- Premier League
- J19
- Man. City-Bournemouth
L’aiguille Sterling
Pour sa deuxième saison sous les ordres de Pep Guardiola, Raheem Sterling a pris une nouvelle dimension. Titulaire indiscutable sur son aile droite, le cauchemar de Bournemouth est enfin devenu ultra décisif. Grâce au boulot mené avec son entraîneur. Et à sa spéciale : marquer dans les dernières minutes.
26 août 2017. Troisième journée de Premier League. 97e minute. Après avoir galéré pendant toute la rencontre – qui est alors bloquée sur le score de 1-1 –, Manchester City fait trembler les filets une deuxième fois et s’adjuge, avec une certaine réussite, la victoire. Le héros du jour ? Raheem Sterling, buteur sur le gong bien qu’expulsé après avoir reçu un second carton à cause d’une règle à revoir (stipulant l’interdiction d’une célébration avec contact physique auprès des supporters). La victime de ce samedi estival ? Bournemouth, bien sûr : en six confrontations contre lui, les Cherriesont concédé huit buts de la part de l’Anglais (qui a aussi réussi une passe décisive). Lequel ne le sait peut-être pas encore, mais il vient de lancer l’incroyable série (en cours) de seize succès d’affilée de son club en championnat. Le garçon vient aussi et surtout de lancer sa propre saison, qui s’avère pour le moment aussi aboutie que celle de son équipe.
Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les chiffres. Les détracteurs du bonhomme – et ils sont encore nombreux – lui ont d’ailleurs souvent reproché son (in)efficacité devant les cages. Même Pep Guardiola l’avait observé à son arrivée. « Il m’a demandé d’être plus direct dans mon jeu, d’être le joueur qu’il sait que je peux être, avait ainsi confié Sterling à la presse après une victoire 2-1 contre Arsenal (durant laquelle il avait inscrit le but vainqueur) en décembre 2016.Être décisif, créer des occasions et marquer des buts, c’est ce que j’ai besoin de faire.(…)Je regarde les autres joueurs pour m’améliorer. » Les statistiques, donc. Celles obtenues depuis ce match aller à Bournemouth prouvent que l’ancien de Liverpool a complètement intégré le message de son entraîneur. Voyez plutôt : à mi-parcours, l’ailier a planté quinze fois et réalisé trois assistsen 21 apparitions (Ligue des champions et PL cumulées). Son précédent record ? Dix pions et quinze passes dé. En 47 parties… Plus perso, le Raheem ? Plutôt plus tueur.
Transpiration, écoute et réflexion
Pour en arriver là, celui qui vient de fêter ses 23 bougies le 8 décembre a bossé. Forcément. Mais le grand responsable de cette mutation s’appelle Guardiola. À coups de discussions et d’exercices, le Catalan a su exploiter et faire grossir l’immense potentiel du Britannique. Qui sait très bien ce qu’il doit à son technicien, comme il l’a confirmé face à la presse en novembre dernier : « Le coach est dans l’univers du football depuis longtemps. Il a gagné énormément de choses, il a travaillé avec de jeunes joueurs. Mais aussi avec de grands joueurs. Il sait comment en tirer le meilleur parti. Il m’a énormément aidé. Pas seulement moi, mais aussi toute l’équipe.(…)C’est ma saison, vous allez me voir travailler dur, c’est sûr. » Le labeur paye même déjà. Plus déterminé que les autres, jamais fatigué, Sterling provoque la chance en allant au bout des choses. Coûte que coûte. Résultats : en 2017-2018, l’ex des Queens Park Rangers a été décisif à onze reprises dans le dernier quart d’heure, dont huit fois dans les cinq dernières minutes. Mieux : ces tremblements de filets ont rapporté neuf points à sa team. De quoi lui offrir un nouveau contrat en or ?
« Cela ne me regarde pas pour le moment, c’est à Txiki de gérer ça, a répondu Guardiola en conférence de presse ce mois-ci.J’ai été très clair au début de la saison quand Arsenal le voulait. C’était un non catégorique, et ça n’a pas changé. Raheem Sterling est encore très jeune. J’espère qu’il sera toujours aussi heureux ici et qu’il restera longtemps. Croyez-moi, je n’ai pas été surpris par Raheem. Je connaissais son talent. Il avait déjà montré de grandes choses à Liverpool. On est très heureux pour lui, c’est un mec bien. On l’aime beaucoup dans le vestiaire. » En attendant, l’international devrait être titulaire face à sa proie préférée ce soir. Histoire de montrer qu’il est encore à l’heure. Même s’il faut encore s’amuser avec l’horloge pour mettre tout le monde d’accord.
Par Florian Cadu