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Laisse pas traîner Memphis
Arrivé à saturation de Memphis Depay et de son amour propre, Bruno Génésio lui a volé dans les plumes ce mardi. Un bras de fer qui avait débuté samedi à Angers, un soir où le Néerlandais avait débuté sur le banc avant de délivrer l'OL. Une intervention nécessaire, s'il ne veut pas que Memphis glisse. À moins qu'il ne soit déjà trop tard.
Un merci aurait dû suffire. Juste pour exprimer la gratitude d’un entraîneur envers son joueur pour avoir permis à l’équipe d’arracher les trois points en toute fin de match. Ou plus largement d’être l’élément le plus décisif de son effectif depuis le début de saison, avec quatre buts et quatre passes décisives toutes compétitions confondues. Mais non, après l’entrée déterminante de Memphis Depay à Angers (victoire 2-1, un but et une passe décisive pour le Néerlandais), ce sont des reproches que Bruno Génésio a adressé ce mardi à son attaquant, formulés sous la forme de fausses excuses et face à tout le vestiaire lyonnais, dans une tirade pleine de sarcasme et d’amertume ébruitée par RMC Sport. « Je veux m’excuser, Memphis, aurait lâché le coach de l’OL. Je m’excuse pour tous tes retards, notamment à la reprise cet été, je m’excuse pour les équipements que tu portes qui ne sont pas ceux du club, je m’excuse pour ton échauffement à Angers, ton retard et ton manque d’implication. Memphis, pour avoir une belle carrière, il faut de l’humilité. »
Bourdon lyonnais
Un ras-le-bol face à un trop-plein d’individualisme, qui fait suite à la sortie du Néerlandais dans les coursives du stade Raymond-Kopa. « J’en ai marre d’entendre à chaque fois que j’ai changé le match, clamait celui qui avait commencé la rencontre sur le banc avant de claquer une passe décisive pour Aouar huit minutes après son entrée en jeu et le but salvateur à trois minutes du terme. Je ne me sens pas toujours comme un joueur respecté. Je fais le job à chaque fois, je suis fort mentalement… Je dois accepter les décisions du coach, mais je mérite mieux que ça. Je devrais jouer à chaque match. » Rien d’étonnant de la part d’un joueur qui n’en est pas à son coup d’essai en matière d’ego trip et qui avait déjà dit qu’il « ne joue pas pour son coach, mais pour Dieu » . Jean-Michel Aulas avait beau passer la pommade, louant la « personnalité » du Hollandais et sa capacité a avoir su « passer sur son amertume et sa frustration » , la pilule n’est pas passée pour Génésio.
Pour un coach en perpétuelle quête de légitimité, cet affront est celui de trop, et son agacement a eu le temps de mûrir. Car Memphis Depay est une tête à claques depuis son arrivée à Lyon et les torts qui lui sont reprochés ne datent pas d’hier. Le fait qu’il soit sur le banc à Angers ne peut pas être nécessairement considéré comme une punition comme ont pu l’être celles des Parisiens Mbappé et Rabiot le même week-end. Surtout que, vu le personnage, rien ne dit que cette sanction puisse changer quoi que ce soit dans son état d’esprit. Non, cette décision avait tout l’air d’un choix managérial : préserver le joueur, faire respecter une rotation dans un effectif assez riche dans ce secteur, ainsi que privilégier la puissance et le gabarit de Moussa Dembélé en pointe face à la solide défense angevine. Bref, rien d’incompréhensible et un coup tactique finalement payant que peu de monde saura mettre au crédit de Bruno Génésio.
Traitement de défaveur
D’ailleurs, quand la presse le questionnait sur sa décision, celui-ci ne pouvait camoufler sa lassitude face aux sceptiques. Était-ce la bonne solution que de laisser Depay de côté ? « Ça, c’est à vous de le dire, mais avec moi, ça doit être une erreur de coaching au départ. Avec d’autres, ce serait un bon coaching. À vous de faire votre choix. » Voilà qui est Bruno Génésio : un type qui lorsqu’il essaye de faire respecter l’institution voit son autorité et son emprise sur le groupe remises en question, alors que Thomas Tuchel sera quant à lui salué pour sa poigne.
Ce qui permet aussi de remarquer que l’autre acteur de ce vaudeville, Memphis Depay, pourrait lui aussi regretter qu’il y ait deux poids deux mesures dans ce genre de situations. Car son expérience n’est pas si éloignée de celle de Kylian Mbappé, sorti de sa boîte pour offrir la victoire aux siens avant de clamer toute son ambition au micro de Canal+. À la différence près que le Parisien n’a jamais publiquement remis en cause son entraîneur et qu’il semble avoir imprimé la leçon. Tout est dans la forme et dans la réception des messages. Ou comment cerner en deux parallèles ce qui empêche Memphis Depay et Bruno Génésio d’être considérés comme des grands.
Par Mathieu Rollinger