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Lacazette, déjà un grand de l’OL ?
Samedi dernier, face au RC Lens, Lacazette n'a pas tremblé pour inscrire, sur penalty, son 20e but en championnat. Dans l'histoire du club rhodanien, seuls sept joueurs ont totalisé (ou dépassé) ce nombre de pions à l'issue d'une saison. De quoi le propulser dans la catégorie des grands attaquants lyonnais ?
Il n’y a plus grand-chose à dire sur la saison d’Alexandre Lacazette. Tout le monde l’a remarqué, le n°10 est dans la forme de sa vie. Intenable sur le front de l’attaque lyonnaise, Alex enchaîne les buts avec une facilité déconcertante. Ce week-end, face à Lens, il a inscrit sur penalty son 20e pion en championnat. À ce stade de la compétition, c’est tout simplement remarquable. Car, oui, voir un joueur comptabiliser autant de buts après seulement 21 journées est loin d’être quelque chose de commun. D’ailleurs, on n’avait plus vu ça en Ligue 1 depuis la saison 1977-1978 et un certain Carlos Bianchi. C’est dire si l’exploit est grand. D’un point de vue local, il est évidemment le premier joueur lyonnais à atteindre un tel total si tôt dans la saison. De tous les joueurs qui ont porté le maillot de l’OL, ils ne sont que sept à avoir atteint ou dépassé cette fameuse barre de la vingtaine sur une saison. Parmi ces sept-là, celui qui détient le record absolu s’appelle André Guy et a marqué à 25 reprises lors de l’exercice 1968-1969. Un record dont l’espérance de vie diminue à toute vitesse au vu du rythme infernal que s’impose le gamin de Mermoz. En tout cas, pour Lacazette, une chose est sûre : cette saison l’a d’ores et déjà fait entrer dans l’histoire du club. Reste à savoir à quelle place, désormais.
Un ailier devenu buteur
Depuis sa création en 1950, l’Olympique lyonnais peut se targuer d’avoir compté dans ses rangs toute une flopée de grands attaquants. De Fleury Di Nallo à Karim Benzema en passant par Sonny Anderson ou Bernard Lacombe, l’attaque lyonnaise a souvent eu une belle gueule. Aujourd’hui, Lacazette fait donc honneur à cette longue lignée de buteurs, en portant sur ses épaules le succès insolent de son club de toujours. Pourtant, rien ne laissait présager une telle réussite à ce poste pour le n°10 lyonnais. Il faut savoir qu’à ses débuts, il est très loin de démontrer des capacités hors normes de buteur. En même temps, à cette époque, Claude Puel a fait de lui le remplaçant de Jimmy Briand, c’est donc côté droit que le jeune Lyonnais doit faire ses preuves.
Depuis, les choses ont bien changé et Lacaz’ a su perfectionner son instinct de buteur au cours de ces quatre dernières années, au point d’être définitivement repositionné dans l’axe. La vraie naissance du Lacazette buteur a eu lieu l’année dernière, lors de la saison 2013-2014. C’est durant cette saison-là que le Lyonnais a prouvé qu’il avait acquis un véritable sens du but. D’ailleurs, au terme de cet exercice, c’est lui qui termine meilleur buteur du club avec quinze réalisations. Son meilleur total, bien entendu, pour celui qui n’avait jamais dépassé la barre des cinq buts depuis ses débuts en pro, en 2010. Avec ces quinze pions, Lacazette prouve enfin qu’il a les épaules pour être le leader d’attaque du club. Gomis peut s’en aller à Swansea, il est définitivement prêt à prendre ses responsabilités. La suite, tout le monde la connaît.
Un titre pour entrer dans l’histoire
Si Lacazette impressionne, il doit encore prouver, inscrire ses magnifiques performances dans la durée et dans l’utilité. En gros, continuer à marquer et faire en sorte que ses buts permettent à son club de gagner des trophées. Car c’est à ça qu’on juge un grand attaquant : sa régularité et son apport dans le triomphe de son équipe. Fleury Di Nallo, par exemple, le petit prince de Gerland, est un homme qui a fini six fois meilleur buteur du club entre 1961 et 1971. Bernard Lacombe a également enfilé ce costume à cinq reprises, entre 1971 et 1978, terminant trois fois avec un total supérieur à vingt buts. Une putain de régularité. D’autres ont su tenir le rythme sur le long terme : Flo Maurice, Alain Caveglia et Sonny Anderson ont tous su enchaîner trois saisons en terminant meilleur buteur du club, avec deux totaux au-dessus des vingt buts pour le Brésilien. En plus de cette régularité, la plupart de ces joueurs sont arrivés à se montrer décisifs dans l’obtention du titre.
Di Nallo, par exemple, est l’un des principaux artisans des deux premiers trophées de l’OL, à savoir deux Coupes de France en 1964 et 1967. Bernard Lacombe, lui, était le leader de l’équipe qui a soulevé ce même trophée en 1973. De son côté, Sonny Anderson est l’homme qui a contribué à construire le grand Lyon. Star de l’équipe au début des années 2000, c’est lui qui a permis à l’OL de rafler une Coupe de la Ligue et les deux premiers titres de champion. Quant à Karim Benzema, il a tout éclaté lors de la saison 2007-2008, terminant meilleur buteur du championnat, meilleur joueur du championnat et soulevant l’Hexagoal. Costaud, quoi. Évidemment, quoi qu’il advienne, Lacazette a déjà inscrit son blase au panthéon du club, mais pour que son portrait soit en haut de l’étagère, il lui manque au moins une chose : un titre. Entre la Coupe de France et le championnat, inutile de préciser lequel aurait le plus d’impact. Si en plus de ça, il reste au club et confirme toute la folie de son potentiel, alors Di Nallo, Anderson et Lacombe seront bien obligés de lui faire une place au sommet des idoles du club. Une place qu’il mériterait, à n’en point douter.
Par Gaspard Manet