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Laissez Toulouse en L1 !
Toulouse fait appel de sa relégation en Ligue 2. La vanne est bonne, mais à y regarder de plus près, la requête du président Sadran est parfaitement légitime.
Cette saison, encore plus que les autres, le Toulouse Football Club fait rire la France. Grâce à des épisodes tels que l’arrivée d’Antoine Kombouaré sur le banc violet, en octobre dernier. Lors de sa présentation, le Kanak déclarait ne pas avoir regardé le calendrier et très peu suivre la L1. Il sera licencié en janvier, après avoir connu la défaite 11 fois en 13 rencontres, pour aucune victoire. Il y a eu aussi le sketch du téléphone sur le banc, lors duquel le capitaine Matthieu Dossevi, probablement en manque de football, fut pris en flagrant délit de visionnage du Clásico pendant le match de Coupe de la Ligue à Lyon. Et enfin, dernier gag en date, le recours déposé par le club devant le tribunal administratif de Paris pour contester sa relégation en Ligue 2. Et pourtant, sur ce dernier point, la décision du Téf’ est parfaitement légitime. Tout comme celle de l’Amiens SC, qui a pris la même décision.
Ce 1% de chances qui fait le football
Si l’information amuse autant, c’est parce qu’au soir de la 28e journée, l’équipe entraînée par Denis Zanko accusait un retard de 14 points sur Nîmes, le barragiste. Soit plus que le total de points engrangés par les Toulousains depuis le début saison (13). On rit à nouveau. Puis on se rappelle à des principes de base, implacables : en sport, on n’entérine pas les résultats d’une compétition inachevée. On peut trouver des biais arbitraires pour décider des accessits en Coupe d’Europe, mais on ne peut en aucun cas décider de sacrer un champion, ou exclure deux équipes alors qu’un quart des rencontres n’a pas été disputé. De la même manière que si un marathon devait être interrompu au 35e kilomètre, il serait annulé. Ça, c’est la base du sport. Personne ne gagne ou ne perd un championnat amputé de 10 journées. Et surtout, personne n’en est exclu pour la saison suivante. Voilà pour les bases.
Alors bien sûr, les esprits cartésiens objecteront que les Toulousains seraient de toutes manières descendus si le championnat était allé à son terme. Et ils auront sans doute raison. Sauf qu’on ne le saura jamais. Car aussi désespérée qu’elle soit, la situation du TFC n’était pas mathématiquement définitive. Et le football a ceci de magnifique, que son histoire est jalonnée d’exploits – des vrais, du typede ceux qui tiennent de l’extra-ordinaire, pas ceux qu’on nous présente par dizaines chaque week-end. Nul doute que si la crise du COVID-19 avait eu lieu en janvier 2010, ces mêmes esprits cartésiens auraient sacré des Girondins, en tête avec 8 points d’avance sur leur dauphin marseillais, champion de France. Les Bordelais finiront finalement 6es. L’improbable, les retournements de situation, les séries de défaites ou de victoires inattendues sont le football. C’est même ce qui fait tout son charme. Certes, le TFC n’avait peut-être que 1% de chances de se maintenir. Il est même probable que les joueurs eux-mêmes n’y croyaient pas. Pas plus que leurs supporters. Mais gommer ce 1%, c’est bafouer le sport. Alors tout autant que les Amiénois – le cas lyonnais est différent –, les Toulousains ont raison de défendre une place en Ligue 1 qui leur a été retirée injustement. Et puis sans eux, qui nous fera rire la saison prochaine ?
Par Mathias Edwards