ». Je demande toujours au capitaine de me laisser commencer la séance, car je sais que, dans ce domaine, je suis assez bon. C’est la récompense du groupe, du club, et pour toute la ville qui n’attendait que ça. »
Une montée qui porte donc elle aussi le sceau de Furlan, à qui Charbonnier a rendu un bien bel hommage ( « Il est rempli d’idées de football et ça plaît à tout le monde » ). Quelle saveur celle-ci a-t-elle, pour le coach girondin qui connaît déjà la chanson par cœur ? « Je suis heureux parce que c’est la première fois que j’accède en Ligue 1 avec les barrages, a-t-il précisé toujours sur Prime. Le secret ? C’est surtout comment on arrive à créer une très forte dynamique collective dans un groupe, et quels sont les protocoles de jeu qu’on peut mettre en place pour toute l’équipe. Normalement avec 74 points tu montes direct, là on n’est pas montés. C’est très difficile, et l’année prochaine, ça va être encore plus difficile parce qu’il y aura quatre descentes et la Coupe du monde en novembre-décembre. Si je reste ? On verra, il faut que je discute avec M. Zhou, parce que normalement, je suis en fin de contrat. » Tout cela, Auxerre aura tout le temps d’y penser plus tard. Ce soir, il s’agit de savourer.
Par Jérémie Baron