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L’aile et la cuisse pour Ivano Bonetti

Par Gabriel Cnudde
L’aile et la cuisse pour Ivano Bonetti

Les listes des blessures les plus ridicules des joueurs de football sont diverses et variées, mais au sommet de chacune d'entre elles trône l'invraisemblable histoire de la fracture de la pommette d'Ivano Bonetti. Une blessure qui a fait entrer quelques chicken wings dans le hall of fame d'un club.

La relation qu’entretient un coach avec ses joueurs, tant humainement que professionnellement, est l’un des éléments clefs de la bonne santé d’une équipe de football. Qu’il s’agisse de savoir « tenir son vestiaire » ou d’établir des rapports de respect mutuel, les entraîneurs doivent toujours garder à l’esprit qu’ils font partie d’un tout, d’une équipe, mais qu’ils en sont la locomotive. Seulement, il arrive parfois que le train déraille. Comme un patron ne peut pas toujours bien s’entendre avec son employé, il arrive qu’un entraîneur ne puisse pas encadrer l’un de ses joueurs. On peut alors en arriver aux mots, et les exemples sont ici nombreux, voire plus. Un soir de février 1996, Brian Laws, alors manager de Grimsby Town, ne s’est pas contenté d’une gueulante. Hors de lui, il aurait alors jeté au visage d’Ivano Bonetti un plateau d’ailes de poulet, lui fracturant la pommette. De quoi relativiser les gueulantes « sèche-cheveux » de Sir Alex Ferguson et garder en mémoire que les blessures peuvent venir de n’importe où. Même d’ailes de poulet.

Un Italien à Grimsby

Né à Brescia le 1er août 1964, Ivano Bonetti était destiné à jouer au football. Son père, Aldo, avait fait les beaux jours de Brescia jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, et son frère, Dario, avait joué plus de cent matchs avec la Roma et avait même disputé deux matchs avec la Nazionale. C’est donc tout naturellement qu’Ivano a commencé à faire des siennes sur son aile gauche du côté de Brescia, avant d’aller au Genoa, en Serie B. Après une bonne saison, Ivano enchaîne les bonnes performances du côté de la Juventus, de l’Atalanta, de la Sampdoria et de Bologne, croisant le fer à plusieurs reprises avec son frère. Reconnu au pays comme un bon joueur, Ivano ne parvient toutefois pas à trouver ce petit plus qui ferait de lui un très bon joueur. Après ses deux meilleures saisons, entre 1988 et 1990, un manque de régularité le fait lentement stagner, puis décliner, jusqu’à lui faire tenter une expérience un peu particulière en Angleterre. En 1995, Bonetti s’envole pour Grimsby Town, en Football League First Division, l’actuel Championship.

Son arrivée au club attire l’attention de toute l’Angleterre du football. S’il n’est pas un top player, son statut est déjà énorme pour les Mariners, qui voient directement en lui une possible légende du club. Alors, quand le président annonce qu’il manque 100 000 livres pour racheter les droits du joueur au fonds d’investissement les détenant, les supporters n’hésitent pas une seconde. Acquis à la cause des habitués du Blundell Park, Ivano Bonetti marque un peu plus les esprits en offrant la victoire aux Mariners lors d’un match de championnat face à West Bromwich Albion, alors entraîné par un ancien de Grimsby. À cet instant précis, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour Bonetti, qui est à des lieux de s’imaginer que quelques semaines plus tard, il se prendra un plateau d’ailes de poulet en travers du visage. Il faut dire que Brian Laws, alors entraîneur de Grimsby Town, n’a jamais été connu pour son calme, surtout après des défaites difficiles à avaler.

Sandwich ou poulet ?

Le 10 février 1996, les Mariners se déplacent sur la pelouse de Luton, l’une des équipes les plus faibles du championnat, qu’ils avaient sèchement battu quelques semaines plus tôt, 7-1. Alors qu’ils mènent 2-0, les joueurs de Grimsby se font reprendre et perdent le match 3-2. Assez pour que Brian Laws perde ses nerfs dans le vestiaire et s’en prenne ouvertement à Ivano Bonetti, qu’il accuse de ne pas s’être assez donné sur le terrain. Dès le lendemain, la presse britannique s’emballe et relaie une information incroyable : l’Italien aurait été transporté à l’hôpital pour une fracture de la pommette après que son entraîneur lui a balancé à la figure des chicken wings et le plateau qui les accompagnait. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, des langues se sont déliées, et l’histoire est devenue une légende. Personne ne peut vraiment démêler le vrai du faux, mais tout le monde en a entendu parler.

Jamie Forrester, ancien Mariner, a donné sa version de l’incident sur son blog, dans des propos repris par les grands quotidiens anglais. « En entrant dans le vestiaire, Bonetti s’est mis à manger quelques sandwichs qui avaient été mis à notre disposition par l’équipe adverse. Les médias parlent d’ailes de poulet, mais je vous assure que c’étaient des sandwichs ! Puis dans le fond, on s’en fiche de ce que c’était ! Brian Laws l’a vu faire et lui a hurlé dessus immédiatement. « On vient de perdre un match et tu manges des putains de sandwichs, enculé ! » » , explique Jamie. « Ce n’était peut-être pas les mots exacts, mais vous avez l’idée. Bonetti, malgré sa classe, n’était pas vraiment le genre de mec abattu après la défaite, alors que Brian Laws était un passionné. Bonetti lui a répondu un truc en italien. Je ne parle pas un mot d’italien, mais à en juger par le ton employé, ce n’était pas très gentil » , se souvient Forrester. « Une seconde plus tard, le plateau de sandwichs volait à travers le vestiaire, et tout ce dont je me souviens, c’est que plein de gens essayaient de les calmer. Dario, l’interprète d’Ivano, s’est jeté dans la mêlée lui aussi. Je n’en revenais pas. J’ai pensé que j’avais bien fait de ne pas me plaindre de mon remplacement… »

Des années après cet incident incroyable, Brian Laws lui-même décide de s’expliquer. Dans les colonnes du Grimsby’s Telegraph, en 2012, il explique sa surprise. « Je ne sais pas du tout d’où sort cette histoire d’ailes de poulet ! Tout ça est devenu presque drôle, mais j’ai pensé que c’était plus sage de laisser couler » , rapporte-t-il. « Cet événement a beaucoup fait parler de lui, et beaucoup de gens en rigolent encore aujourd’hui, moi y compris, mais à l’époque, ce n’était pas très drôle. Malheureusement, toute la presse en a parlé et ça a pris des proportions incroyables. » Avec beaucoup de recul, et une pointe de regrets, Brian Laws tente d’expliquer son excès de colère. « À cette période, j’avais beaucoup de choses à gérer, des choses que la plupart des managers n’aimeraient pas connaître » , explique-t-il énigmatiquement. Parmi ces choses, choisir entre chicken wings normales ou chicken wings épicées.

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