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Laissez Eduardo Camavinga tranquille
Cette semaine, les journaux espagnols ont fait enfler la rumeur : le Real Madrid s'intéresserait de très près à Eduardo Camavinga, pour le prochain mercato. La saison n'est pas encore terminée, mais le joueur de 17 ans est déjà promis à un cador européen dans un futur proche, et le prix du milieu de terrain rennais serait même fixé à cinquante millions d'euros. Et si on le laissait plutôt prendre son temps ?
Il s’en est passé des choses dans la vie d’Eduardo Camavinga, en moins d’un an. Il y a eu ce 1er mai 2019, d’abord : une première titularisation en Ligue 1 au Roazhon Park, devant 30 000 personnes plus occupées à fêter le sacre du Stade rennais en Coupe de France qu’à scruter le baptême du feu d’un jeune milieu de terrain de seize piges. La suite ? Un match de gala contre le PSG en prime time. Une place de titulaire indiscutable dans le onze de Julien Stéphan. La découverte des joutes européennes avec la C3. Une naturalisation française attendue. Et un premier pion de patron sur la pelouse de Lyon. Surprenante, cette ascension fulgurante ? Pas vraiment. Ceux qui l’ont connu sont unanimes, le gamin était destiné à faire une entrée fracassante dans la cour des grands.
Et maintenant ? Plus de terrain, mais Camavinga continue de faire parler de lui. Cette semaine, le joueur de 17 ans a eu le privilège (ou l’inconvénient, au choix) de faire la Une de quelques journaux. La raison : l’intérêt grandissant du Real Madrid pour le milieu rennais. Selon Marca, « la voie est libre » pour recruter le Breton, Barcelone et Dortmund ayant lâché l’affaire. D’après AS, Zinédine Zidane serait bouillant à l’idée de pouvoir compter sur Camavinga. Et les deux quotidiens pro-madrilènes, faut-il le préciser, ont déjà fixé le tarif : cinquante millions d’euros, environ. Des gros chiffres, des bruits de couloir, des informations à prendre avec des pincettes… La saison 2019-2020 n’est pas encore officiellement terminée que l’histoire semble déjà écrite : l’international espoir pourrait rapidement atterrir chez un cador européen. Et si on lui offrait plutôt le luxe de pouvoir prendre son temps ?
Le conseil de Stéphan
Depuis sa première apparition sur un terrain de Ligue 1 en avril 2019, Camavinga a enquillé une quarantaine de matchs chez les professionnels (pour un but, et deux passes décisives). Il faut être honnête, il n’a pas rendu beaucoup de mauvaises copies. Est-ce une raison pour filer dans un des plus grands clubs au monde, après une seule belle saison ? La réponse est non. Julien Stéphan n’a d’ailleurs pas dit autre chose dans un long entretien accordé au journal AS, cette semaine.
« Je lui donne toujours le conseil de rester une année de plus à Rennes, parce que c’est son club formateur, a déclaré le coach. Après une bonne saison, il faut toujours confirmer et ce serait plus facile pour lui de le faire ici. Je crois qu’il lui reste encore des étapes à franchir, avant de faire le grand saut vers un top club. Il y a une différence entre pouvoir jouer une saison à haut niveau avec son club formateur, et jouer tous les trois jours et soixante matchs par saison dans un très grand club. » La voix de la sagesse. Et cette évidence : Camavinga a le temps. Le train des gros clubs ne passera pas qu’une fois, loin de là. Le talent du gamin ne disparaîtra pas du jour au lendemain, c’est certain.
Le confort de la maison
Alors, pourquoi se précipiter ? À Rennes, Camavinga peut encore apprendre. Surtout si le club breton venait à découvrir les joies de la Ligue des champions. Rien qu’en Ligue 1, il venait de sortir de sa première période délicate, entre la fatigue due à l’accumulation des matchs, les plans adverses pour le contenir et les nombreux coups reçus. Même sans C1, le milieu de terrain aurait tout à gagner en poursuivant sa progression dans un environnement qui lui est familier. « Pouvoir bosser avec Julien Stéphan et son adjoint Mathieu Le Scornet (Camavinga a connu les deux éducateurs pendant sa formation à Rennes, N.D.L.R.), ça permet d’avoir de super repères pour un jeune comme lui », confiait récemment Landry Chauvin, ancien directeur du centre de formation du SRFC.
Aux dernières nouvelles, le joueur n’est pas pressé. Sa famille non plus. Le Stade rennais, lui, aurait en tête de le conserver pour une année supplémentaire. Reste à savoir si son entourage – son agent Moussa Sissoko est aussi le représentant d’Ousmane Dembélé – aura la lucidité de lui conseiller de résister à l’opération séduction du Real Madrid. En attendant le verdict, Landry Chauvin, qui a passé vingt ans auprès de la formation rennaise, sort la boîte à souvenirs : « J’en ai vu passer des joueurs, mais mon podium des plus grands talents est clair : Yoann Gourcuff, Ousmane Dembélé et Eduardo Camavinga. » Mauvaise nouvelle, les deux premiers avaient fait le choix de quitter Rennes après leur première saison pleine.
Par Clément Gavard