L’affaire du Ch’ti Grégory

Malicki ou la fin chaotique

« Je ne m’y attendais pas trop. J’étais performant. Je suis content : je sais que j’ai fait une bonne saison. C’est le choix du coach » . Cette sortie du gardien lillois, en date du 12 mai dans le journal L’Equipe, vise directement Rudi Garcia. Le très souriant coach du LOSC décide de ne plus faire jouer Grégory Malicki pour les quatre dernières journées de championnat. Son équipe reste sur trois défaites consécutives (Saint-Étienne, Lorient et l’OM) et Garcia veut un électrochoc : exit Malicki, titulaire depuis le début de saison, et place à Ludovic Butelle. Pas de chance pour le doyen du club. A 35 ans, Malicki a enfin eu la chance de débuter une saison en L1 dans la peau du boss. Celui qui était arrivé au LOSC en 2001 avait toujours endossé le rôle de doublure, soit de Greg Wimbée (tiens, tiens…) soit du Sénégalais Tony Sylva. Il a disputé en 2008-2009 autant de rencontres qu’en sept ans passés au club ! Si Greg n’est pas irréprochable en cette fin de championnat, il refuse d’être le bouc émissaire d’une équipe lilloise qui rate les dernières échéances. Bref, son orgueil est touché et l’ancien Niortais a bien compris qu’il ne jouerait plus jamais sous l’ère Garcia. Une lueur d’espoir est apparue dans le sombre avenir de Malicki avec le vrai-faux limogeage de Rudi Garcia. Mais après des rebondissements hollywoodiens, l’ancien technicien du Mans récupère son poste. Fatal à Malicki qui, après huit ans à bouffer du maroilles, résilie sa dernière année de contrat. Son fait de gloire : sa sublime prestation lors du succès des Dogues sur la pelouse du Milan AC en Ligue des Champions 2006 (0-2).

Tafforeau ou l’éviction progressive

Une autre victime du serial killer Garcia. Arrivé comme Malicki en 2001, le défenseur s’impose rapidement dans son couloir gauche au point d’enfiler le brassard de capitaine. Fidèle parmi les fidèles, Tafforeau carbure à plus de 30 matches par saison en L1. Mais le départ de Claude Puel et l’arrivée du Sergent Garcia grippent la machine. Première décision du nouvel entraîneur : nommer Rio Grande Mavuba capitaine. Deuxième décision : ne plus faire de Greg un titulaire indiscutable (16 rencontres seulement en L1). Troisième excellente initiative : lorsqu’il gambade sur le pré, le joueur de 32 ans occupe souvent une position de milieu récupérateur. Tafforeau est, au sens propre comme figuré, mis sur la touche. Lui, le symbole lillois, de toutes les campagnes européennes du LOSC, auteur d’une passe décisive pour Milenko Acimovic en novembre 2005 et une victoire 1-0 face à Manchester United. Comme pour son pote Malicki, le maintien de Garcia à la tête de l’équipe sonne la fin de l’aventure. Tafforeau a décidé de boucler la boucle et vient de s’engager deux ans avec son premier club, le Stade Malherbe de Caen. En même temps, il avait commencé sa carrière en pro sous une mauvaise étoile : pour son premier match, avec Caen contre Lille ( !) en 1998, il remplace un certain… Jérôme Rothen.

Wimbée ou le manque de reconnaissance

Le dernier de nos trois mousquetaires Ch’tis. Le gardien a joué six saisons avec Lille (1998-2004), goûtant notamment aux méthodes rigoureuses de coach Vahid. Après 196 matches en L1 sous la tunique des Dogues, deux ans à Metz, le portier rejoint Grenoble en 2006. Titulaire indiscutable, Wimbée a disputé 37 rencontres en championnat et a largement contribué au beau maintien des Isérois. Bon, même s’il faut bien reconnaître que ses dégagements au pied ont plus souvent atterri dans les tribunes du Stade des Alpes que sur la pelouse… Mais malgré ses performances plus qu’honorables, le doyen de la Ligue 1 n’est pas conservé par la direction du GF38 qui refuse de prolonger son contrat. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas ravi du déroulé du divorce, comme il l’exprime dans les colonnes du Dauphiné Libéré le 4 juin : « Il y a d’autres façons de dire au revoir. Surtout à des joueurs qui ont tout donné au club et qui ont réalisé de belles choses. Cela ne se passe pas dans des règles de courtoisie. Mais la vie continue pour moi et pour le club. Même s’il faudrait que certains changent de communication et arrêtent de mentir » . Le poids de l’âge est certainement le paramètre qui a poussé Grenoble à se séparer sans trop d’état d’âme de Wimbée, et de recruter l’ancien Stéphanois Jody Viviani pour le remplacer. Mais, du haut de ses 37 ans, le Nordiste d’adoption n’envisage pas de mettre un terme à sa carrière. Seule condition : revenir dans la région du Nord où sa famille réside. Peut-être à Lille, qui cherche un troisième gardien, après la grave blessure de Mika Landreau ? Au risque de succomber de nouveau à la malédiction, celle d’aller se faire voir chez les Greg.