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L’affaire est dans l’Isak
Dans une Liga en recherche de figures capables d’assurer le spectacle, la Real Sociedad continue son opération séduction grâce à un jeu collectif alléchant. La semaine dernière, une individualité s’est pourtant mise à exploser aux yeux de tous : Alexander Isak. Ce Suédois de 20 ans ira loin, très loin.
La Real Sociedad va bien, son entraîneur Imanol Alguacil va bien, les joueurs aussi, merci. Tour à tour, le club basque s’est coltiné deux gros clients avec un déplacement pour taper le Real Madrid au Santiago-Bernabéu en Coupe d’Espagne (3-4), puis se défaire du coriace Athletic Bilbao en championnat dans un derby bouillant (2-1). Sur le papier, les deux missions apparaissaient compliquées, mais dans les faits, l’Erreala les a accomplies avec brio. Ces succès, la Real Sociedad les doit en grande partie à Alexander Isak, qui a planté un doublé au Santiago-Bernabéu et le but de la victoire en fin de match dans le derby, et une passe décisive dans chacune de ces rencontres.
La fièvre du jeudi soir et le jour du Seigneur
À la sortie de sa victoire acquise à Madrid, Alguacil n’a pas réussi à cacher son coup de cœur. « Bon, si vous me permettez cette petite parenthèse, je vais vous dire qu’Isak est en train de démontrer le grand joueur qu’il est. » Et c’est peu de le dire dans cette semaine parfaite pour l’attaquant scandinave. Bien entendu, ce doublé et cette passe décisive face au Real Madrid jeudi dernier sont admirés de tous, mais ce n’est pas tout. Dans la capitale espagnole, sa vivacité d’esprit et sa mobilité, horizontale comme verticale, ont donné des maux de tête aux défenseurs de la Maison-Blanche au point de faire passer Marcelo pour un latéral gauche de pacotille. À tout juste 20 ans, Isak a mis à mal l’une des références des années 2010 à son poste en lui faisant comprendre que la nouvelle vague arrivait fort et sans vraiment prévenir, telle une tempête Ciara.
Titulaire en pointe dans le schéma tactique des Txuri-Urdin, Isak a laissé Willian José reprendre du service trois jours plus tard en Liga contre l’Athletic, après quatre matchs consécutifs débutés au mieux depuis le banc de touche. Manque de pot pour l’avant-centre brésilien, ses cinquante-cinq minutes passées sur la pelouse lors du derby n’ont débouché sur aucun but. Tout le contraire d’Isak, une nouvelle fois étincelant dès son entrée en jeu. D’abord spectaculaire grâce à un coup du sombrero effectué sur Yeray Álvarez, l’artiste fait se lever la foule sur un dribble magnifique sur Dani García enchaîné d’une passe décisive à destination de Portu (65e, 1-0). Devant la résistance offerte par le voisin basque, Isak s’est démené comme un beau diable pour offrir le succès aux siens et prouver toute sa rage de vaincre (2-1, 83e). De quoi prendre le rôle du sauveur au cœur de cet après-midi dominical. Mais d’où vient cet OVNI ?
Goitom, l’aîné spirituel
Du talent, le jeune avant-centre de la Real en possède à la pelle comme en témoigne son CV : à seulement 17 ans et 109 jours, le gamin né de parents érythréens devient le deuxième footballeur le plus précoce à jouer pour la Suède après Gunnar Pleijel. Quatre jours plus tard, le voilà qui inscrit son tout premier but en sélection nationale contre la Slovaquie. Très rapidement sous le feu des projecteurs, Isak est affublé par la presse d’un surnom : le « nouveau Zlatan » . Une image que le jeune footballeur trouve lui-même inappropriée. « Je pense que les gens utilisent ce surnom parce que ça sonne bien, confiait le joueur à Voetbal International. Je suis juste Alexander Isak, et je le serai toujours. J’écris ma propre histoire. » À vrai dire, l’attaquant d’1,90m préfère garder les pieds sur terre afin d’être en harmonie avec ses racines. « Là où j’ai grandi, je ne pouvais m’identifier à aucun joueur originaire d’Érythrée, à part Henok Goitom (actuel avant-centre de l’AIK Solna, N.D.L.R.). C’est la grande vedette du pays, je l’ai beaucoup regardé jouer quand j’étais petit. » Un homme né à Stockholm, grand par la taille et lié par le sang à la patrie des ses ancêtres. Comme quoi, le petit frère peut se servir de l’aîné comme d’un tremplin. À présent, l’avenir lui appartient.
Par Antoine Donnarieix