- C3
- 8es
- OL-AS Rome (4-2)
Lacazette, le jour de gloire est arrivé
Attendu pour ce choc contre la Roma, Alexandre Lacazette se libère ainsi de son talon d’Achille depuis ses débuts à l’OL : marquer un but important contre un gros poisson européen. Le voilà désormais dressé en égérie incontestable du club, et apte à être rappelé chez les Bleus.
Le calme après la tempête. Sans l’ombre d’un sentiment de bonheur, Alexandre Lacazette reste impassible devant le kop lyonnais en furie, où Mathieu Valbuena est parti se prendre un bain de foule alors qu’il est simple passeur décisif. Les autres partenaires du buteur l’entourent, le bousculent. Il reste de marbre. Ça y est, le buteur en série de l’OL vient à nouveau de frapper. Au meilleur des moments, et de la plus belle façon possible. Précédée d’un crochet, sa frappe tendue part droit dans la lucarne d’Alisson, pourtant peu avare en matière de parades réalisées devant le numéro 10 dans ce match aussi intense que fou. Mais Lacaz’ ne voulait pas terminer son superbe travail de la soirée sur un énième penalty. Ce soir, il lui fallait un chef-d’œuvre. L’artiste s’exprime, la toile d’araignée vacille. Et au plus profond de lui-même, Lacazette rugit.
Le Lacazette, c’est mieux maintenant
Avec sa posture digne de Napoléon qui gonfle son buste pour graver cet instant magique dans les grandes nuits de conquêtes européennes, Lacazette prend quelques secondes pour contempler sa réussite. Une réussite totale sur le plan personnel, avec un vingt-septième pion planté en trente-trois matchs cette saison. Mais à vrai dire, celui-là possède un goût particulier. C’est un but marqué contre l’AS Rome, une des principales forces vives du football italien sur la scène continentale. Une équipe qui, au tour précédent, avait écrasé Villarreal (4-1 en score cumulé), pourtant récent demi-finaliste de la précédente édition de C3. Bref, une équipe qui pèse dans cette compétition, et qui fait office de favorite pour soulever le trophée dans le Friends Arena de Solna, le 24 mai prochain. Cette même équipe est donc venue au Parc OL, et repart à Rome avec le sentiment de s’être fait bouger en seconde période, avec pour bouquet final ce bijou de Lacazette, tant pointé du doigt pour sa fragilité en Coupe d’Europe.
Dans son regard de glace, il y a aussi une place pour ces moments où une dose d’expérience, de sang-froid et d’abnégation lui manquait. Par exemple, quand lors de la campagne de C1 précédente, il manque un penalty crucial contre La Gantoise pour mettre son OL dans de bonnes dispositions en démarrant la compétition en tête du groupe. Au lieu de cela, Lyon ne sera même pas reversé en C3 au moment de faire les comptes. L’année suivante, bis repetita. Opposé à la légende Gianluigi Buffon sur penalty, Lacazette tergiverse et arme un plat du pied trop sécurité pour surprendre son vis-à-vis. Mais à l’image de son buteur, Lyon est cette fois en C3, une compétition où ses ambitions peuvent être vues à la hausse. Après tout, la mélodie de la Ligue des champions n’est pas obligatoire pour vibrer dans une soirée européenne. La saveur d’une victoire obtenue à l’envie et à l’usure s’apprécie, et Lacazette peut profiter de sa danse avec la Louve. Sans oublier une chose : la modération.
Maître en son empire
D’accord, la soirée vécue hier au Parc OL était belle et restera dans les mémoires de milliers de Gones et Fenottes, c’est incontestable. Aussi, la prestation du fer de lance de l’attaque lyonnaise au milieu de cette défense romaine à cinq frôle le parfait. Entre décrochages réguliers, appels en profondeur menaçants et pressing incessant. Lacazette aura fait un match de patron, d’empereur. Son mérite est grand. Mais désormais, le football français ne peut plus oublier : un bon match aller ne qualifie pas sans un bon match retour. Dans une semaine au stade olympique de Rome, Lacazette et ses dix partenaires vont devoir défendre leur couronne de lauriers acquise en France. Et si Lyon souhaite voir les quarts de finale de la compétition, il faudra résister avant cela aux assauts des gladiateurs vexés que sont Džeko, Salah, Perotti, Nainggolan, De Rossi ou même Totti. Et pour résister avec une défense toujours friable, l’OL va devoir marquer. Une chose dont Lacazette, sous l’œil aguerri de Didier Deschamps, a très envie.
Par Antoine Donnarieix, à Lyon